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Affaire Gaon: l’expert sera finalement jugé

Nessim Gaon, un homme pugnace. Keystone Archive

En janvier dernier, le procureur général de Genève classait les poursuites contre l'expert qui avait tenté de piéger Nessim Gaon en 1994. La Chambre d'accusation annule le classement du dossier. Il y aura bien un procès, un jour.

Si les histoires les meilleures sont forcément les plus courtes, l’affaire de l’expert genevois chargé d’enquêter sur l’ancien milliardaire Nessim Gaon ne joue pas dans cette catégorie.

Le dossier traîne depuis plus de six ans, empoisonnant le climat judiciaire de la Cité de Calvin. Un expert, désigné par la justice, a-t-il tenté d’extorquer 2 millions de francs au propriétaire du Noga Hilton?

En 1994, le procureur Laurent Kasper-Ansermet nourrit les plus grands doutes sur la situation financière de Nessim Gaon. Il demande alors à un personnage haut en couleur, P.C. d’enquêter sur l’ancien milliardaire. Son groupe est confronté à la mauvaise volonté de la Fédération de Russie qui refuse de lui verser plusieurs millions de dollars.

Seulement voilà, P.C., aidé d’un complice, tente de faire chanter Nessim Gaon. Il lui réclame 2 millions de francs en échange de la «désinformation» du dossier. Le patron du Noga Hilton, qui n’est pas né de la dernière pluie, enregistre la conversation. En 1997, soit trois ans après les faits, PC, ainsi que son complice, vont se retrouver plusieurs semaines en prison.

S’agit-il d’un traquenard visant à pousser Nessim Gaon à la faute ou d’une véritable tentative d’extorsion de fonds? De plus, P.C., appuyé par un ancien journaliste, P.A., affirme que Laurent Kasper-Ansermet, aujourd’hui juge d’instruction, était dans la combine. Ce que le magistrat a toujours nié avec la plus ferme énergie.

En janvier 2000, Bernard Bertossa, procureur général, classait les poursuites contre l’expert, en considérant que cette tentative de chantage n’était finalement qu’un piège non punissable. C’était compter sans la pugnacité de Nessim Gaon et de ses deux avocats, deux ténors du barreau genevois, Marc Bonnant et Michel Halpérin.

«Est-ce l’effet d’une clémence de fin de règne ou d’une grâce présidentielle de la 25e heure?», protestait Marc Bonnant, en faisant allusion à l’amnistie dont venait de bénéficier Marc Rich de la part de Bill Clinton. Il a apparemment été entendu par la Chambre d’accusation de Genève. P.C et son complice devront être jugés pour «délit manqué d’extorsion». A quand le prochain épisode?

Ian Hamel

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