Des perspectives suisses en 10 langues

Alain Berset, ou l’ambition calme de brûler les étapes

Des roses bien sûr pour le nouvel élu, et la bise de sa collègue Ursula Wyss, cheffe du groupe parlementaire socialiste. Reuters

Depuis son élection au Conseil des Etats en 2003, Alain Berset a fait de la politique son métier à plein temps. La politique lui en a été reconnaissante en faisant de lui, à 39 ans, un des plus jeunes conseillers fédéraux de Suisse et le quatrième conseiller fédéral fribourgeois de l'histoire.

Certains le disent pressé et ambitieux. Son apparence véhicule d’autres messages: posé, le verbe ferme et aisé, toujours élégant, ayant adopté l’uniforme du notable, costume sombre et chemise blanche, Alain Berset n’a jamais l’air stressé, toujours affable.

Alors comme dirait le poète, aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années? Pourquoi pas. Brûler les étapes n’est en tous les cas pas une nouveauté pour ce surdoué de la politique.

Chouchou des urnes

Agé d’à peine 31 ans, il fait une entrée fracassante aux Etats (Chambre haute du parlement) en 2003, éjectant le Radical Jean-Claude Cornu, après avoir défait une valeur sûre du PS fribourgeois. Quatre ans plus tard, il est réélu dans un fauteuil. En 2009, il a été un des plus jeunes sénateurs à présider la Chambre haute.

Le 23 octobre dernier, il se paie le luxe, non seulement d’être élu au premier tour de l’élection au Conseil des Etats, mais en outre de faire plus de voix qu’Urs Schwaller (PDC), alors que la gauche est minoritaire dans le canton de Fribourg. C’est dire le soutien populaire dont il jouit dans son canton.

La voix économique du PS

A Berne, il s’est très vite imposé comme poids lourd dans son groupe et comme Romand écouté aux Etats. Sa connaissance des dossiers économiques en a fait un orateur incontournable depuis que la crise financière a éclaté, démontrant au passage que le PS peut avoir un discours rigoureux et technique sur la question.

En outre, il ne collectionne pas les mandats. Il a quelques activités associatives: il préside par exemple la fondation fribourgeoise dédiée aux personnes handicapées «Les Buissonnets», ainsi que la branche romande de l’Association suisse des locataires (Asloca).

Comme son ami Christian Levrat, il se révèle à l’Assemblée constituante fribourgeoise dont il est membre de 2000 à 2004 et où il préside le groupe socialiste. Il est conseiller général dans son village de Belfaux de 2001 à 2003.

Homme de dossiers, mais pas seulement

La connaissance des dossiers, l’étude, l’approfondissement des sujets, sont chez lui une constante. Licencié en sciences politiques, docteur en sciences économiques, Alain Berset a travaillé comme chercheur de 1996 à 2000 pour le compte du Fonds national pour la recherche et de l’Institut de recherches économiques et régionales de l’Université de Neuchâtel (IRER).

En 2001, il a poursuivi ses recherches à Hambourg, au HWWA, un des trois plus grands instituts de recherche économique allemands. De 2002 à 2004, il est conseiller du directeur neuchâtelois de l’économie publique Bernard Soguel.

Mais cela n’en fait pas encore un rat de bibliothèque. Les coups politiques, il connaît. Son rôle dans la non-réélection de Christoph Blocher n’est pas un secret.

Virus familial

Mais après tout n’a-t-il pas le virus de la politique dans le sang. Il a de qui tenir. Députée au Grand Conseil (parlement cantonal), sa mère, Solange Berset, a présidé le PS fribourgeois de 2002 à 2008. Son grand-père maternel François Angéloz – également socialiste – a été député et maire.

Alain Berset a réussi tout ce qu’il a entrepris, mais d’aucuns

trouvent une faille à son palmarès: il n’a jamais siégé dans un

exécutif. Il a désormais tout le temps d’apprendre.

Excellent pianiste de jazz à ses heures, Alain Berset habite toujours la maison familiale à Belfaux. Il est marié et père de trois enfants.

swissinfo.ch, Micheline Haegeli, ats

Il faudra encore patienter jusqu’à vendredi pour connaître le ministère dont héritera Alain Berset. Le nouvel élu pourrait bien reprendre les Affaires étrangères des mains de Micheline Calmy-Rey. Mais certains prêtent à Didier Burkhalter des vues sur ce ministère.

A 39 ans et huit mois, Alain Berset compte parmi les plus jeunes conseillers fédéraux de l’Histoire. Depuis 1945, seule Ruth Metzler a fait mieux: elle avait 34 ans lors de son élection en 1999.

La médaille historique revient à Numa Droz (31 ans en 1875). Au XIXe siècle, il n’était pas rare de voir un trentenaire accéder au Conseil fédéral.

L’arrivée d’Alain Berset à la place de Micheline Calmy-Rey (66 ans), fait en outre baisser la moyenne d’âge du gouvernement: elle passe de 56 ans et 5 mois à 54 ans et 7 mois.

Le nouvel élu peut compter sur un salaire brut de plus de 440’000 francs par an et divers avantages dont une indemnité de représentation de 30’000 francs.

Alain Berset aura par ailleurs droit à deux voitures de fonction, dont l’une avec chauffeur. Le second véhicule pourra également être utilisé par sa femme. Ces voitures peuvent être changées tous les quatre ans ou dès qu’elles cumulent 100’000 km.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision