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Année faste pour la gestion de fortune

Avec 3 600 milliards de francs sous gestion, les banques suisses ont connu une excellente année dans la gestion de patrimoine. Genève se positionne comme la plus grande place financière mondiale dans ce secteur. Mais l´avenir n´est pas forcément rose.

Tout va très bien, mais soyons attentifs aux défis qu’ils nous faudra affronter ces prochaines années. Voilà en substance le message de Jacques Rossier. «Depuis 1995, note le président de la Fondation Genève Place Financière, le domaine de la gestion de fortune enregistre une croissance considérable, l’année en cours suit cette tendance positive et sera encore meilleure que 1999». Pour les banques, la gestion de patrimoine fait office de vache à lait, parmi toutes leurs activités, c’est le secteur le plus profitable.

Actuellement, la Suisse gère environ 3 600 milliards de francs, dont 2 000 milliards pour des clients étrangers. Le canton de Genève se taille la part du lion puisqu’il gère 1 100 milliards, ce qui fait de la cité de Calvin le leader mondial de la gestion de fortune privée. Résultat, l’emploi explose. Cette année, les banques genevoises ont créé près de 1 100 postes de travail supplémentaires.

Mais la place financière helvétique aurait tort de se reposer sur ses lauriers. Elle doit relever plusieurs défis de taille, notamment au niveau de la fiscalité. Le droit de timbre qui frappe le négoce des titres à la Bourse suisse favorise la fuite des transactions à l’étranger. La gestion institutionnelle s’est ainsi déplacée vers Londres pour échapper à cette taxe.

«Le droit de timbre est nuisible à notre place financière et de nouvelles activités pourraient quitter la Suisse», estime Michel Dérobert, délégué du Groupement des banquiers privés genevois. Une fuite qui pourrait s’accélérer avec les diverses fusions en cours de plusieurs bourses européennes. Conscient du problème, le Conseil fédéral est en train de réviser cette loi. Mais il ne sera pas facile de renoncer aux 2,1 milliards de francs que cette taxe rapporte aux caisses fédérales.

Autre enjeu, l’harmonisation de la fiscalité de l’épargne au sein de l’Union européenne. Les banques suisses sont prêtes à discuter d’une retenue à la source sur les revenus perçus sous forme d’intérêts par des personnes physiques. En revanche, elles refusent de donner des informations sur les comptes de leur client. Pas question d’instaurer une entraide fiscale. Ici, c’est le fameux secret bancaire qui est en jeu.

Enfin, il s’agit d’éviter l’argent sale pour ne pas ternir l’image du pays. «Nos banques n’ont pas besoins des fonds illicites pour se développer», précise Jacques Rossier. Qui déplore que l’on critique uniquement la Suisse alors que les Etats-Unis ou Londres ne coopèrent pas du tout avec les juges lors des enquêtes pour blanchiment.

Luigino Canal

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