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AOM, Air Liberté: Suisses et Français se renvoient la balle

Ernest-Antoine Seillière, patron des patrons français. Keystone Archive

Qui enterrera le deuxième pôle aérien français criblé de dettes et constitué d'AOM, Air Liberté et Air Littoral? Certains pointent du doigt SAirGroup, actionnaire de ses trois filiales à hauteur de 49,6%. D'autres songent à Ernest-Antoine Seillière, le patron des patrons français.

C’est que Ernest-Antoine Seillière avait misé gros dans la stratégie helvétique de reprise des trois compagnies. Dès son entrée à hauteur de 50% dans le capital d’AOM-Air Liberté, il avait pris quelques précautions au cas où l’aventure tournerait au vinaigre.

Se présentant simplement comme l’associé financier de SAirGroup, abandonnant de facto la direction opérationnelle d’AOM, Air Littoral et Air Liberté aux gens de Zurich, l’homme d’affaires avait réalisé son investissement grâce à une savante construction: la CGIP-Marine-Wendel, société de gestion de fonds logée dans une holding néerlandaise, Taitbout Antibes BV.

Grâce à ce dispositif juridico-financier dont la transparence n’est pas la vertu cardinale, le patron des patrons français est toujours parvenu à minimiser son rôle dans les déboires que connaît le deuxième pôle aérien de l’Hexagone.

Mardi, Ernest-Antoine Seillière précisait que son groupe n’avait pas participé à l’augmentation de capital de 500 millions de francs suisses levés par SAirGroup en décembre 2000.

Selon Seillière, c’est la Banca Commerciale Italiana qui s’est substituée à Marine-Wendel, mettant sur la table une enveloppe de 250 millions de francs. Mais en apportant sa contribution au plan de redressement d’AOM, Air Littoral et Air Liberté, la banque italienne est également entrée dans le capital de Taitbout Antibes BV.

Bref, le patron des patrons peut difficilement dire – comme il l’a fait mercredi dans le quotidien français le Figaro – que la responsabilité de Marine-Wendel est «extraordinairement limitée» dans la situation catastrophique dans laquelle se trouvent aujourd’hui les trois filiales françaises de SAirGroup.

Que cachent en réalité les manœuvres et le discours du patron des patrons? De toute évidence, Suisses et Français se renvoient la patate chaude à propos de l’avenir des trois compagnies. Et Ernest-Antoine Seillière a très envie de faire valoir son «put-option», à savoir la possibilité de revendre sa participation à SAirGroup pour un montant de 400 millions de francs.

Il faut dire que depuis la démission de Paul Reutlinger et son remplacement par Marc Rochet à la tête des filiales françaises de Swissair, la situation n’a pas cessé de se dégrader pour les trois compagnies. Marc Rochet estime qu’AOM, Air Liberté et Air Littoral perdent plus de 70 000 francs par heure qui passe!

Les syndicats verraient d’un bon oeil une reprise des trois canards boiteux par Air France. Mais le numéro un français a fait savoir «qu’il n’a pas pour vocation à jouer les ambulances de ses concurrents». Un rôle que devra vraisemblablement tenir SAirGroup.

Dans une déclaration très ferme, le ministre français des Transports, le communiste Jean-Claude Gayssot, a demandé aux actionnaires «d’assumer leur totale responsabilité».

Jacques Allaman, Paris

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