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Apartheid, la nouvelle croisade d’Ed Fagan

Ed Fagan a rendu public ses intentions lundi à Zurich. Keystone

L'avocat américain dépose lundi à New York une plainte collective notamment contre l'UBS et le CSG. Satisfaction, à Soweto, parmi les proches des victimes.

Ed Fagan n’a pas seulement dans son collimateur l’UBS et le Crédit Suisse Group (CSG). Lundi matin à Zurich, il n’a en effet pas exclu la possibilité de s’en prendre à d’autres sociétés suisses et occidentales.

Dans les mois qui viennent, Ed Fagan veut également attaquer en justice des banques et des entreprises allemandes, françaises et anglaises ou autres, telles que Citicorp.

Selon l’avocat américain, si le régime de l’apartheid a pu se maintenir aussi longtemps au pouvoir en Afrique du sud, c’est la faute aux banques. Qui ont donc indirectement soutenu les crimes perpétrés contre la population noire pendant des dizaines d’années.

Des milliards de dédommagement

Cinq victimes ou parents de victimes de l’apartheid figurent actuellement sur la liste des plaignants. Et de nombreux autres se seraient déjà manifestés. Un centre d’appel a d’ailleurs été ouvert dimanche en Afrique du Sud.

Concernant le montant du dédommagement réclamé à la Suisse, l’avocat new yorkais précise qu’une somme de 80 milliards de francs n’est «pas inexacte». Et qu’elleest même peut-être un peu trop basse.

Les avocats sud-africains qui soutiennent Ed Fagan ont tenu une conférence de presse lundi matin à Soweto. A cet effet, ils avaient choisi symboliquement le site du mémorial dressé en l’honneur d’Hector Petersen, la première victime du soulèvement de 1976.

La sœur d’Hector Petersen réclame justice

L’occasion pour la sœur d’Hector Petersen de prendre la parole. «Je m’appelle Lulu, dit-elle. Si je suis là, c’est pour demander justice. Nous voulons des compensations des banques et des sociétés internationales qui ont fait leur profit sur notre dos.»

Lulu Petersen s’exprime en tant que porte-parole des familles sud-africaines qui réclament des compensations. «Nous portons plainte pour enrichissement injuste», explique Daniel Heeb, un consultant suisse basé à Zurich, qui représente le cabinet Fagan en Europe.

Même si elles n’ont pas violé la loi, souligne encore Daniel Heeb, «les banques suisses ont permis au régime d’apartheid de se maintenir pendant les années 80, en échelonnant la dette sud-africaine et en accordant des prêts».

En Afrique du sud, un groupe d’avocats, d’historiens et de religieux a été créé pour coordonner l’action judiciaire. «On ne peut parler de réconciliation, sans réparation», explique le juge Dumisa Ntsebeza, ex-chef de l’unité d’enquête de la commission vérité et réconciliation (TRC).

Or, ajoute-t-il, à ce jour, «les victimes du régime d’apartheid n’ont obtenu aucun dédommagement».

«La procédure judiciaire pourrait durer cinq ans, estime Diane Sammons, une juriste américaine qui représente les avocats sud-africains. Nous ne voulons pas des chèques pour chaque victime, mais un Fonds collectif de réparation.»

Et de poursuivre: «En ce moment, nous ne pouvons pas donner de chiffres, car il nous faut d’abord avoir accès aux comptes des banques suisses, afin d’évaluer les profits injustes qu’elles ont faits».

swissinfo/Valérie Hirsch à Johannesburg

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