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Apollo 11, un voyage vers la Lune mais aussi vers le Soleil

Edwin 'Buzz' Aldrin à sa descente du module lunaire avec la voile solaire développée à l'Université de Berne (archives). KEYSTONE/AP NASA sda-ats

(Keystone-ATS) Avant le drapeau américain, un drapeau “suisse” a flotté sur la Lune le 21 juillet 1969: la “voile solaire” développée par l’Université de Berne, qui visait à ramener des particules de vent solaire. Le voyage sur la Lune a aussi permis de mieux connaître le Soleil.

Le temps était compté sur la surface de la Lune. A peine Edwin “Buzz” Aldrin avait-il débarqué du module lunaire “Eagle” qu’il a déroulé et planté dans le sol le Solarwind Composition Experiment, imaginé par le Pr Johannes Geiss à l’Institut de physique de l’Université de Berne.

Ce n’est qu’ensuite, quatre minutes plus tard, que l’astronaute a déployé le drapeau américain en compagnie de Neil Armstrong.

Le capteur de particules de vents solaires, une feuille d’aluminium ayant subi différents traitements, était la seule expérience non américaine embarquée sur Apollo 11. Une idée toute simple qui a convaincu la NASA également grâce au faible poids du dispositif.

La feuille a recueilli des particules durant 77 minutes. Pour la première fois, des authentiques matériaux solaires ont été ramenés sur Terre et analysés dans des laboratoires à Zurich et Berne.

Impossible depuis la Terre

Il est en effet impossible d’étudier le vent solaire depuis la Terre, le champ magnétique repoussant les particules. “La mission lunaire de la NASA était une bonne occasion de capter le vent solaire en dehors du champ magnétique terrestre et ainsi d’avoir un échantillon de Soleil”, a expliqué à Keystone-ATS Peter Wurz, de l’Université de Berne.

Les chercheurs étaient particulièrement intéressés par les gaz nobles: “Comme ils sont extrêmement stables chimiquement, ils donnent des informations sur les débuts du système solaire”, précise le Pr Wurz.

Pour ce qui est de la Lune proprement dite, les différentes missions Apollo ont ramené plus de 300 kilos de roches et de poussières en provenance de notre satellite. L’Université de Berne, experte en datation et analyse de météorites par spectrométrie de masse était une des rares institutions en Europe à participer depuis le début à ces recherches.

En quarantaine

Le matériel était d’abord placé en quarantaine, se souvient Otto Eugster, longtemps responsable de la coordination avec la NASA. “On ne savait pas si les roches lunaires contenaient des éléments dangereux, par exemple des bactéries qui auraient pu infecter la Terre”, dit-il.

“On en donnait à manger à des souris, elles aimaient même ça et n’avaient pas de problème”, raconte le physicien. D’autres analyses ont rapidement montré qu’il n’y avait pas trace de vie sur la Lune.

Aucun nouvel élément n’a été trouvé, mais des minéraux alors inconnus. L’un d’eux a été baptisé armalcolite, contraction des noms des trois astronautes Armstrong, Aldrin et Collins.

A nouveau dans le viseur

Depuis quelques années, la Lune est à nouveau dans le viseur des agences spatiales, américaine et chinoise notamment. Selon le Pr Eugster, cela pourrait notamment tenir à l’hélium-3, un isotope 300 fois plus présent sur la Lune que sur Terre et qui pourrait être exploité comme source d’énergie.

La Lune pourrait en outre se transformer en étape intermédiaire pour de futures missions vers Mars, ajoute le spécialiste. Vu son faible champ gravitationnel, cela demanderait beaucoup moins d’énergie que de partir de la Terre. On pourrait également installer sur la face cachée de la Lune des télescopes qui ne seraient pas perturbés par les ondes radio terrestres.

De manière générale, il y a encore beaucoup à découvrir sur la Lune. Les missions Apollo ont toutes aluni autour de l’équateur et sur la face orientée vers la Terre. Même en incluant les sondes, on estime que seul un vingtième de la surface de la Lune a été directement étudié.

Berne toujours de la partie

L’Université de Berne sera de la partie lors de futures missions d’exploration lunaire, notamment celle prévue pour 2024 par l’agence russe Roscosmos, indique encore le Pr Wurz. Une participation à la mission chinoise “Chang’e 6”, aussi en 2024, est en discussion.

La même année, la Nasa envisage d’envoyer à nouveau des humains sur la Lune, notamment la première femme, et, là aussi, l’alma mater bernoise est sur les rangs. “Mais nous n’en sommes qu’au début des discussions”, conclut Peter Wurz.

https://www.youtube.com/watch?v=L9Go_j_i6o8

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