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Les ambitions nouvelles du pionnier de l’aviation électrique suisse

Conçu par une start-up allemande, le "Volocopter" électrique devrait être mis sur le marché prochainement Keystone

Voici venir le temps des petits avions électriques à décollage vertical, un marché dans lequel se lancent des anciens du projet Solar Impluse, dont le pilote André Borschberg. Leur start-up H55 fait partie des dizaines d’entreprises dans le monde qui veulent que l'aviation électrique deviennent réalité.

Neuf mois après avoir fait le tour du monde en avion solaire avec Bertrand Piccard, André Borschberg s’est donné une nouvelle mission. «Je suis convaincu que nous sommes à un tournant dans le monde de l’aviation», dit-il à swissinfo.ch, enthousiaste.

Avec le pilote d’Air Zermatt Thomas Pfammatter, le parapentiste Dominique Steffen, l’ancien responsable du marketing du projet Solar Impulse Gregory Blatt et Sébastien Demont, ancien ingénieur électrique de Solar Impulse, André Borschberg, co-fondateur de Solar ImpulseLien externe a fondé la société H55Lien externe, une spin off de Solar Impulse, spécialisée dans la propulsion électrique.

L’équipe teste actuellement depuis l’aéroport de SionLien externe en Valais un prototype d’avion acrobatique propulsé à l’électricité. Nom de code aEro1.

Contenu externe

Pour autant, la start-up n’a pas pour ambition de construire des avions. Elle se concentre plutôt sur la gestion de l’énergie et à l’interface entre le pilote et le système de contrôle. La Haute Ecole spécialiséeLien externe du Valais est aussi partie prenante de l’aventure, tout comme l’EPFLLien externe.

«Nous sommes maintenant au stade où nous voyons de nouvelles technologies changer le monde de l’aviation. C’est extrêmement excitant, s’enthousiasme André Borschberg. Les moteurs électriques sont très efficaces, de plus en plus légers et beaucoup moins coûteux que les moteurs à combustion traditionnels. Et tout cela avec moins de bruit et une empreinte environnementale très réduite.»

À l’avenir, les avions électriques devraient être en mesure de décoller verticalement avec peu de bruit et sans forcément dépendre des grands aéroports, explique-t-il.

De la NASA à Uber

Les avions électriques ont longtemps peuplé l’imaginaire. Mais les progrès récents, en particulier dans les batteries et la propulsion électrique, ont ouvert la porte à leur réalisation. En témoignent la société H55 et les dizaines d’autres entreprises à travers le monde, y compris des acteurs majeurs tels que Rolls Royce et les nouveaux arrivants comme Uber, qui se lancent dans la conception d’avions électriques.

L’année dernière, le PDG de Rolls Royce, Warren East, a déclaré au Daily Telegraph qu’il y avait une course pour remplacer les moteurs à réaction par des engins à propulsion électrique: «Nous devons être prêts d’ici 2020 parce que les gens parlent d’une entrée en service d’ici 2030.»

En 2014, Airbus a dévoilé le prototype E-Fan, un avion électrique à deux places. Même si ce projet a pris fin, l’avionneur européen s’est lancé dans un projet d’avion hybride qui pourrait voler d’ici trois ans. Boeing, JetBlue Airways et la NASA investissent également fortement dans les jets hybrides électriques.

André Borschberg partage cette vision: «Je suis sûr que dans les dix prochaines années, nous verrons des avions électriques transportant 50 passagers sur des vols de courte ou moyenne distance», a-t-il déclaré l’année dernière à l’issue du tour du monde de Solar Impulse.

Et ça n’est pas tout. En avril, la société Uber a surpris son monde avec un concept de taxis volant électrique à décollage vertical.

Un type d’engin que la start-up valaisanne veut aussi mettre au point et dont AEro1 constitue la première étape.

Procéder par étape

Contrairement à Solar Impulse, Aero1 n’a pas de panneaux solaires et ressemble à un avion de voltige standard monoplace.

«C’est très amusant et facile de voler avec cet avion. Vous ne devez pas vérifier régulièrement le niveau du carburant, par exemple. Il suffit d’allumer l’interrupteur principal et le moteur tourne immédiatement. Vous n’avez pas besoin d’attendre. Vous arrivez sur la piste et vous pouvez décoller», raconte André Borschberg.

Alors que Solar Impulse pouvait rester en l’air pendant des jours – André Borschberg détient le record pour le vol en solo, soit 117 heures et 52 minutes – aEro1 a une autonomie d’une heure seulement. Les batteries peuvent devenir plus légères et plus efficaces, mais leurs capacités limitées restent un frein à tout développement.

Mais André Borschberg et son équipe peuvent tirer beaucoup de leur expérience avec Solar Impulse dans la construction, le vol et la certification d’un avion futuriste doté de nouvelles technologies: «Avec Solar Impulse, nous avons dû certifier un avion capable de survoler les grandes villes. Le prototype a satisfait aux procédures d’analyse de la sécurité du système afin de s’assurer que rien ne pouvait entraîner une catastrophe.»

La start-up a de grands objectifs, mais entend procéder par étapes, en commençant par l’aérodynamique et la mise au point du système de propulsion électrique. Après avoir mis au point l’aEro1, la société a l’intention de travailler sur un système de propulsion électrique pour un avion à deux places qui devrait être prêt l’année prochaine, pour passer ensuite à des avions encore plus grands.

Traduit de l’anglais par Frédéric Burnand

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