Les francs-maçons suisses entrouvrent leur porte

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A Lucerne, l’histoire de la loge «Fiat Lux» débute vers 1850. Elle est abritée depuis 1908 dans un bâtiment de quatre étages. Au rez-de-chaussée, une porte à deux battants à vitres nervurées donne accès au foyer. Michael Peuckert

A Lucerne, la vaste salle de conférences de la loge «Fiat Lux» est décorée dans le style Art déco, avec portes et fenêtres en plein cintre et un plafond à caissons. xx

A Berne, la loge «Zur Hoffnung» a été constituée en 1803. Depuis 1960, elle occupe un immeuble de la Vieille Ville et est aménagée dans un style fonctionnel avec des sièges revêtus de tissu synthétique bleu. Michael Peuckert

Pommeau d'une canne de maître de cérémonie, 1898, en étain, bronze, émail et pierreries, propriété de la loge «Les Vrais Frères Unis», fondée en 1774 au Locle, dans le canton de Neuchâtel. xx

A Aarau, la loge «Zur Brudertreue» (dont l'origine remonte à 1810-1811) occupe aujourd'hui les deux sous-sols d'un immeuble en béton de cinq étages construit en 1974, le «Wielandhaus». Michael Peuckert

La loge «Zur Brudertreue» d’Aarau est installée dans un immeuble de cinq étages. Typique des années 1970, la cage d’escalier est en béton brut. Michael Peuckert

A Genève, la franc-maçonnerie fut introduite en 1736 par un cercle de Britanniques. Le temple de la loge «L’Union des Cœurs» a été aménagé en 1928 dans les combles d’un hôtel particulier. Renaud Sterchi

A Zurich, l’origine de la franc-maçonnerie remonte à 1740. La loge actuelle «Modestia cum Libertate» est installée dans un bâtiment inauguré en 1854 et doté d’une façade néo-gothique. Michael Peuckert

Aménagé en sous-sol, le temple de la loge «Modestia cum Libertate» de Zurich offre un plafond voûté, constellé d'étoiles dorées sur fond bleu. Michael Peuckert

A La Chaux-de-Fonds, la loge «L’Amitié» a été instituée en 1819 et se trouve depuis 1845 dans un bâtiment néo-classique. Le décor du temple est d’une grande richesse, une véritable mise en scène théâtrale. Renaud Sterchi

Le temple de la loge «L'Amitié» de La Chaux-de-Fonds est décoré de quatre statues de style antiquisant sur piédestal en trompe l’œil représentant des figures allégoriques. Ici, un Egyptien tenant une branche d'acacia. xx

Reconnue en 1821, la loge «Akazia» de Winterthour occupe un bâtiment construit en 1904, dont l’architecture mélange des éléments de l’art roman et des composantes Art nouveau. L'entrée est bien visible de la rue et la façade décorée de symboles maçonniques. Michael Peuckert

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«Loges maçonniques de Suisse, architecture et décors» est le premier recueil photographique à faire pénétrer les non-initiés dans 24 loges du pays, y compris dans le secret de leur temple.

Publié fin 2014 dans la collection Pages Blanches de la Société d’histoire de l’art en Suisse (SHAS), «Loges maçonniques de Suisse, architecture et décors», fidèle à son titre, s’intéresse exclusivement à l’architecture et aux décors. Les photos de Renaud Sterchi et de Michael Peuckert ne trahissent aucune présence humaine. Les teintes souvent bleues et or, les plafonds étoilés, les sièges disposés longitudinalement, les pupitres-autels des maîtres, les colonnes, les symboles, objets et œuvres d’art du décor parfois chargé ne révèlent rien des rituels.

Rédigé par Catherine Courtiau pour les ateliers romands et tessinois et par Michael Leuenberger pour les alémaniques, ce livre bilingue français-allemand présente 24 des 80 loges sous l’obédience de la Grande Loge Suisse Alpina, strictement masculine. «Créée en 1844, celle-ci intégra des corps de métiers non liés à l’architecture, succédant à la franc-maçonnerie des bâtisseurs de cathédrales, qui arriva en Suisse dès 1736 (Genève). Très souvent persécutée, cette corporation se protégea longtemps par le secret, et aujourd’hui plutôt par la discrétion», explique l’historienne de l’art Catherine Courtiau.

«J’ai été extrêmement bien accueillie et, contrairement à toute attente, les francs-maçons se sont montrés très soucieux de manifester leur désir d’ouverture», commente cette dernière.

Les diverses loges présentées sont installées dans des bâtiments anciens ou très récents, selon leur histoire. L’intérieur est subdivisé en espaces spécifiques: la salle humide avec le bar qui précède la salle des banquets, des fêtes ou de conférences, le porche qui précède le temple, et enfin le cabinet de réflexion. Les composantes de ces deux derniers, réservés aux initiés, sont codifiées, mais avec des variations. «Il n’y a pas vraiment de ‘style maçonnique’, mais des aménagements selon les goûts et les moyens financiers de la loge», explique Catherine Courtiau.

L’ouvrage contient une bibliographie sélective et deux glossaires distincts, l’un en français, l’autre en allemand, permettant de mieux comprendre les symboles maçonniques.

(Photos: Michael Peuckert et Renaud Sterchi; texte: Isabelle Eichenberger, swissinfo.ch)

«Loges maçonniques de Suisse, architecture et décors»Lien externe