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Armée 95 cède le pas à Armée XXI

La fête a réuni plusieurs milliers d'invités mardi soir à Berne. Keystone

Dès le 1er janvier 2004, la Suisse remplace son Armée 95 par Armée XXI, des forces armées réduites et formées pour la coopération internationale.

Mardi soir, à l’invitation du ministre de la Défense Samuel Schmid, des milliers d’invités ont fêté en grande pompe l’adieu à l’armée d’hier.

Exit Armée 95, place à Armée XXI: le ministre de la Défense Samuel Schmid a donné le coup d’envoi à la nouvelle armée suisse mardi lors d’une cérémonie à la patinoire de Berne.

«Armée XXI est adaptée aux nouveaux défis», s’est-il réjoui. Et d’ajouter qu’elle convient à la géopolitique et aux nouveaux dangers du 21e siècle, comme l’extrémisme, le terrorisme ou la prolifération des armes de destruction massive.

Le conseiller fédéral a remis l’étendard original du général Guisan, héros de la 2e Guerre mondiale, au commandant de corps et chef de l’armée Christophe Keckeis, «son premier soldat». Un geste qui donnait le coup d’envoi à la nouvelle armée.

La cérémonie a réuni quelque 4000 militaires, 1000 invités et 5000 visiteurs. Ils ont pris congé des étendards de l’ancienne armée et ont découvert ceux de la nouvelle.

La sécurité par la coopération

«La sécurité par la coopération», telle est la maxime de la nouvelle armée, qui révolutionne la pensée et la culture militaires du pays. Après Armée 95, Armée XXI est la deuxième étape des réformes entreprises à l’issue de la guerre froide.

Acceptée par les trois quarts du peuple suisse lors du référendum du 18 mai 2003, cette réforme vise à créer une armée multifonctionnelle, de taille réduite et mobile.

En lieu et place du concept de défense massive qui a prévalu jusqu’ici, l’armée s’est dotée d’un éventail de missions en fonction des risques les plus probables.

La première est de promouvoir la paix, la deuxième est l’aide en cas de catastrophe et le soutien aux autorités civiles. La dernière mission, la défense du territoire, n’est plus prioritaire.

«Aucune armée ennemie ne nous menace actuellement. C’est pourquoi nous pouvons abaisser notre degré de préparation à la défense», a notamment déclaré Samuel Schmid.

Effectifs réduits

De quelque 800’000 hommes à l’époque d’Armée 61, ils n’étaient déjà plus que 400’000 avec Armée 95. Armée XXI ne comptera plus que 140’000 actifs (soldats de milice et 5000 militaires de carrière) et 80’000 réservistes.

Autre point central de la réforme, la formation de base sera davantage assurée par des professionnels. Demeurant une armée de milice, basée sur le service obligatoire, l’Armée XXI se compose désormais d’un Etat-major général, chapeautant les Forces terrestres et les Forces aériennes.

Dans les Forces terrestres, les corps d’armées et les divisions seront remplacées par des brigades modulables. Les formations cantonales appartiennent désormais au passé.

L’organisation de base prévoit quatre brigades d’infanterie, 3 brigades de montagne et 2 brigades blindées, une brigade logistique et une brigade de soutien à l’Etat-major.

En outre, quatre régions territoriales sont prévues dans la réforme. Leur rôle sera d’assurer un contact avec les cantons et de diriger les engagements subsidiaires de l’armée en Suisse.

Disponibilité échelonnée

Neutralité oblige, l’armée n’est liée à aucune alliance militaire. Elle devra pourtant s’impliquer davantage dans les opérations internationales de maintien de la paix. Un contingent de 1600 hommes par an est prévu à cet effet.

Son signe distinctif est la «disponibilité échelonnée», permettant d’engager les militaires de carrière et professionnels en tout temps, comme les militaires en service long.

En cas de besoin, les écoles de recrue et les soldats, en cours de répétition ou non, sont sollicités. Le cas échéant, la réserve peut aussi être activée.

Autres nouveautés

Quatre éléments de la réforme ont déjà été introduits avant l’échéance de 2004: le service militaire d’une seule traite (service long), le service régi par le droit public (soldats «contractuels»), l’engagement de davantage de professionnels et la libération anticipée du service.

Le «chef de l’armée», qui aura le grade de commandant de corps, sera investi de la responsabilité envers les autorités politiques. Le chef de l’Etat-major et les chefs des Forces terrestres et aériennes lui seront subordonnés.

Les femmes continueront à servir sur une base volontaire, mais elles pourront désormais faire partie des troupes de combat.

Cacophonie autour de la fête

Les invités à la fête de mardi ont été accueillis devant la patinoire «BernArena» par une centaine de pacifistes qui leur ont joué une sérénade cacophonique.

Les organisateurs n’ayant pas lésiné sur la sécurité, des policiers pratiquement aussi nombreux que les manifestants ont procédé à des contrôles d’identité.

Le Groupement pour une Suisse sans armée (GssA), la coordination anti-OMC et d’autres organisations antimilitaristes avaient appelé à cette manifestation pacifique mais non autorisée.

swissinfo et les agences

L’armée suisse comptait 800’000 hommes du temps de la guerre froide.
Avec la réforme Armée 95, ils n’étaient déjà plus que 400’000.
L’effectif d’Armée XXI est réduit à 140’000 actifs (soldats de milice et 5000 militaires de carrière), et à 80’000 réservistes.
La durée de l’école de recrues passera à 21 semaines pour deux tiers des appelés et à 18 semaines pour les autres.
Ceux qui effectuent la période la plus courte seront astreints à 7 cours de répétition au lieu de 6.
La réforme a été acceptée par les trois quarts du peuple suisse lors du référendum du 18 mai 2003.

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