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Attentat contre Hariri: la Suisse sollicitée

L'attentat de lundi à Beyrouth a accru la tension intérieure au Liban. Keystone

Le Liban demande à Berne de lui mettre à disposition des experts de police dans le cadre de l’enquête sur l’attentat contre son ex-premier ministre.

Rafik Hariri a été tué lundi à Beyrouth dans un attentat qui a fait au moins quinze morts.

Le Liban demande donc l’aide de la Suisse après l’attentat dévastateur de lundi contre son ex-premier ministre.

Le Liban sollicite l’envoi d’experts suisses, ressortissants d’un pays neutre, précise Rafic Chlala, porte-parole de la présidence de la République libanaise.

Cette demande vient directement du président libanais Emile Lahoud. Orale jusqu’ici, elle a été transmise via l’ambassadeur helvétique sur place, confirme Ivo Sieber, porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Lequel département attend des précisions écrites avant de se déterminer.

La Suisse déterminée

L’ambassadeur Thomas Litscher a d’ores et déjà assuré Emile Lahoud de la détermination de Berne «à aider Beyrouth à surmonter cette crise». Il s’est aussi entretenu avec la procureure générale libanaise Rabiha Kaddoura.

Le DFAE – qui ne précise pas si la demande a été formulée directement à l’attention du président de la Confédération Samuel Schmid – indique être en train d’examiner cette requête.

Si la Suisse accepte, l’Office fédéral de la police (fedpol.ch) participera à l’évaluation de la demande et aidera à identifier les spécialistes en fonction des besoins libanais

Les experts envisagés par le Liban existent en Suisse, aux niveaux des polices fédérale, cantonales mais aussi communales, relève Guido Balmer, porte-parole de fedpol.ch.

Pas de risques réels

L’envoi éventuel d’experts suisses au Liban ne devrait pas faire courir de risques politiques majeurs à la Suisse, selon plusieurs experts.

Un impact négatif sur les relations avec certains pays de la région ne peut pas être complètement exclu, selon le président de la commission de politique extérieure du Conseil des Etats (chambre haute), Peter Briner.

Mais cette hypothèse n’est pas un obstacle en soi. «Il y a toujours des risques, mais il faut bien trouver les raisons et les coupables» de ce crime, explique le sénateur.

Un expert de la région estime lui que l’enjeu politique n’est pas réel pour la Suisse, quel que soit le résultat des investigations. «Je ne pense de toute façon pas que l’enquête mènera directement à la piste syrienne», indique Hasni Abidi, directeur du centre d’étude et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (CERMAM), basé à Genève.

Selon Hasni Abidi toujours, malgré le contrôle du tribunal militaire libanais sur l’enquête, les experts suisses pourront agir sur place. «La Suisse n’a aucune prétention politique et son rôle sera technique», explique-t-il.

Causes inconnues

Jusqu’ici, les causes exactes de l’explosion qui a tué Rafic Harari ne sont pas connues. Les Libanais privilégient l’action d’un kamikaze.

Un groupe islamiste inconnu jusque-là a dit avoir perpétré l’attentat suicide parce qu’il soutenait le gouvernement saoudien. Au total, au moins quinze personnes ont été tuées lundi.

swissinfo et les agences

L’ancien chef de gouvernement Rafik Hariri a été tué lundi dans un attentat avec au moins 14 autres personnes.
Dès mardi, le ministre de l’Intérieur Suleiman Frangié a indiqué que son pays accepterait l’aide de l’étranger, pour autant qu’il s’agisse de celle d’un pays neutre.
Mercredi, des centaines de milliers de Libanais ont manifesté contre la Syrie pendant les obsèques de Rafik Hariri. La Syrie qui considère le Liban comme étant dans sa zone d’influence.

– Rafic Hariri (1944-2005) était au centre de la vie politique libanaise depuis ces douze dernières années, après quinze ans de guerre civile.

– Il est considéré soit comme le héros de la reconstruction économique du pays, soit comme celui qui l’a plongé dans les dettes (35 milliards de dollars environ).

– Rafic Hariri a démissionné du poste de premier ministre le 20 octobre 2004 au moment où le parlement a accepté de prolonger de trois années le mandat du président pro-syrien Emile Lahoud.

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