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Au Brésil, la pluie met Nova Friburgo à terre

La désolation règne dans la région de Nova Friburgo. Keystone

La cité brésilienne de Nova Friburgo, fondée par des colons suisses au 19e siècle, a été durement frappée par des pluies torrentielles. Le bilan donné lundi 17 janvier par les autorités locales fait état de 640 morts. En Suisse, la solidarité s’organise.

Des trombes d’eau se sont abattues dans la préfecture de Nova Friburgo durant la nuit du 11 au 12 janvier. Il s’agit de la pire catastrophe jamais vécue dans cette région montagneuse située à une centaine de kilomètres de Rio de Janeiro.

Etabli lundi, le dernier bilan des autorités fait état de 640 morts. Les zones les plus touchées sont Nova Friburgo (294 morts) et la ville voisine de Teresopolis (271). Plus de 13’000 personnes ont dû abandonner leur maison, détruites ou menacées d’effondrement. Par ailleurs, la région est confrontée à un risque d’épidémie en raison du manque d’eau potable.

Pour l’heure, le Consulat général suisse de Rio de Janeiro n’a pas connaissance de victimes de nationalité helvétique parmi les 206 (surtout binationaux) qui vivent dans la région.

Croissance désordonnée

«Il y a eu une pluie torrentielle, digne des films catastrophes d’Hollywood, raconte Alberto Abib Wermelinger, un habitant de Nova Friburgo contacté par swissinfo.ch. Elle a provoqué l’effondrement d’une des montagnes qui entourent notre quartier.»

«Le sommet s’est écroulé de telle manière qu’il est tombé un flot de boue inimaginable avec des pierres de toutes les tailles, poursuit-il. Ce flot a entraîné dans son sillage des centaines d’arbres qui ont fini par se transformer en une avalanche qui a tout balayé sur son passage.»

Mais le fait que la pluie et le glissement de terrain aient provoqué autant de victimes n’est pas uniquement imputable à la nature. Le manque de planification dans l’urbanisme est également en cause.

«Malheureusement, la majorité des villes brésiliennes ont connu une croissance rapide en matière d’habitations et de routes d’accès, explique Alberto Abib Wermelinger. Une croissance totalement désordonnée, surtout dans les zones où se concentrent les populations pauvres: sur les rives des cours d’eau, sur les pentes des collines et des montagnes. Et lorsque surviennent des perturbations météorologiques, cela se solde par des tragédies.»

Deuil national

Cette catastrophe a provoqué une vive émotion au Brésil où un deuil national de trois jours a été décrété samedi. Plusieurs pays ont également fait part de leur solidarité. Le président français Nicolas Sarkozy a par exemple exprimé son «émotion» et «la solidarité de la France».

En Suisse, la présidente de la Confédération et ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey a exprimé ses plus sincères condoléances aux proches des victimes, ainsi qu’aux autorités brésiliennes.

Plus concrètement, la Confédération a décidé d’envoyer sur place trois experts du Corps suisse d’aide humanitaire (CSA). Ils ont pour mission d’évaluer la situation et d’identifier les besoins les plus urgents. A moyen terme, la question de l’engagement de la Suisse en matière de prévention des catastrophes dans la région sera également examinée.

«Les contacts étroits que la suisse entretient aujourd’hui encore avec Nova Friburgo sont à l’origine de la décision d’engager le CSA», a expliqué le ministère des Affaires étrangères.

Aide matérielle

Au niveau des organisations non gouvernementales, Caritas Suisse a également décidé de venir en aide aux victimes des inondations en leur procurant des biens de première nécessité, notamment des vivres, de l’eau potable, des articles d’hygiène, ainsi que des habits et des couvertures.

Directement concernée, l’association Fribourg – Nova Friburgo s’est elle aussi mobilisée. «Nous lançons une action pour lever des fonds, a expliqué le président de l’association Raphael Fessler. Nous concentrons nos efforts pour sensibiliser les Suisses et les autorités des cantons de Fribourg et du Jura, qui sont nos principaux partenaire dans l’aventure de Nova Friburgo.»

«Nous sommes également en contact avec la Chaîne du bonheur à Genève, poursuit-il. Mais celle-ci nous a expliqué qu’il n’était pas possible de lancer une campagne nationale de récolte de fonds sans une demande d’aide internationale de la part des autorités brésiliennes.»

«Nous entendons d’abord récolter des fonds, puis voir ce qui est le plus urgent de réaliser. Sur place, nous avons aussi des installations qui ont été affectées par la catastrophe, comme la Maison suisse. Nous avions plusieurs projet avec Nova Friburgo, mais nous allons probablement concentrer nos efforts sur cette catastrophe en 2011 ainsi qu’au cours des années suivantes», conclut Raphael Fessler.

Décret royal. L’histoire de Nova Friburgo débute en 1818 lorsque le roi du Portugal Dom João VI autorise l’immigration de 100 familles suisses. La plupart proviennent des cantons de Fribourg et du Jura.

Voyage tragique. Sur les 2006 immigrants suisses partis en 1819, seuls 1621 sont finalement arrivés au Brésil. 385 n’ont pas survécu aux conditions difficiles du voyage.

Première colonie étrangère. Nova Friburgo fut la première colonie non portugaise établie au Brésil.

Liens. Suite à un mémoire de licence en histoire, des liens ont été renoués entre Fribourg et Nova Friburgo. Une association est née de ces retrouvailles. Elle a célébré ses 30 ans d’existence en 2009.

Il est possible de faire un don en faveur des victimes de Nova Friburgo.

Auprès de l’association Fribourg – Nova Friburgo: compte chèque postal 17-5500-9, mention «intempéries Nova Friburgo».

Auprès de Caritas Suisse: compte chèque postal 60-7000-4, mention «Brésil».

Traduction du portugais: Olivier Pauchard

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