Au Pakistan, le pire a été momentanément évité
Alors que les menaces américaines contre l'Afghanistan se précisent d'heure en heure, la crise afghane a fait ses premières victimes au Pakistan voisin, où des affrontements entre islamistes radicaux et forces de l'ordre ont fait quatre morts vendredi.
«Longue vie à ben Laden», «L'Afghanistan sera le tombeau des Américains», «Musharraf, traître», «Mort à Bush et aux Juifs»: les principales villes pakistanaises ont résonné vendredi, peu après la grande prière, des slogans belliqueux de dizaines de milliers de manifestants islamistes, solidaires d'Oussama ben Laden et des taliban afghans.
Les manifestations avaient été organisées, sur l'ensemble du territoire, par le «conseil de défense pakistano-afghan», une alliance de partis religieux fondamentalistes qui avaient également lancé un mot d'ordre de grève générale.
A Karachi, la capitale économique du pays où vivent plus de 10 millions d'habitants, quatre islamistes ont été tués lors de heurts entre la police et près de 50 000 manifestants.
Les islamistes comptent leurs troupes
Là, comme dans de nombreuses grandes villes du pays, la plupart des commerçants avaient gardé leur rideau baissé, moins par solidarité avec les islamistes que par crainte de violences, voire de représailles.
De l'avis général, les extrémistes ont échoué à mobiliser en dehors de leurs rangs, pour cette journée nationale d'action présentée comme un test pour le président Pervez Musharraf, qui a promis sa «coopération totale» aux Américains dans la lutte contre le terrorisme.
Le Pakistan compte 140 millions d'habitants, à 98% musulmans, et pendant la guerre du Golfe, des manifestations monstres avaient rasssemblé jusqu'à 500 000 personnes, pour la seule ville de Karachi.
En dehors de Karachi, aucun incident n'a été signalé. A Peshawar, dans le nord du pays, fief des islamistes, 10 000 personnes ont défilé, brandissant des portraits de ben Laden avant de brûler, comme ils l'avaient fait la veille, l'effigie de George W. Bush et le drapeau américain.
A Islamabad, la capitale administrative, un millier de manifestants s'étaient rassemblés devant la «mosquée rouge», dirigée par un mollah radical. Comme ailleurs, la foule était composée d'étudiants des universités et écoles coraniques, dont certains n'avaient pas douze ans.
Un simple répit ?
Pour les autorités pakistanaises, le pire a été évité, au moins temporairement. Car les islamistes, qui ont tout de même réussi à faire descendre plus de 100 000 personnes dans les rues, ont promis de durcir leurs actions en cas d'attaque américaine contre leurs «frères» afghans, menaçant de s'en prendre aux installations stratégiques du pays, notamment aux aéroports.
Corinne Lepetit, Islamabad

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