Aujourd’hui en Suisse
Bonjour à vous, chers lecteurs,
Aujourd’hui, la Suisse se souvient du pire attentat terroriste jamais commis sur son sol. C’était il y 50 ans, l’explosion d’une bombe à bord d’un avion de Swissair qui s’écrasait près de Würenlingen, tuant ses 47 occupants. Et aujourd’hui, le ou les auteurs courent toujours.
Il sera aussi question de djihadistes, de vie en Iran et d’archives sensibles qui disparaissent et réapparaissent là où on ne les attend pas.
Bonne, et édifiante lecture,
Il y a juste 50 ans, la Suisse connaissait le pire attentat de son histoire. 47 morts dans le crash d’un avion de Swissair à Würenlingen, dans le canton d’Argovie. Très tôt, les enquêteurs sont sur la piste palestinienne. Mais les poseurs de bombe n’ont jamais été démasqués.
Ce 21 février 1970, le vol 330 de Swissair à destination de Tel-Aviv s’écrase peu après son décollage de l’aéroport de Zurich. Le crash se produit à quelques centaines de mètres de la centrale nucléaire de Beznau, mais rien n’indique qu’elle ait été spécialement visée.
À l’époque, la presse annonce que l’attentat a été revendiqué par un groupe dissident de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), mais certains médias affirment au contraire que le groupe nie toute responsabilité.
Il semble que la valise contenant la bombe ait atterri par erreur dans la soute de l’appareil de Swissair. En réalité, c’était un avion de la compagnie israélienne El Al qui était visé. Les journaux suisses ont repris l’affaire ces derniers jours. Selon eux, les archives américaines ont des «piles de dossiers» sur l’attentat de Würenlingen, mais ces documents sont toujours classifiés.
500’000 dollars pour trois djihadistes suisses et leurs familles, détenus en Syrie. C’est le deal proposé par Washington à Berne et révélé par le journal Le Temps. Mais la Suisse ne veut pas rapatrier ses citoyens partis se battre avec Daech.
La proposition remonte à l’été 2018. L’offre a été transmise au Groupe sécurité, un organe de la Confédération censé élaborer la politique de rapatriement des djihadistes. Elle a été refusée notamment en raison du prix demandé par les Américains, indéfendable auprès de la population en cas de fuite dans la presse.
En mars 2019, le Conseil fédéral a officialisé sa politique en matière de «voyageurs du djihad» de nationalité suisse. La priorité est toujours donnée à la sécurité du pays, et les actes terroristes doivent être «poursuivis dans l’Etat dans lequel ils ont été commis, avec des procédures respectant les normes internationales».
Mais tout le monde n’est pas d’accord. Le conseiller national Carlo Sommaruga, interrogé par la RTS, estime qu’il faut saisir l’offre américaine, qui est toujours sur la table. «Il faudrait peut-être discuter avec les Etats-Unis pour qu’on puisse bénéficier d’éléments de preuve dont ils disposent et qu’elles soient transmises aux autorités de poursuite pénale», a-t-il dit.
- L’article de la RTS sur les révélations du Temps, avec des éléments d’éclairage en vidéo, repris par SWI
- L’enquêteLien externe originale du Temps (payant)
Les tensions du début de l’année entre l’Iran et les Etats-Unis ont fait craindre une escalade militaire. Nous avons recueilli le témoignage d’un Suisse de Téhéran. Selon lui, personne en Iran ne veut d’une guerre avec les Américains.
«Après l’assassinat du général Qassem Soleimani, j’étais effrayé. Puis, quand le gouvernement iranien a bombardé la base américaine, j’en ai eu le souffle coupé», raconte Farsin Banki, professeur émérite suisso-iranien, qui fait régulièrement la navette entre ses deux patries.
«En Iran, il est étonnant de constater que rien des derniers événements politiques ne se fait sentir, même si cela doit bouillonner sous la surface. Chacun sait ce qui s’est passé mais ne laisse rien transparaître et vaque à ses occupations quotidiennes», raconte le professeur.
«Le peuple iranien se rend de plus en plus compte que les grandes promesses et les annonces du gouvernement ne correspondent pas à la réalité», poursuit Farsin Banki. Au fil des années, il a pu constater que «la plupart des Iraniens vénèrent l’Occident parce qu’ils pensent — à juste titre — qu’il est le garant de la liberté de pensée».
- L’interview de Farsin Banki par ma collègue Émilie Ridard
Un État démocratique doit gérer ses archives de manière rigoureuse et transparente – et pas seulement pour les historiens. Dans ce domaine, la Suisse a encore des progrès à faire. Dans le sillage du scandale Crypto, on découvre que certaines archives sensibles ne sont pas forcément rangées là où elles le devraient.
La loi est claire: les organes de l’État sont tenus de remettre tous les documents qu’ils n’utilisent plus aux Archives fédérales. Tout dossier auquel aucun document n’a plus été ajouté depuis dix ans doit y trouver sa place. Les dossiers peuvent rester confidentiels pendant 30 ou 50 ans, voire plus selon leur contenu – mais pas indéfiniment.
Or la loi est souvent contournée, parfois délibérément, mais le plus souvent par négligence. On l’a vu encore dernièrement pour l’affaire Crypto, où des documents sur les activités de l’entreprise ont été retrouvés dans un bunker de l’armée et d’autres aux Archives fédérales, mais classés au mauvais endroit.
- L’article de mon collègue Andrea Tognina
- Pour comprendre l’affaire Crypto: l’émission Temps PrésentLien externe de la RTS du 13 février 2020
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