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C’est un véritable coup de froid qui s’est abattu sur la politique climatique de la Suisse ce dimanche. Une majorité du peuple a coulé la révision de la loi sur le CO2, fruit de trois ans de débats parlementaires pour répondre aux engagements faits dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat.

Les deux initiatives qui réclamaient une interdiction des pesticides de synthèse n’ont pas connu un destin plus favorable: elles ont été balayées par plus de 60% des votants et la quasi-totalité des cantons.

Les nouvelles mesures de lutte controversées contre le terrorisme et la base légale visant à entériner les mesures destinées à lutter contre le coronavirus ont en revanche obtenu la bénédiction du corps électoral, qui s’est mobilisé en masse ce dimanche.  

Excellente lecture,

Keystone / Gaetan Bally

«+12 centimes le litre d’essence, ça va le chalet?», «la voiture réservée aux riches?»: les arguments économiques des opposants à la loi sur le CO2 ont fait mouche dans les urnes. Le projet a été enterré à une courte majorité des voix.

Ce résultat est une surprise puisque tous les partis à l’exception de l’UDC soutenaient ce paquet de mesures visant à concrétiser les engagements pris par la Suisse dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat.

Très mobilisé ce dimanche pour contrer les initiatives anti-pesticides, l’électorat rural a fait basculer la loi sur le CO2 du côté du «non». Les craintes immédiates d’une hausse des taxes sur l’essence l’ont emporté sur les conséquences à long terme du réchauffement climatique.

Les trois années de négociation pour arriver à un consensus au Parlement auront donc été vaines. Ne reste plus qu’aux autorités helvétiques à remettre l’ouvrage sur le métier pour tenir leurs promesses à l’international, à savoir la réduction de moitié des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et la neutralité carbone en 2050. 

Keystone / Laurent Gillieron

Après une campagne particulièrement virulente, les Suisses ont rejeté à une large majorité les deux initiatives qui demandaient une interdiction des pesticides de synthèse. La forte mobilisation du monde agricole aura eu raison de ces deux textes jugés trop radicaux.

L’initiative «Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse» et celle «Pour une eau potable propre» ont été refusées par près des deux tiers des votants et par la quasi-totalité des cantons, mis à part celui de Bâle-Ville.

À l’issue du vote, les opposants se sont dit soulagés par ce résultat clair et net. Les menaces pesant sur la souveraineté alimentaire de la Suisse et sur des milliers d’emplois agricoles ont fait pencher la balance en faveur du «non», ont-ils souligné.

Les organisations de protection de la nature ont de leur côté dénoncé une campagne émotionnelle et polémique, largement financée par l’industrie agro-alimentaire. Ils regrettent aussi que la Suisse n’ait pas fait preuve de davantage d’audace pour devenir l’un des premiers pays au monde à bannir les produits phytosanitaires de synthèse de son territoire.

Keystone / Laurent Gillieron

La police disposera à l’avenir de pouvoirs étendus pour contrer la menace terroriste. À plus de 57% des voix, les Suisses ont soutenu la loi fédérale sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme.

La Suisse suit ainsi la tendance initiée par d’autres États européens, qui connaissent déjà ce genre de mesures préventives. La révision de la loi helvétique prévoit notamment la possibilité de placer une personne potentiellement dangereuse en résidence surveillée.

Les opposantes et les opposants au projet, principalement issus des rangs de la gauche, dénoncent l’adoption d’une base légale abusive et qui va à l’encontre de l’État de droit. «Nous ne parviendrons pas à combattre le terrorisme en essayant de réduire la marge de liberté», s’est indigné le coprésident du Parti socialiste Cédric Wermuth.

Des craintes injustifiées aux yeux des partisans de la nouvelle loi. «Il ne faut pas avoir plus peur de la police que du terrorisme, même s’il faut avoir un oeil sévère et critique sur les agissements de la police pour éviter les dérapages», a commenté la députée libérale-radicale Jacqueline de Quattro.

Keystone / Peter Klaunzer

Enfin, comme attendu, les Suisses ont validé à près de 60% des voix la loi Covid-19, qui donne une base légale aux décisions prises par le gouvernement pour lutter contre la pandémie de coronavirus. Plusieurs cantons de Suisse centrale et orientale ont toutefois exprimé leur mécontentement à l’égard de la Berne fédérale en glissant un «non» dans l’urne.

Avec l’acceptation de cette loi, la Confédération réussit une première mondiale. Les citoyens helvétiques sont en effet les seuls au monde jusqu’ici à avoir validé en votation populaire les mesures prises par leur gouvernement pour lutter contre la Covid-19.

Si les référendaires s’avouent «déçus» par le résultat, ils se considèrent malgré tout gagnants sur un point: «Nous avons pu mettre en place un mouvement citoyen indépendant fort de 10’000 membres», a affirmé leur coprésident Werner Boxler. Pour ce dernier, la lutte pour restaurer la souveraineté du peuple n’en est qu’à ses débuts.

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