Aujourd’hui en Suisse
Chères et chers Suisses d’ici et de partout,
Un espoir pour les patientes et patients en attente d’une greffe d’organe: la Suisse va changer de régime. Ce ne sera plus «je refuse de donner mes organes, sauf indication contraire», mais «j’accepte… sauf indication contraire».
Le parlement n’a toutefois pas voulu aller aussi loin que le demandait l’initiative populaire «Promouvoir le don d'organes - sauver des vies». Le contre-projet qu’il a adopté laisse encore aux familles des défunts la possibilité de s’opposer au don. À la traine sur le plan européen, la Suisse pourrait rejoindre un jour ses voisins en termes de nombre de transplantations. C’est en tout cas le but de l’opération.
Nous vous parlons aussi d’anonymat sur Internet, de l’inventeur suisse de la cellophane et de démocratie numérique.
Bonne lecture,
«Qui ne dit rien consent»: ce sera désormais la politique de la Suisse en matière de dons d’organes. Mais la famille d’une personne décédée pourra toujours s’opposer à tout prélèvement. C’est un virage à 180 degrés que la Chambre haute du parlement fédéral a initié lundi en acceptant – après la Chambre basse – le principe du consentement présumé.
Actuellement, c’est le principe inverse qui prévaut: le don d’organes n’est envisagé que si la personne décédée y a consenti avant sa mort. Résultat: en 2020, plus de 1450 patientes et patients étaient en attente d’une greffe. Si 519 ont pu bénéficier d’une transplantation, 72 personnes sont décédées faute d’avoir pu recevoir l’organe dont elles avaient besoin.
La Suisse devrait ainsi rejoindre le peloton des pays européens, qui connaissent un taux de dons d’organes nettement plus élevé qu’elle, le champion du monde en la matière restant l’Espagne. En plus du consentement présumé, ce pays s’appuie sur un réseau qui identifie systématiquement toutes les opportunités de dons d’organes et qui sait agir très rapidement sur tout le territoire national.
- L’article et les vidéosLien externe de RTS Info – avec un reportage en Espagne
- Le consentement au don d’organes, un lourd poids pour les proches – par ma collègue Pauline Turuban – mai 2021
La confidentialité suisse ne serait-elle plus ce qu’elle était? C’est peut-être ce que s’est dit un activiste français du climat, arrêté après avoir été identifié sur une messagerie «anonyme» et cryptée basée en Suisse. L’histoire montre en tout cas que quand la justice s’en mêle, l’anonymat sur Internet est une notion toute relative.
C’est sous la pression des autorités suisses que la société gérant la messagerie a été contrainte de fournir des données qui ont permis d’identifier l’un de ses utilisateurs. Ce militant du mouvement «Youth for Climate» était recherché en France pour occupation illégale de locaux commerciaux et d’appartements.
Fondée en 2013 à l’initiative d’un groupe de scientifiques du CERN et du MIT, la société a mis dès le départ l’accent sur la sécurité de ses utilisateurs, en s’appuyant sur des arguments comme la «confidentialité suisse». Mais dans le cas précis, elle s’est défendue en rappelant qu’elle avait dû se conformer à une décision de la justice suisse, découlant d’une demande d’entraide déposée par la police française.
- L’article de ma collègue Sara Ibrahim
- Le télétravail, une brèche pour les cybercriminels – par ma collègue Katy Romy – novembre 2020
Au départ, il cherchait un tissu repoussant la saleté. En 1908, il invente la feuille de cellophane. Qui se souvient du chimiste zurichois Jacques Edwin Brandenberger? Sa découverte est un succès mondial, produit sur une machine également de son invention, qui est restée pratiquement la même depuis plus d’un siècle.
«Cellophane» vient de cellulose et diaphane (translucide). C’est une marque déposée, mais, comme frigidaire ou botox, le terme a fini par passer dans le langage courant. Le film transparent est brillant, résistant aux huiles et aux graisses, inodore et sans goût. Et contrairement à ses concurrents en polypropylène, le produit est biodégradable.
Le succès ne vient pas immédiatement, la Première Guerre mondiale mettra un frein aux ventes. Mais à partir de sa première usine en région parisienne, «Mister Cellophane» conquiert le monde dès les années 1930. En 1937, il reçoit la médaille d’or Elliot Cresson du Franklin Institute de Philadelphie, qui récompense des inventions de premier plan. Avant lui, elle avait honoré des gens comme Henry Ford, Marie Curie et Alfred Nobel.
- L’article historique du site higgs.ch
- Point fort – Petites entreprises et grandes innovations: les start-up suisses
Plus
Et en ce premier jour d’automne, il est temps de clore notre série d’été sur la démocratie directe, avec la dernière des dix perles de nos archives. Aujourd’hui: la démocratie numérique, un domaine dans lequel la Suisse – pour une fois – n’est pas vraiment dans le coup.
Partout dans le monde, on teste de nouvelles formes de participation politique sur internet. Et que fait la Suisse? Elle laisse passer le train. Depuis le site d’aide au vote smartvote.ch et la plateforme politnetz.ch de visualisation des votes dans les deux Chambres du parlement fédéral, la Suisse n’a plus produit de «vraie» innovation en matière de démocratie numérique. Et le vote électronique est en panne.
En tant que «championne du monde de la démocratie directe» (aucun pays ne vote aussi souvent), la Suisse serait pourtant prédestinée à être une locomotive dans ce secteur. Pourquoi alors ne l’est-elle pas? Cela pourrait tenir à un certain esprit de clocher cantonal. Mais aussi à des facteurs culturels…
- L’article de l’auteure et spécialiste des réseaux sociaux Adrienne Fichter
- Point fort – Peut-on mesurer la démocratie?
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative