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Autoroutes: les chantiers de la belle saison

Avec le printemps, les chantiers autoroutiers fleurissent. Keystone Archive

Du printemps à l'automne, les automobilistes sont confrontés aux chicanes qui se multiplient sur les 1600 km d'autoroutes.

La planification des travaux d’entretien est centralisée à Berne, notamment pour diminuer les entraves à la circulation.

Actuellement, il y a environ 1600 km d’autoroutes («routes nationales» en Suisse), qui comptent notamment un millier de ponts et quelque 190 tunnels.

Comme toute chose, ces infrastructures s’usent. Il faut dire qu’elles sont soumises à de fortes variations de températures, climat tempéré oblige. De plus, le sel répandu pour lutter contre le verglas occasionne des dégâts.

Cela implique donc des travaux de réfection. Ils doivent être entrepris tous les dix ans, selon la Confédération.

Une planification sur dix ans



«Pendant des années, l’entretien était du ressort des cantons», explique Jean-Bernard Duchoud, responsable de la planification des travaux d’entretien à l’Office fédéral des routes (OFROU).

Cette dispersion occasionnait de sérieux désordre sur les routes nationales. Au point que la pression des électeurs a fini par susciter des interventions parlementaires.

Résultat: le gouvernement a tranché en 1998 en faveur d’une coordination plus efficace. Il a confié à une instance fédérale la conservation du réseau des routes nationales. Le Conseil fédéral en a profité pour demander une diminution du nombre de chantiers.

L’OFROU s’est donc mis au travail. Il a commencé à coordonner les travaux en 2000. D’abord au niveau de cinq cantons. Puis de la moitié de la Suisse. Et, depuis deux ans, sur le plan national.

C’est la première fois cette année qu’une planification sur dix ans va être établie. Cela en étroite collaboration avec les cantons, auxquels incombent les inspections du réseau, et les spécialistes de l’OFROU.

Un système qui fait rêver la Californie



Ce nouveau concept porte le nom peu poétique de «UplaNS», abrégé de «Unterhaltsplannung der Nationalstrassen» (planification de l’entretien des routes nationales).

C’est, pour l’heure, un système unique en son genre. Ainsi, l’Allemagne et l’Autriche aimeraient pouvoir instaurer quelque chose de semblable. Et plus loin, dans le pays des «highways», la Californie en rêve aussi.

Diminuer les entraves à la circulation



Objectifs prioritaires de cette nouvelle stratégie: réduire, à la fois, le nombre de chantiers et les entraves à la circulation.

Pour atteindre ce but, UplaNS prévoit, entre autres, l’exécution simultanée, par tronçons d’une longueur maximale de 15 kilomètres, de tous les travaux que requiert la portion d’autoroute en question.

L’idée est de ne plus devoir y toucher pendant au moins dix ans. Et entre chaque chantier, il doit y avoir un minimum de 50 kilomètres sans entrave à la circulation.

L’automobiliste lambda, lui, a pourtant l’impression que les chantiers poussent comme des champignons et de manière totalement désordonnée. D’autant qu’ils arrivent avec le printemps.

Mais ce n’est pas un hasard si c’est la période allant du mois de mars à fin octobre qui voit l’éclosion des tronçons en réparation. La température influe en effet sur la solidité qu’aura le bitume.

Près de six grands chantiers par an



Désormais, seuls cinq à six grands chantiers sont planifiés chaque année sur le réseau des routes nationales. S’y ajoutent quarante à cinquante chantiers plus petits, qui représentent néanmoins une entrave à la circulation.

Un chiffre qui devrait diminuer, car, selon le responsable de la planification des travaux à l’OFROU, «dans le futur, il ne restera plus que des grands chantiers».

«Au total, souligne Jean-Bernard Duchoud, ce ne sont guère que 40 à 60 kilomètres d’autoroutes qui sont concernés.» Ce qui représente qu’un tout petit 3 à 4% du réseau des routes nationales.

«La consigne, explique le responsable des autoroutes du canton de Vaud, Hermann Fleischer, c’est de faire tout ce qui est nécessaire sur le tronçon concerné afin que nous n’ayons plus besoin d’y toucher pendant 15 ans (norme vaudoise).»

On parle alors de planification intégrale. C’est-à-dire que le revêtement, les ponts, l’électromécanique, les tunnels etc. sont refaits en même temps. Si cela est nécessaire, bien entendu. S’ajoutent à cela des travaux qui ne sont pas d’entretien, comme par exemple l’installation de parois antibruit.

La route du futur



Le budget annuel de l’entretien des autoroutes est de 600 millions de francs, dont 520 sont à la charge de la Confédération.

Il faut aussi savoir qu’outre les coûts des travaux, sont aussi pris en compte les coûts des utilisateurs, c’est-à-dire le temps perdu par les usagers dans les bouchons dus aux travaux.

Mais y aura-t-il un jour des routes inusables? André-Gilles Dumont, professeur à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), admet «qu’il y a des pressions économiques qui incitent de plus en plus à chercher des matériaux qui auraient des performances nettement supérieures afin, notamment, de réduire les chantiers.»

Actuellement, le bitume représente 90% des infrastructures. Le directeur du Laboratoire des voies de circulation (LAVOC) affirme que dans ce domaine, «il y a eu des avancées très notables. Par exemple, la réduction du vieillissement du bitume par oxydation.»

Le LAVOC, explique le professeur, est en train de terminer une étude réalisée en Valais. Un bitume en particulier s’est révélé très performant: «Aucune fissure, aucune ornière après 14 ans», constate André-Gilles Dumont.

Alors, bientôt une route inusable? Ce n’est pas encore pour demain. Même si d’incontestables progrès ont été réalisés.

swissinfo, Chantal Nicolet

– La Suisse compte 1600 km d’autoroutes.

– Leur entretien était du seul ressort des cantons jusqu’en 1998. L’OFROU a commencé à coordonner les travaux en 2000.

– Cinq à six grands chantiers sont planifiés chaque année auxquels s’ajoutent quarante à cinquante chantiers plus petits.

– Les réfections ont lieu durant les beaux jours car la température joue un rôle important pour la tenue du bitume.

– Après la réfection complète du tronçon, on ne devrait plus y toucher pendant au moins 10 ans.

– En 2003, une planification sur 10 ans sera établie pour la première fois.

– Le budget annuel de l’entretien des autoroutes est de 600 millions de francs. La Confédération en assume 520 millions.

– Des études sont menées à l’EPFL pour améliorer les performances du revêtement bitumineux.

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