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«Taxer les vols en Suisse? Une absurdité!»

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Le secteur de l'aviation civile est responsable d'environ 2,5 % des émissions mondiales de CO2. © Keystone / Christian Merz

En Suisse, comme dans d'autres pays, on débat de la meilleure façon de réduire l'impact de l'aviation civile sur le climat. Mais quelle est la consommation d'un avion et quelle est l'évolution du secteur en terme d'émissions? Les considérations d'un expert.

Les Suisses adorent voler. Davantage que leurs voisins européens. En moyenne, ils parcourent 9000 kilomètres en avion par année, selon les données les plus récentes Lien externedatant de 2015. Des organisations environnementales aux jeunes qui manifestent depuis des semaines pour le climat, les appels en faveur de règles plus strictes pour le transport aérien, qui représente environ 2,5% des émissions mondiales, se font de plus en plus pressants.

Au Parlement suisse, le camp rose-vert milite pour l’introduction d’une taxe climatique sur les billets d’avion, à l’image de celle adoptée par plusieurs pays européens, notamment l’Italie, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Rejetée en décembre par le Conseil national (Chambre basse du Parlement), cette proposition est actuellement examinée par la Conseil des Etats (Chambre haute) dans le cadre de la révision de la loi fédérale sur le CO2.

Mais quel est l’impact réel de l’aviation et que fait le secteur pour réduire ses propres émissions? Nous en discutons avec Hansjörg Bürgi, rédacteur en chef du magazine d’aviation Skynews.chLien externe, qui est considéré comme l’un des plus grands experts suisses en matière d’aviation.

swissinfo.ch: Quelle est la consommation moyenne d’un avion?

Hansjörg Bürgi : La consommation moyenne par passager et par 100 km est de 3,6 litres de kérosène, selon les données les plus récentesLien externe. Ce chiffre est comparable à celui d’une voiture. En trente ans, la consommation moyenne de l’aviation civile a presque diminué de moitié.

Evolution en pourcentage des émissions de CO2 par passager-km (1990=100%) dans le trafic charter et régulier des aéroports suisses. (Source: Office fédéral de la statistique et Office fédéral de l’aviation civile). swissinfo.ch

Quelles sont les raisons de cette diminution?

Cette diminution est principalement attribuable au développement technologique. De nouveaux avions plus légers, plus aérodynamiques et dotés de moteurs plus efficaces sont arrivés sur le marché. Environ 30% des coûts d’une compagnie aérienne sont générés par le carburant. Il y a donc un grand intérêt à en réduire la consommation.

«Le problème de l’aviation doit être affronté au niveau mondial, et c’est ce que fait le secteur.»

Comment réduire encore davantage la consommation de kérosène?

Beaucoup de travail est actuellement en cours sur les systèmes hybrides, en particulier pour les petits avions, jusqu’à une cinquantaine de sièges. L’idée est d’utiliser le kérosène pour le décollage, l’atterrissage et la propulsion électrique en vol.

Volerons-nous un jour en avion électrique, comme l’a fait le Suisse Bertrand Piccard avec Solar Impulse?

Les avions électriques sont déjà une réalité. En Suisse, ils sont utilisés pour les vols d’entraînement. Les vols commerciaux prendront encore quelques années. Beaucoup de progrès technologiques ont été réalisés, mais en ce qui concerne la certification et les licences, le processus est plus long et plus complexe.

En Suisse, la possibilité de taxer les vols est à l’étude. Une bonne idée?

Non. C’est absurde. Toute initiative ou solution nationale n’a aucun sens. Le problème de l’aviation doit être affronté au niveau mondial, et c’est ce que fait le secteur.

De quelle manière?

L’aviation est le seul secteur industriel à s’être engagé au niveau mondial dans un programme de réduction des émissions. 90 % des compagnies aériennes participent au programme international des Nations Unies CORSIALien externe, qui prévoit la compensation des émissions de carbone. Il s’agit, pour ainsi dire, d’une sorte de protocole de Kyoto pour l’aviation.

Les Suisses en faveur d’une taxe sur les vols

Les organisations environnementales considèrent que l’introduction d’une taxe sur les billets d’avion est une étape nécessaire pour se conformer à l’accord de ParisLien externe sur le climat. Un avis qui semble partagé par la population helvétique: dans un sondage publié fin 2018, près de 70% des personnes interrogées se sont prononcées en faveur d’une taxe spéciale sur les billets d’avion comprise entre 12 et 50 francs.

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(traduction de l’italien: Katy Romy)

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