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AVS: la droite savoure sa victoire, la gauche grimace

La Suisse romande et le Tessin ont clairement accepté les deux initiatives sur l'AVS. Keystone

La droite salue le souci des Suisses de protéger financièrement leur assurance. Mais la gauche estime que le Parlement devra prendre en compte dans la 11e révision de l´AVS la forte proportion de oui récoltée par l´initiative des Verts.

Les deux initiatives soutenues par la gauche et les Verts qui proposaient l’introduction de la retraite à la carte dès 62 ans n’ont donc pas passé la rampe. Avec de grandes différences entre régions linguistiques.

La Suisse romande et le Tessin les ont acceptées clairement. L’adoption a même été à deux contre trois dans les cantons du Jura, du Tessin et de Neuchâtel.

Déçue, la conseillère nationale Anne-Catherine Ménétrey (Verts/VD) se félicite néanmoins des résultats obtenus en Suisse romande. Pour sa part, Ruedi Baumann, président du parti écologiste suisse, a déclaré que le Parlement devra tenir compte de la forte proportion de oui récoltée par l’initiative des Verts dans la 11e révision de l’AVS. La Chambre du peuple devra au minimum introduire une retraite flexible sans diminution de rente pour les personnes à bas revenu.

L’initiative des Verts a plus séduit les Suisses que le texte de la Société suisse des employés de commerce. Pour M. Baumann, la rente partielle proposée par les Verts fait toute la différence. Les écologistes ont aussi élaboré un moyen de financement, celui de la taxe sur l’énergie.

Pour Luc Python, secrétaire romand de la Société suisse des employés de commerce (SSEC), le résultat obtenu est aussi un succès. «Un de nos objectifs était de mettre le thème de la flexibilisation de l’âge de la retraite sur la place publique. De ce point de vue, on peut dire que le but est atteint», a-t-il dit.

Les partis bourgeois devront tenir compte de la forte proportion de Suisses qui ont voté en faveur de la retraite à la carte dans la 11e révision de l’AVS, a dit Ursula Dubois, porte-parole du Parti socialiste suisse (PS). «Il est exceptionnel qu’une initiative obtienne plus de 40 pour cent», a dit Mme Dubois.

Dans la 11e révision de l’AVS, la flexibilité est actuellement abordée de façon très frileuse, selon le PS. Elle est possible, mais les gens doivent payer de leur poche. Par conséquent, les bas revenus sont discriminés. L’Union syndicale suisse et la Confédération des syndicats chrétiens sont du même avis.

Chez les opposants, le comité «2x non pour un démantèlement de notre AVS» savoure sa victoire. A ses yeux, le rejet des deux initiatives pour une retraite à la carte est un signe clair «en faveur d’une retraite pour les hommes et les femmes à 65 ans» et assure l’assise financière de l’assurance.

Le non clair du peuple suisse satisfait Pierre Triponez, président de l’Union suisse des arts et métiers et coordinateur de la campagne contre les deux initiatives. Si les gens veulent partir plus tôt à la retraite, ils doivent pouvoir le faire. Mais pour les caisses de l’AVS, l’introduction de la flexibilisation doit représenter une opération financièrement neutre.

Les radicaux (PRD), qui ont conduit la campagne politique contre les deux initiatives pour une retraite à la carte, sont également satisfaits. L’argument financier a porté, a dit Johannes Matyassy, secrétaire général du PRD.

Et l’argument financier reste essentiel pour la 11e révision de l’AVS aussi. Le but de cette révision reste celui d’assurer le financement de l’assurance vieillesse jusqu’en 2025. C’est seulement quand cette mission sera accomplie que l’on pourra se pencher sur la question de la flexibilisation, a-t-il déclaré.

Le Vaudois Jean Fattebert (UDC) a salué la sagesse des Suisses. Il craignait que «par facilité et par crainte de l’avenir, des gens fassent le choix de toucher l’AVS plus tôt». Un oui aurait mis en péril économiquement une assurance vieillesse déjà précaire.

Le Parti démocrate-chrétien suisse (PDC) veut que le financement des rentes AVS soit garanti. Il est donc satisfait du non que les Suisses ont glissé dimanche dans les urnes contre les deux initiatives.

Les libéraux sont aussi satisfaits des résultats. Le vote des Suisses est un mandat donné aux autorités pour qu’elles réfléchissent aux possibilités de flexibilité tout en garantissant l’avenir financier de l’AVS.

swissinfo avec les agences

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