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Le vent continue de souffler en faveur du centre-droit

Les Verts risquent bien de perdre quelques plumes cet automne, selon le Baromètre électoral. Keystone

A quatre mois des élections fédérales d’octobre, un léger glissement à droite se dessine. Selon le 3e baromètre électoral de la SSR, les libéraux-radicaux devraient progresser, les deux grands partis de la gauche et de la droite (PS et UDC) devraient rester relativement stables, tandis que les petits partis du centre et les Verts devraient perdre des électeurs. 

Le sondage représentatif réalisé par l’Institut gfs.bernLien externe pour le compte de la Société suisse de radiodiffusion et télévision (SSRLien externe) a été mené durant la première quinzaine de juin. Pour l’essentiel, il confirme les sondages précédents. Le point le plus significatif est la progression de deux points du Parti libéral-radical (PLR / centre-droit), qui pourrait remporter 17,1% des voix contre 15,1% en 2011. 

Baromètre électoral

Ce baromètre a été réalisé par l’Institut gfs.bern pour le compte de la Société suisse de radiodiffusion et télévision. 

Au total, 2009 personnes ont été interrogées par téléphone dans les trois régions linguistiques entre le 1er et le 13 juin. 

Les sondeurs n’ont en revanche pas accès aux coordonnées des Suisses de l’étranger pour des raisons liées à la protection des données.

La marge d’erreur du sondage est de +/- 2,2%.

Responsable du sondage, Claude Longchamp rattache cette progression aux élections dans le canton de Zurich, en avril dernier, qui ont vu la victoire des libéraux-radicaux et, plus généralement, des partis bourgeois. «Les élections zurichoises ont fait passer le PLR du camp des perdants à celui des gagnants», affirme le politologue. 

Le baromètre électoral montre également où le PLR va pêcher ces voix supplémentaires. D’une part auprès de l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice) et d’autre part auprès de deux petits partis de centre-droit, le Parti bourgeois démocratique (PBD) et les Verts libéraux (VL). 

UDC toujours devant 

Avec 26,1% des intentions de vote, l’UDC reste le premier parti du pays. A gauche, les socialistes demeurent également stables à 19,3%. Les choses s’annoncent en revanche moins bien pour les Verts libéraux, le PBD, le Parti démocrate-chrétien (PDC / centre-droit) et les Verts. 

Contenu externe

Pour ces quatre partis, les raisons du recul sont variées, mais ont un dénominateur commun: ils ont jusqu’à présent eu de la peine à trouver une thématique porteuse. 

Par exemple, la problématique de l’environnement et du changement climatique représente désormais la 3e des principales préoccupations les Suisses, alors que lors des élections 2011, qui s’étaient déroulées peu après la catastrophe nucléaire de Fukushima, elle figurait au premier rang. Une telle évolution coûte des voix aux Verts. 

Créé seulement en 2008, le PBD n’est quant à lui jusqu’à présent pas parvenu à prendre le leadership sur un thème déterminé. C’est pourquoi il aura de la peine, selon le baromètre électoral, à conserver ses électeurs. 

Initiatives marketing 

Le PDC et les Verts libéraux ont voulu attirer l’attention avec des initiatives populaires. Mais celles-ci se sont transformées en défaite – et même en déroute dans le cas des Verts libéraux – lors des votations fédérales du 8 mars dernier. Cette stratégie pourrait dès lors se retourner contre les deux partis. 

Les Verts libéraux entendaient accélérer la transition énergétique en remplaçant la TVA par un impôt sur l’énergie, mais leur initiative a été refusée à… 92%. «Depuis le 8 mars, la campagne électorale des Verts libéraux s’est écroulée comme un château de cartes», commente Claude Longchamp. 

Le PDC voulait quant à lui soutenir les familles en défiscalisant les allocations pour enfants et pour jeunes en formation. En perdant cette votation, le parti a aussi perdu la campagne électorale sur le thème de la famille. 

«Il est clair que les initiatives populaires ne permettent pas forcément à un parti de se profiler. En cas de défaite, les effets sont négatifs», souligne le politologue. 

Europe et migration 

Selon le baromètre, les forces des partis ne vont pas fortement se modifier à l’issue des élections. Pour les spécialistes de l’institut gfs.bern, après la période qui a vu la progression fulgurante de l’UDC, nous nous trouvons désormais dans une phase de stabilisation. 

Contenu externe

Au début des années 1990, les relations avec l’Union européenne représentaient le thème le plus chaud, suite au refus du l’Espace Economique Européen de décembre 1992. Aujourd’hui, la question européenne figure encore au 2e rang des problèmes les plus urgents à résoudre, selon les sondés. Au premier rang, on trouve le thème de l’immigration et des étrangers, qui s’est accentué avec les récentes noyades en Méditerranée. 

La sécurité sociale, la préservation du système des retraites, les assurances maladie et le système de santé en général, le chômage et l’environnement sont d’autres sujets de préoccupation fréquemment cités. 

A ce propos, les différences régionales sont intéressantes. Au Tessin, par exemple, le chômage inquiète plus que l’immigration. La question environnementale – au 3e rang national – arrive seulement en 5e position dans le canton italophone et encore plus au fond du classement en Suisse romande. 

Même si elle figure au 2e rang de la liste des thèmes importants, la question toujours pas résolue des relations avec l’UE (application de l’initiative «Contre l’immigration de masse», avenir des accords bilatéraux, accord cadre institutionnel) n’a jusqu’à présent joué aucun rôle dans la campagne électorale. Cela est dû au fait que le gouvernement suisse et l’UE gardent actuellement un profil bas. «Mais après les élections, le thème reviendra vite au premier rang», avertit Claude Longchamp.

(Traduction de l’allemand: Olivier Pauchard)

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