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Berne maintient le cap des réformes agricoles

Un troupeau de vaches dans le canton de Zurich. Keystone

Le gouvernement n'entend pas freiner l'ampleur et le rythme de la réforme de l'agriculture suisse. Il préconise de nouvelles coupes budgétaires.

Mais le parlement doit encore débattre des mesures proposées par Berne. Et les milieux paysans fourbissent leurs armes.

Malgré les vives critiques essuyées lors de la consultation, le Conseil fédéral (gouvernement) ne dévie pas du sillon tracé dans le cadre de la politique agricole 2011. La pièce maîtresse de la réforme reste le transfert aux paiements directs de l’argent retiré aux subventions.

«Ces réformes sont nécessaires et dans l’intérêt de l’agriculture. Elles sont supportables sur le plan social», assure le ministre suisse de l’économie.

Selon Joseph Deiss, l’objectif est de préparer l’agriculture à être compétitive. Et ce dans un contexte de libéralisation des marchés. Et pour ce faire, il faut réduire les coûts et améliorer la vente de produits de haute qualité respectueux de l’environnement et des animaux.

Raison pour laquelle, le gouvernement propose que toutes les subventions à
l’exportation et plus de la moitié des fonds affectés actuellement au soutien du marché soient réalloués aux paiements directs.

Le menu des réductions

Concrétement, la réduction de ces soutiens touchera les céréales fourragères, la viande et les oeufs, mais aussi le sucre, les oléagineux et les
pommes de terre.

Pour Joseph Deiss, il ne s’agit pas d’une rupture, mais d’une poursuite de la politique actuelle. Ainsi, le coût total de l’agriculture baissera pour la société. Le revenu des exploitations, lui, devrait rester stable si leur nombre continue de diminuer de 2,5% par an.

Selon le message du gouvernement, les paysans devront composer avec une enveloppe de 13,5 milliards de francs pour la période 2008-2011, soit 600 millions de moins que pour la période en cours.

L’enveloppe réservée aux paiements directs passera de 10,1 à 11,25 milliards de francs. La réallocation de fonds aux paiements directs favorisera une agriculture plus extensive. Elle permettra aussi de garantir la fourniture des prestations d’intérêt général et de réduire les déficits écologiques encore existants.

Berne veut aussi simplifier le système des paiements directs et le rendre plus transparent. Le Conseil fédéral compte aussi assouplir le droit foncier rural et la loi sur le bail à ferme agricole.

Réactions critiques

Les critiques selon lesquelles les réformes vont trop loin et à un rythme trop rapide n’ont pas échappé à Joseph Deiss. Le ministre admet que le gouvernement a voulu anticiper le résultat des négociations avec l’Union européenne et celles menées à l’OMC.

Cela dit, plusieurs organisations agricoles ont manifesté leur déception. L’Union suisse des paysans (USP) – tout comme l’Union suisse des arts et métiers (USAM) – reproche au gouvernement de ne pas tenir compte de la consultation et compte sur le parlement pour corriger le tir.

De plus, l’USP estime que le rythme de la réforme excède largement les engagements que la Suisse prendra devant l’OMC.

L’Interprofession du sucre et BioSuisse ont aussi émis des critiques. BioSuisse déplore notamment les hésitations en matière de stratégie écologique.

swissinfo avec les agences

Le dossier agricole continue de bloquer les négociations menées par l’Organisation mondiale du commerce.

Il constitue également un point délicat des relations entre l’Union européenne et la Suisse.

Selon le gouvernement, la Suisse doit poursuivre la libéralisation de son secteur agricole en supprimant les obstacles au libre-échange.

L’objectif de la réforme de l’agriculture est de poursuivre la diminution des subventions.

Le gouvernement soutient le monde paysan par des paiements directs liés à des prestations d’intérêt général, comme la sécurité alimentaire du pays ou la préservation de l’environnement.

Selon Berne, ces soutiens sont compatibles avec les principes du libre-échange.

Ces 15 dernières années, 30’000 exploitations agricoles ont cessé leur activité.

Actuellement, 120’000 personnes travaillent dans le secteur agricole.

Dans les années 60, ils étaient 420’000.

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