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Berset met en garde contre le nationalisme, l’égoïsme et le repli

Dans son discours devant les Nations unies, le président de la Confédération Alain Berset (à gauche, ici en compagnie du ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis) a mis en garde contre le nationalisme, prenant le contre-pied du président états-unien Donald Trump. KEYSTONE/PETER KLAUNZER sda-ats

(Keystone-ATS) Dans son discours devant l’Assemblée générale de l’ONU à New York, le président de la Confédération Alain Berset a plaidé mardi pour une meilleure coopération entre les Etats. Il a mis en garde contre le nationalisme, l’égoïsme et l’isolationnisme.

“Nous devons constater une tendance actuelle à chercher les réponses à ces problèmes dans un repli nationaliste”, a dit le conseiller fédéral. “Une politique axée sur le protectionnisme commercial et l’égoïsme a actuellement le vent en poupe. Or, hier comme aujourd’hui, le repli, le protectionnisme, la menace et la violence n’apporteront pas de réponses aux dysfonctionnements et aux déséquilibres du monde dans lequel nous vivons”, a poursuivi M. Berset, selon la version écrite de son discours.

Sans citer de nom, le socialiste a dit à l’adresse du président américain Donald Trump qu’une politique nationaliste ne peut mener qu’à la diminution des échanges commerciaux et, par conséquent, à une baisse de la prospérité. Elle accroît la méfiance et l’isolement, ce qui freine les échanges d’idées et d’innovations.

“Notre monde en sortira appauvri spirituellement et culturellement. Nous aurons moins d’idées à disposition pour affronter les défis futurs. Nous ne pourrons plus tirer profit des expériences positives d’autrui. Et nous partirons seuls à la recherche de solutions pour des problèmes qui ne peuvent être résolus qu’ensemble”, a affirmé le ministre suisse.

La crise actuelle du multilatéralisme est une mise en garde, qui nous appelle à tout faire pour éviter l’avènement d’un monde du “chacun pour soi”, estime Alain Berset. “L’ONU est indispensable et idéalement placée pour affronter les combats contemporains, notamment le combat contre les inégalités. Mais pour pouvoir remplir son rôle, l’ONU doit être forte”.

Refonte de l’ordre mondial

Nous assistons à une refonte de l’ordre mondial, à l’émergence de nouveaux acteurs, à l’apparition d’une nouvelle classe moyenne – entre 1990 et 2015, selon la Banque mondiale, donc en une génération, le nombre de personnes frappées par l’extrême pauvreté est passé de deux milliards à 700 millions, a relevé M. Berset.

Le Fribourgeois se dit préoccupé par “ces changements (qui) vont de pair avec une érosion du système international fondé sur le droit”. Il est selon lui paradoxal que “nous assistions réellement à une crise du multilatéralisme alors que nous cherchons justement à définir les grands axes de la gouvernance mondiale de demain”.

Le président de la Confédération a encore demandé à la communauté des Etats d'”accélérer à tout prix les efforts visant à trouver une solution politique aux conflits qui durent tant en Syrie qu’au Yémen”. La Suisse se met à disposition pour organiser des discussions à Genève sous l’égide de l’ONU afin de rechercher des solutions et faire cesser cette crise humanitaire, a-t-il encore déclaré.

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