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Célébration en hommage aux soldats polonais à Goumois (JU)

(Keystone-ATS) Le 75e anniversaire du franchissement de la frontière franco-suisse à Goumois (JU) par la 2e Division polonaise de chasseurs à pied a été célébré samedi. Le ministre de la défense Ueli Maurer et le sous-secrétaire d’Etat polonais Maciej Jankowski étaient présents.

Environ 250 personnes ont pris part aux festivités. Interrogée par l’ats, l’une des organisatrices de l’événement, Françoise Okopnik a évoqué une cérémonie “très émouvante” et mis en avant un “signe très fort de l’humanité de la Suisse”.

Lors de cette journée du souvenir, un monument a été inauguré en hommage aux soldats polonais, qui ont soutenu la population suisse pendant les années de guerre en construisant des routes, des infrastructures et en travaillant dans les fermes.

Polonais en fuite

Après la défaite de la Pologne contre l’Allemagne, des combattants polonais ont réussi à gagner la France, où le gouvernement en exil du général Sikorski rassemblait des unités armées. La 2e Division polonaise de chasseurs à pied fut chargée de défendre Belfort.

Mi-juin 1940, l’armée du Reich lança l’offensive, pour atteindre les environs de Maîche le 18 juin. Face à une situation désespérée, les autorités françaises et polonaises demandèrent à la Suisse d’accueillir les troupes selon la convention de La Haye.

Composée d’environ 13’000 hommes, la division polonaise passa la frontière dans la nuit du 19 au 20 juin. En Suisse, les soldats furent internés selon la convention de la Haye. Ils étaient accompagnés par des Spahis (majoritairement des cavaliers nord-africains combattant pour la France) et des soldats français, belges, anglais et espagnols.

Bières et saucisses à l’oeil

Tous rentrèrent chez eux au bout d’une année, sauf les Polonais, privés de patrie. Ces derniers furent affectés à la construction de routes et de ponts ainsi qu’aux travaux forestiers et agricoles.

Dans la revue Horizons et débats, Urs Knoblauch citait en 2003 les mémoires du soldat Jan Kobryner: “la population est aimable. Nous recevons gratuitement des bidons de lait du vacher dont la cabane se trouve à 2300 mètres d’altitude. Au bistrot situé à 500 mètres en dessous de nos baraquements, on ne nous fait pas payer la bière et les saucisses”.

Après la guerre, un décret ordonna aux soldats de rentrer en Pologne. Nombre d’entre eux – entre 1000 et 6000 – choisirent toutefois la Suisse comme seconde patrie et y restèrent.

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