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Carouge signe une première européenne sur le Net

L'e-voting n'en est qu'à ses balbutiements. Keystone

La commune genevoise est la première ville du continent à avoir tenté l’expérience du vote électronique, lors d’un scrutin local dont le résultat est tombé dimanche.

Mais au final, seul un votant sur quatre a choisi d’exprimer sa voix en recourant au Net.

Le sort en est jeté. Et la proportion de votants qui ont choisi de s’exprimer en ligne (25%) s’est donc révélée inférieure à celles enregistrées lors de deux premiers tests pilotes organisés en Suisse.

A Cologny (29%) comme à Anières (44%), toutes deux communes du canton de Genève, l’e-voting avait rencontré un accueil plus chaleureux. Mais il s’agissait de villages.

Comptant 18’000 habitants – dont 9000 électeurs –, Carouge est au contraire considérée comme une ville. Et avec 1024 cybervotants, la barre symbolique des 1000 bulletins virtuels a été franchie pour la première fois.

Aucun incident n’a été déploré, ni attaque ni panne, se félicite le chancelier d’Etat Robert Hensler, qui pilote le projet de vote par Internet dans le canton.

L’objet, accepté à 56% des voix, portait sur le rachat par la commune d’un cinéma de quartier menacé.

Une vraie attente

Selon Robert Hensler, «le vote par Internet répond à une vraie attente». Un questionnaire rempli par quelque 600 cybervotants vient appuyer ce constat: 94% des électeurs sont favorables à une généralisation du système.

Utilisé à une plus large échelle, l’e-voting ferait gagner du temps et de l’argent, estime aussi le chancelier. La preuve: il n’a fallu que 3 minutes et 23 secondes pour dépouiller les 1024 bulletins virtuels…

Reste que lors de ce scrutin, l’effet Internet sur la participation globale (44%) a donc été moins sensible que lors des deux premiers essais (autour de 60%).

Les résultats du questionnaire le démontrent: 12% des cybervotants se sont décrits comme des abstentionnistes occasionnels ou réguliers. Cette proportion avait atteint un quart à Anières et Cologny.

Ceci dit, l’e-voting n’en est qu’à ses balbutiements. Et Genève a déjà déposé une demande auprès du Conseil fédéral pour reconduire l’expérience avec les Suisses de l’étranger.

Robert Hensler doit toutefois tempérer l’enthousiasme. Selon lui, Berne va plutôt privilégier un nouveau vote dans une ou plusieurs communes, cette fois-ci sur ces objets cantonaux ou fédéraux.

Pas avant 2010

Ailleurs en Suisse, Neuchâtel développe un vaste projet de cyberadministration visant à renforcer les liens entre population et Etat. Le canton espère organiser une première votation test l’an prochain.

Zurich – troisième canton pilote désigné par Berne – planche sur une formule permettant de voter depuis n’importe quel terminal électronique. Mais le projet est moins avancé. Avant toute expérience, le canton doit en effet centraliser les registres des électeurs de ses 171 communes.

Dans tous les cas de figure, le vote par Internet a bien peu de chances de se généraliser en Suisse avant l’horizon 2010.

swissinfo et les agences

– Une récente étude à l’échelle fédérale a montré que les Suisses ne sont que 12% à profiter des avantages de la cyberadministration. Leurs craintes en matière de sécurité et de protection des données expliquent cette réserve.

– Les Suisses de l’étranger sont pour leur part convaincus des avantages d’Internet, y compris pour y exercer leurs droits civiques (e-voting). 81% d’entre eux ont du reste accès au Net.

– Le gouvernement suisse a présenté sa stratégie pour concrétiser le portail virtuel et le vote électronique en février 2002. Mais l’introduction du vote électronique à l’échelle fédérale ne devrait pas intervenir avant 2010.

– Deux premiers tests d’e-voting ont donné des résultats positifs l’an dernier dans le canton de Genève. D’autres sont également prévus l’année prochaine à Neuchâtel et Zurich, eux aussi désignés cantons pilotes.

– Un test à l’échelle cantonale – qui aurait permis à 9900 Suisses de l’étranger de voter le 16 mai prochain – a dû être reporté à Genève. Une élection vient en effet d’être fixée le même jour. Et le système d’e-voting genevois ne s’applique pas aux élections.

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