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Cervélo, une autre idée du vélo

L'équipe Cervélo, ici lors du récent Tour d'Italie, occupe la 2e place du classement mondial par équipes. Keystone

Créée il y a moins d'une année, l'équipe Cervélo occupe déjà le haut du classement de la hiérarchie mondiale. Pourtant, la recherche de résultats n'est pas le premier objectif de la formation helvétique actuellement engagée sur le Tour de Suisse. Explications.

Sur les routes du Tour de Suisse, qui se termine dimanche à Berne, les hommes en noir sont surveillés de près. Même en l’absence de leur leader Carlos Sastre, vainqueur du Tour de France 2008, les coureurs de l’équipe Cervélo figurent parmi les prétendants aux victoires d’étape.

Cervélo, ça ne vous dit rien? L’équipe s’affiche pourtant au 2e rang du classement mondial de l’Union cycliste internationale (UCI). Cervélo, c’est le nom d’une marque de vélo canadienne dont le centre de distribution européen se trouve à La Chaux-de-Fonds, dans le canton de Neuchâtel. Autour d’elle, la firme a réuni plusieurs entreprises de l’industrie du vélo afin de financer le budget – estimé à 8 millions d’euros annuel – de son équipe «test».

Au sein du «Cervélo test team» , tous les efforts sont concentrés sur l’amélioration du matériel. «Nous n’avons aucune obligation de résultats», lance Marcello Albasini, l’un des directeurs sportifs de l’équipe, ancien entraîneur national de la relève suisse. «Le but premier est de satisfaire le client final, soit l’amateur de vélo. Les fournisseurs et les distributeurs nous accompagnent sur les courses afin de se faire leur propre idée du fonctionnement de nos machines.»

Des experts en cuissards

La relation entre les coureurs et les techniciens est primordiale. Comme au sein d’une écurie de Formule 1 ou de ski alpin, les athlètes sont les essayeurs les plus avertis des technologies développées par la marque. En retour, ils bénéficient d’un appui technique à nul autre pareil. «C’est un énorme avantage pour les coureurs d’avoir des mécaniciens totalement dévoués et intéressée par toutes les améliorations», dixit Marcello Albasini..

Pour pouvoir bénéficier d’une expertise pointue, Cervélo s’est attelé à dénicher des coureurs d’expérience. «Carlos Sastre était l’un des principaux instigateurs de l’équipe, explique Marcello Albasini. Après sa victoire au Tour de France, il aurait certainement pu signer n’importe où, mais il a tout fait pour mener le projet Cervélo à bien».

Dans l’esprit du grimpeur espagnol, il s’agissait de créer une entité où le collectif et la cohésion primaient sur les aspirations individuelles. Le but semble atteint, comme le confirme Marcello Albasini: «L’ambiance au sein de l’équipe est excellente. Chaque coureur roule pour l’autre, il n’y a pas de discussion pour savoir qui est le leader. L’absence de pression sur les performances a peut-être paradoxalement contribué aux succès engrangés depuis le début de l’année.»

Pas de primes de victoire

En signant chez Cervélo, une équipe Continental Pro, sorte de deuxième division du cyclisme, les coureurs on dû faire un trait sur les primes de victoire et sur une bonne partie de leur salaire (-30 à 40%).

Et pourtant, ces inconvénients financiers n’ont pas empêché de nombreux coureurs de talent de souscrire au projet. Ainsi, aux côtés du leader Carlos Sastre, on retrouve le redoutable sprinter norvégien Thor Hushovd ou encore la révélation allemande Heinrich Haussler, en tête du classement mondial des coureurs ce printemps.

Avec de tels noms et les nombreuses victoires récoltées depuis le début de l’année, Cervélo s’est naturellement fait inviter sur les compétitions les plus prestigieuses. Comme au Tour de Suisse, quatrième course par étapes au monde. «On est une équipe suisse et on roule à domicile, sur des routes que nous connaissons bien», plaide Marcello Albasini.

Un seul coureur suisse

Cervélo possède effectivement son siège administratif et son service course en Suisse. Le manager de l’équipe, Thomas Campana, est un Lucernois. Mais dans l’équipe, seul un coureur, Marcel Wyss, est titulaire du passeport à croix blanche. «Nous aimerions avoir davantage de coureurs suisses dans l’équipe, affirme Marcello Albasini. Lors de la création de l’équipe, les coureurs helvétiques qui nous intéressaient n’étaient malheureusement plus libres. Mais au-delà de la nationalité, ce qui prime, c’est la qualité et la mentalité du coureur».

Les dernières équipes suisses n’ont pas laissé un souvenir impérissable. Phonak a été dissoute en août 2006 après de multiples affaires de dopage, notamment celle concernant son capitaine Floyd Landis, pincé après sa victoire au Tour de France 2006. L’équipe kazakhe Astana, qui courait sous licence suisse et qui avait son siège à Neuchâtel, a également été décrédibilisée par des cas de dopage en série.

«Nous faisons les choses différemment et nous voulons donner une autre image du sport», assure Marcello Albasini. Dans le peloton, même si les désillusions ont été trop nombreuses ces dernières années, on veut toujours croire à un changement. Cette nouvelle approche du cyclisme professionnel, qui rappelle l’époque où les fabricants de cycles comme Cilo, Gitane ou Peugeot montaient leur propre équipe, est en tout cas vue d’un bon oeil par les observateurs en ces temps difficiles pour le sport et l’économie en général.

Samuel Jaberg, swissinfo.ch

Siège. Cervélo test team est une formation de cyclisme professionnel qui court avec une licence suisse et dont le siège se trouve dans le canton de Lucerne. Le principal sponsor de l’équipe est le fabricant de cycles canadien Cervélo.

Au féminin. Depuis plusieurs années, Cervélo possède également une équipe féminine dirigée par le manager suisse Thomas Campana. La Suissesse Karin Thürig a notamment obtenu deux titres mondiaux et deux médailles olympiques avec cette équipe.

Multiculturelle. L’équipe masculine, qui roule avec un statut Continental Pro, est composée de 25 coureurs de 13 nationalités différentes. Parmi eux, l’Espagnol Carlos Sastre, vainqueur du Tour de France 2008, le sprinter norvégien Thor Hushovd, l’Allemand Heinrich Haussler et le Suisse Marcel Wyss.

Résultats. Depuis le début de la saison, Cervélo a déjà obtenu une quinzaine de victoires et de nombreux podiums. Lors du récent Tour d’Italie, Carlos Sastre (2x), Simon Gerrans et Ignatas Konovalovas ont chacun remporté une étape.

76e édition. Le Tour de Suisse est la 4e plus grande course par étapes au monde après le Tour de France, le Giro (Italie) et la Vuelta (Espagne) . La 76e édition de la compétition se dispute du 13 au 21 juin 2009. Neuf étapes pour un total de 1355 kilomètres sont parcourus par les 159 coureurs au départ.

Prestige. Parmi ses vainqueurs, on trouve des noms aussi prestigieux que ceux de Gino Bartali, Ferdy Kübler, Hugo Koblet, Eddy Merckx, Giuseppe Saronni, Sean Kelly, Lance Armstrong et Jan Ullrich.

Locaux. Les derniers Suisses à l’avoir remporté sont Alex Zülle en 2002, Pascal Richard en 1994, Beat Breu en 1989 et Urs Zimmermann en 1984. Le Tour de Suisse fait partie du circuit ProTour de l’Union cycliste internationale.

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