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Charles Pasqua mêlé à «l’Angolagate»

Rien ne va plus pour l'ancien ministre de l'Intérieur. Keystone Archive

L'ancien ministre français est impliqué dans les ventes d'armes en Angola. Une affaire qui occupe également la justice helvétique.

Nouveau coup dur pour l’ancien ministre de l’Intérieur (1986-1988 et 1993-1995), déjà inculpé à de nombreuses reprises par la justice française. Un rapport, particulièrement accablant, l’accuse d’avoir perçu de l’argent sur les ventes d’armes à l’Angola, pays en guerre.

«L’Angolagate» va-t-il remplacer Elf au hit parade des affaires françaises? Ces deux gigantesques dossiers ont un point commun: les enquêtes se déroulent autant en Suisse qu’en France.

Pour le premier dossier, Paul Perraudin y a consacré près de cinq années. Pour le suivant, Daniel Devaud ne compte plus ses heures depuis décembre 2000.

Vendredi, on a appris que le magistrat genevois inculpait le marchand d’armes Pierre Falcone pour «blanchiment d’argent» et «corruption d’agents publics étrangers».

Samedi, un rapport accuse Charles Pasqua et son bras droit, Jean-Charles Marchiani, d’avoir bénéficié d’une partie du juteux trafic d’armes vers l’Angola.

Voiture avec chauffeur

La liste des contacts entre les deux hommes politiques français, le marchand d’armes, et les dignitaires angolais est longue. Un exemple: en 1993, Jean-Charles Marchiani, conseiller du ministre de l’intérieur français, accepte un voyage à Luanda payé par Pierre Falcone. Et cela, une semaine à peine avant la signature d’un contrat de munitions portant sur près de 750 millions de francs suisses.

Pouvait-il ignorer l’interdiction de l’ONU de vendre des armes à un pays en guerre? Certainement pas. Jean-Charles Marchiani retourne un peu plus tard en Angola avec une lettre signée de Charles Pasqua.

Apparemment, les deux hommes n’ont pas agi seulement par idéologie. Le quotidien Le Parisien donne la liste des petits avantages perçus par le député européen Jean-Charles Marchiani: voiture avec chauffeur, versements en espèces, et billets d’avions (il en paye 123 en espèces de 1992 à 2000).

Un compte au Liechtenstein

Charles Pasqua n’est pas non plus oublié. Il se fait payer par Arcadi Gaydamak, le complice de Pierre Falcone, un voyage de 135’000 francs suisses en Afrique. Et surtout, l’Angola aurait déboursé 1,5 million de dollars pour financer sa liste aux élections européennes de 1999.

L’ancien ministre français de l’Intérieur, connu pour ses idées très à droite, peu éloignées de celles de Jean-Marie Le Pen, ne voyait apparemment pas d’inconvénient à accepter une aide du régime marxiste-léniniste de Luanda.

Si la justice suisse n’a pas découvert de comptes au nom de Charles Pasqua sur les bords du Léman, en revanche, Jean-Charles Marchiani en possède au moins trois. Plus une fondation au Liechtenstein, baptisée la Sopar. Les autorités de Vaduz ont accepté de répondre à une commission rogatoire.

Toujours selon Le Parisien, la Sopar aurait ouvert un compte au Credit Suisse à Zurich. Jean-Charles Marchiani a multiplié les recours pour que les informations bancaires recueillies en Suisse ne soient pas transmises à la France. Le Tribunal fédéral doit trancher dans les prochaines semaines.

Ian Hamel

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