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Christchurch: des musulmans de Genève demandent à être protégés

Hani Ramadan, musulman intellectuel, fondateur et directeur du premier centre islamique de la Suisse à Genève, rend les médias responsables de la tuerie de Christchurch. KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) Des associations de musulmans de Genève demandent une loi contre l’islamophobie et la protection des lieux de culte après l’attentat de Christchurch en Nouvelle-Zélande. Lors d’un rassemblement mardi, Hani Ramadan a rendu les médias responsables de la tuerie.

Plus de 180 personnes ont participé à cette manifestation organisée en début de soirée par un collectif d’organisations genevoises et internationales sur la Place des Nations. Parmi celles-ci figurait solidaritéS qui a notamment mis en cause l’UDC et l’initiative pour “l’interdiction de se dissimuler le visage”.

Cinquante tapis, un par victime de l’attentat de vendredi, avaient été déposés. “Stop à l’islamophobie” ou “Ensemble contre l’extrême droite”, demandaient notamment les banderoles.

“Il y a des responsabilités”, a affirmé le directeur du Centre islamique de Genève Hani Ramadan. Il a ciblé les intellectuels français et les politiques d’extrême droite qui contribuent à l’augmentation de l’islamophobie et ont inspiré le responsable des attaques. Mais aussi les médias qui “agitent l’islamisme” dans leurs titres et s’épanchent sur les femmes voilées.

Cette attitude est “criminelle”, selon lui. Plusieurs autres intervenants s’en sont aussi pris aux médias ainsi qu’aux réseaux sociaux qui peinent à empêcher la diffusion de vidéos des responsables d’attentats. Applaudi par plusieurs dizaines de participants, l’un des organisateurs a mis en cause directement la RTS et la Tribune de Genève qui n’ont, selon lui, pas attribué suffisamment de place à la couverture de la tuerie.

Condamnations

Il s’est également demandé pourquoi les autorités genevoises n’avaient pas condamné les attaques de Christchurch. “Etat de Genève, vous êtes islamophobe”, a-t-il scandé. Les responsables politiques en Europe, notamment en Suisse, “ne veulent pas appeler des actes comme étant islamophobes”, a dit un autre intervenant.

Vendredi, le président de la Confédération Ueli Maurer s’était pourtant dit immédiatement “choqué” par les attaques contre les deux mosquées. Les présidents des deux Chambres fédérales avaient condamné les assauts contre les religions.

Parmi les participants à la manifestation figurait notamment le député genevois Pierre Vaneck qui s’était farouchement opposé à la loi sur la laïcité approuvée par les Genevois mais qui fait l’objet d’un recours. Les représentants de plusieurs organisations présentes demandent la protection des lieux cultes, “au moins” lors des prières et une loi contre l’islamophobie à Genève et plus largement en Suisse.

A Prague aussi

A Prague, un imam a carrément appelé les fidèles à s’équiper d’armes suite à l’attentat de Christchurch. Mais les musulmans de la capitale tchèque ont protesté mardi contre cet appel lancé sur Facebook.

“A la lumière des récents événements tragiques, j’informe tous nos membres, en particulier les hommes, tous ceux qui veulent … s’armer pour protéger leur santé et leurs biens. Contactez-moi et je vous aiderai. Salam alaikum”, a lancé M. Kushnarenko.

Cet avocat d’origine ukrainienne, cité par le quotidien Denik N, a déclaré avoir lancé son appel dans le contexte de ce qu’il a qualifié des “sentiments islamophobes” en République tchèque. “C’est une question de prévention. Je l’ai dit pour empêcher les fous d’aller dans une mosquée et de faire le mal”, a déclaré Leonid Kushnarenko au quotidien.

“Nous ne soutiendrons pas de tels appels, je ne suis pas d’accord”, a déclaré de son côté à Denik N. Muneeb Hassan Alrawi, directeur du Centre des communautés musulmanes tchèques. Les musulmans de Prague, qui ont condamné l’attaque de Christchurch samedi, ont également déclaré qu’ils étaient en train de vérifier la façon dont M. Kushnarenko a été élu à leur tête un mois auparavant.

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