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Christiane Brunner jette l’éponge

Christiane Brunner: "difficile d'être à la fois sénatrice et présidente de parti." Keystone

Christiane Brunner quitte la présidence du Parti socialiste (PS). Agée de 56 ans, la sénatrice genevoise renonce à son mandat après un peu plus de trois ans à la tête du parti.

Elle déclare remettre la présidence du PS «le cœur léger car c’est un parti qui fonctionne.»

Le successeur ou la remplaçante de Mme Brunner sera désigné par un congrès extraordinaire du parti le 6 mars à Bâle. Ce congrès avait été demandé par la base avant même les élections fédérales et quel que soit le résultat de ce scrutin.

Les délégués du PS discuteront à cette occasion de la participation du parti au Conseil fédéral, mais surtout de sa place dans la nouvelle constellation politique.

Ils auront ainsi à fixer la «stratégie de résistance» du PS, en s’appuyant davantage sur les votations populaires, a déclaré la présidente sortante.

Christiane Brunner remet son mandat afin qu’une nouvelle équipe puisse mener ces réflexions, a-t-elle déclaré. Répondant à un journaliste, elle a reconnu que des raisons personnelles motivaient aussi son retrait. Et de préciser qu’il est «difficile d’être à la fois conseillère aux Etats (sénatrice) et présidente de parti».

Victoire dans les urnes, revers au parlement

Christiane Brunner avait pris les rênes du parti le 15 octobre 2000, après une crise qui avait abouti au départ soudain de la Zurichoise Ursula Koch, en place depuis 1997.

Sous sa présidence, le PS a retrouvé une certaine sérénité, même si elle a parfois eu de la peine à imposer ses vues.

Le parti s’est aussi repris sur le plan électoral, après les lourdes pertes subies au niveau des cantons et communes, notamment en 2001. Aux élections fédérales 2003, le PS a légèrement progressé, gagnant un siège au National (Chambre basse) et trois aux Etats.

En revanche, l’élection du gouvernement du 10 décembre, avec l’éviction de Ruth Metzler et l’échec de Christine Beerli, a été une défaite amère pour le PS et pour sa présidente.

L’éternelle question du retrait

Le glissement à droite opéré ce jour-là a amené plusieurs ténors du parti, romands pour la plupart, à réactiver le vieux débat sur sa sortie du gouvernement. Une option à laquelle Christiane Brunner est opposée.

Il y a un an, la présidente avait obtenu un succès marquant après la démission de la ministre Ruth Dreifuss. L’élection de Micheline Calmy-Rey avait résulté d’une stratégie parfaitement menée à bien.

Mme Brunner siège au Conseil des Etats depuis 1995, après avoir passé quatre ans au Conseil national. Elle a été brillamment réélue le 19 octobre, malgré la défection de l’extrême gauche genevoise.

Parmi les sujets favoris de la parlementaire Christiane Brunner figurent les questions juridiques, le droit du travail, les assurances sociales, le statut de la femme et celui des étrangers.

La tempête de 1993

Politiquement, l’événement le plus mémorable de la carrière de Christiane Brunner reste sa non-élection au gouvernement en 1993.

Après le déferlement de centaines de femmes en colère sur la Place fédérale, puis l’élection de Ruth Dreifuss une semaine plus tard, «l’effet Brunner» a entraîné une forte avance de la représentation féminine dans divers cantons. L’initiative des «quotas», rejetée en mars 2000, en est une autre conséquence.

Grève des femmes

A l’époque, Chistiane Brunner, entrée au PS en 1976 et députée au parlement genevois pendant neuf ans, était conseillère nationale depuis un peu plus d’un an. Mais elle avait déjà acquis une notoriété nationale comme l’une des principales instigatrices de la grève des femmes de juin 1991.

Depuis 1992, Mme Brunner était aussi la première femme à présider le syndicat FTMH, après le SSP (1982-89). Elle a quitté la scène syndicale peu avant d’accéder à la présidence du PS. Auparavant, elle avait aussi assumé pendant quatre ans la co- présidence de l’Union syndicale suisse avec Vasco Pedrina (1994- 98).

Christiane Brunner est née à Genève le 23 mars 1947 dans une famille modeste. Bilingue, elle a fait des études de droit et obtenu un brevet d’avocate. Elle est mariée et à la tête d’une famille recomposée comptant cinq fils adultes.

swissinfo et les agences

– En place depuis octobre 2000, Christiane Brunner démissionne après trois ans et deux mois. La Genevoise avait repris le flambleau à Ursula Koch, qui avait renoncé deux ans et dix mois après son élection.

– Avant Mme Koch, Peter Bodenmann avait exercé la fonction durant sept ans, alors qu’Helmut Hubacher avait dirigé le PS pendant quinze ans, jusqu’en 1990.

– Au centre-droit, le parti démocrate-chrétien (PDC) a pour sa part accumulé les présidences de courte durée. Avec ses deux ans et sept mois à la tête du PDC, Philipp Stähelin, qui vient de démissionner, sera resté moins longtemps que son prédécesseur Adalbert Durrer, qui tenu les rênes durant quatre ans et trois mois.

– Ces dernières années, le record de la brièveté est détenu par le radical (droite) Gerold Bührer avec 19 mois à la tête du parti. Avant lui, Franz Steinegger avait tenu la barre durant douze ans. L’actuelle présidente des radicaux, Christiane Langenberger est en place depuis janvier 2003.

– Le président actuel de l’UDC (droite dure) Ueli Maurer préside son parti depuis janvier 1996. Son prédécesseur Hans Uhlmann avait tenu huit ans.

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