La Suisse ne pourra pas résister indéfiniment aux attaques internationales contre l'évasion fiscale. A terme, elle devra s'adapter.
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En aparté, plusieurs banquiers admettent qu’ils se préparent à la disparition du secret bancaire d’ici 10 ou 15 ans.
La forte pression de l’Union européenne (UE) sur la Suisse pour une collaboration fiscale annonce des temps difficiles pour le secret bancaire. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) entend aussi instaurer d’ici à 2011 un échange d’informations automatique au niveau fiscal.
Même s’il ne sera pas facile à l’OCDE de convaincre les divers pays de renoncer à leurs spécificités et avantages, une tendance de fond se dessine pour bannir l’évasion fiscale et les attaques internationales vont s’intensifier contre Berne.
L’évasion fiscale sur la sellette
La Suisse ne pourra pas éviter indéfiniment le débat interne sur la distinction entre fraude et évasion fiscale qui donne du pays une image de profiteurs.
S’accrocher au secret bancaire et continuer de faire de la soustraction fiscale son fonds de commerce serait une attitude défensive qui tôt ou tard conduirait dans une impasse.
Bien qu’aucune banque ne l’admette ouvertement, la plupart des établissements prennent en compte dans leur stratégie une possible disparition du secret bancaire d’ici dix ou quinze ans.
La place financière veut surtout préparer l’heure où sonnera le glas. Rien ne serait plus dommageable qu’un changement abrupt. Il faut au moins une décennie pour faire prendre conscience aux clients que la Suisse reste attractive même sans son secret bancaire.
Berne doit profiter de ce répit pour mettre en avant les autres atouts de sa place financière et laisser le secret bancaire en arrière-plan.
Même si personne n’est actuellement capable d’en chiffrer précisément les conséquences, une criminalisation de l’évasion fiscale et un affaiblissement ou une disparition du secret bancaire auront un impact négatif pour la place financière suisse.
Les banques privées, spécialisée dans la gestion de fortune, sont celles qui risquent de souffrir le plus. Elles doivent s’adapter dès aujourd’hui.
L’importance de la formation
Le secret bancaire n’est pas l’unique atout des établissements helvétiques. La Suisse a les moyens de rester un grand centre financier sans lui. Reste à faire passer le message au niveau planétaire.
La nouvelle génération des «grandes fortunes» est beaucoup plus attentive au rendement de ses investissements qu’au secret fiscal. C’est sur ce terrain-là que les banquiers suisses doivent désormais rivaliser avec Londres ou New York.
Dans la compétition internationale pour l’acquisition de fonds, l’ingénierie financière va compter de plus en plus.
«Avec le temps et une bonne communication, l’importance du secret bancaire sera relativisée et le monde financier helvétique doit s’adapter», estime le sociologue Pierre Weiss.
Les métiers de la banque évoluent rapidement, il faut anticiper les nouvelles techniques pour apporter une valeur ajoutée aux clients. Une formation bancaire de haut niveau sera essentielle si la Suisse désire se maintenir au sommet.
Performance, efficacité, qualité du service et savoir-faire, voilà les maîtres mots de la gestion de fortune du XXIe siècle.
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