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Chronologie d’une débâcle

Début 2001, le SAirGoup est en crise. Des erreurs de gestion ont mené l'entreprise à la banqueroute. Les attentats du 11 septembre accélèrent l'agonie. Le 2 octobre, la compagnie rend l'âme.

Retour sur les principales étapes de cette débâcle.

23 janvier

Le chef du SAirGroup, Philippe Bruggisser, est licencié avec effet immédiat. Le président du conseil d’administration Eric Honegger reprend la direction du groupe et Moritz Suter, le patron de Crossair, celle des affaires aériennes. Beat Schär est nommé à la tête de Swissair.

3 février

Paul Reutlinger, ancien chef de la compagnie belge Sabena et responsable des filiales françaises du groupe, se retire.

14 février

Marc Rochet succède à Paul Reutlinger.

7 mars

Moritz Suter se retire de la direction des affaires aériennes du groupe.

9 mars

Neuf des dix membres du conseil d’administration annoncent leur démission. Ils se retireront en deux étapes jusqu’en avril 2002. Erich Honegger veut rester président pendant encore un an.

16 mars

Mario Corti, le responsable des finances de Nestlé, remplace Erich Honegger à la présidence du conseil d’administration et à la tête du groupe.

2 avril

Mario Corti annonce que le SAirGroup a subi des pertes de l’ordre de 2,9 milliards de francs durant l’exercice 2000.

23 avril

La chaîne d’hôtels du groupe est vendue à la société Raffles de Singapour pour 410 millions de francs. Erich Honegger se contente d’un salaire annuel en guise d’indemnité de départ.

25 avril

L’assemblée générale du SAirGroup veut une enquête sur la situation financière et donne au seul Mario Corti la décharge des comptes 2000. Le groupe est rebaptisé Swissair Group. Trois grandes banques lui accordent un crédit d’un milliard de francs.

23 mai

Le chef des finances, Georges Schorderet, est remplacé par la Texane Jacqualyn Fouse, de Nestlé.

5 juin

Le programme d’économies «Change» doit permettre d’épargner 500 millions de francs jusqu’à la fin de l’année.

15 juin

AOM/Air Liberté déposent le bilan. Swissair cesse son soutien financier, car l’actionnaire principal, Marine-Wendel, ne participe pas à l’assainissement.

19 juin

Flightlease se retire de la division leasing.

29 juin

La participation de Swissair dans Air Littoral est reprise par Marc Dufour, ancien chef de la compagnie française.

12 juillet

Mario Corti présente un plan d’assainissement. Dans un premier temps, il renonce à des licenciements massifs.

17 juillet

La Belgique et Swissair se mettent d’accord pour injecter 650 millions de francs supplémentaires dans Sabena. Swissair fournit 60% de cette somme. Le groupe suisse est ainsi libéré de son obligation d’augmenter à 85% sa participation dans la société belge.

27 juillet

Un tribunal français du commerce accepte la reprise d’AOM/Air Liberté par le pilote d’Air-France Jean-Charles Corbet (projet Holco).

9 août

Sabena présente un nouveau programme d’assainissement qui implique 1600 licenciements. Les grèves se succèdent.

30 août

Mario Corti indique que Swissair a perdu 234 millions de francs au premier semestre et annonce 1250 licenciements. La dette du groupe s’élève à 15 milliards de francs alors que ses avoirs ont fondu à 555 millions. Contrairement à ce qui était initialement prévu, les filiales Swissport et Nuance, pourtant rentables, doivent être vendues pour combler le trou. Mario Corti confirme qu’il veut aller au bout de l’assainissement sans couper dans le capital et sans aide fédérale.

5 septembre

Le Conseil fédéral exclut toute aide publique à Swissair.

11 septembre

Les attaques terroristes aux Etats-Unis obligent Swissair à interrompre le trafic sur l’Atlantique Nord. A la bourse, son action chute dramatiquement.

20 septembre

Swissair estime que l’interruption des vols lui coûtera plus de 65 millions de francs et s’attend à perdre jusqu’à 15% de ses passagers.

21 septembre

Le Conseil fédéral n’exclut plus d’aider Swissair. Mais il y met des conditions. Le plan d’assainissement doit fonctionner et l’économie privée doit jouer les premiers rôles dans cette recapitalisation qui devient impérieuse.

22 septembre

Lors d’une réunion d’urgence, les conseillers fédéraux Moritz Leuenberger et Kaspar Villiger, Mario Corti et le patron d’economiesuisse, Andres Leuenberger, décident de confier la recherche de fonds pour la recapitalisation à l’ancien conseiller national radical Ulrich Bremi.

24 septembre

Mario Corti présente un nouveau plan d’assainissement. Swissair et Crossair sont réunies. Le patron de Crossair, André Dosé, devient le nouveau chef du secteur affaires aériennes. Des milliers d’emplois doivent passer à la trappe.

29 septembre

La situation financière du groupe est plus dramatique que jamais. Hormis les quelque 17 milliards de dettes, d’urgents problèmes de liquidités menacent son avenir. Mario Corti avertit que les salaires d’octobre ne sont pas garantis.

30 septembre

Les pilotes de Sabena continuent leur grève sauvage. Swissair est censée verser 200 millions de francs à leur compagnie le lendemain.

1er octobre

Les grandes banques UBS et Credit Suisse acceptent d’accorder une aide financière à court terme. Le projet Phénix est présenté. Son point central: création d’une nouvelle société basée sur Crossair.

2 octobre

La flotte de Swissair est clouée au sol faute de moyens financiers. Le crédit transitoire accordé par les banques n’est pas destiné au fonctionnement quotidien de la compagnie, déclare l’UBS.

3 octobre

Les avions de Swissair restent au sol. Crossair prend une partie des vols en charge. Le Conseil fédéral accepte un crédit transitoire de 450 millions, afin que Swissair puisse reprendre ses activités aériennes jusqu’au 28 octobre.

4 octobre

Swissair reprend une partie de ses vols.

22 octobre

Le Conseil fédéral se prononce en faveur de la variante 26/26. En clair, 26 longs courriers et 16 moyens courriers de Swissair sont intégrés à la flotte de Crossair qui compte 82 appareils.

Pour ce faire, il entend débloquer un crédit de un milliard pour permettre à Swissair de voler jusqu’à fin mars 2002. De plus, 600 millions doivent être injectés dans la nouvelle société issue de la fusion de Swissair et Crossair.

16 et 17 novembre

Réuni en session spéciale, le Parlement donne son aval aux déférents crédits fédéraux.

6 décembre

Une assemblée générale extraordinaire de Crossair accepte d’augmenter le capital de la compagnie à 2,74 milliards de francs. Elle confie la direction du groupe à un conseil d’administration de onze membres dirigé par l’ancien chef de KLM Pieter Bouw. Le «vieux» chef de Crossair Moritz Suter se retire.

11 décembre

3827 employés de Swissair reçoivent leur lettre de congé. Il y aura 6000 licenciements supplémentaires au cours des mois suivants. Le canton de Zurich est durement touché par la débâcle. Il compte désormais le plus fort taux de chômage (2,4%) de la Suisse alémanique.

31 mars

Le premier avion de la nouvelle compagnie Swiss prend son envol.

1er avril

Le dernier vol de l’histoire de Swissair atterrit à Kloten en provenance de Buenos Aires.

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