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Claude Nicollier privé d’étoiles

Lors de sa dernière mission, Claude Nicollier a passé huit heures dans l'espace. Keystone Archive

L'astronaute suisse devait vivre sa 5e mission dans l'espace cette année. Mais l'Agence spatiale européenne (ESA) s'y est opposée. La fin d'une carrière?

«La NASA m’avait proposé une mission de responsable d’équipe pour une sortie extra-véhiculaire. Mais l’Agence spatiale européenne a refusé. Elle préfère garder cette place pour un autre astronaute européen», déclare Claude Nicollier dans le quotidien romand Le Matin.

L’ingérence de la politique

«Il faut dire que l’Agence spatiale européenne n’a qu’une seule place, précise à swissinfo Stéphane Berthet, membre de la délégation suisse à l’ESA. Elle la réserve à un astronaute suédois, qui attend son tour depuis près de dix ans. Claude Nicollier, lui, a déjà participé à quatre missions dans l’espace.»

Chacun son tour donc? Pas tout à fait… Claude Nicollier doit aussi son éviction à la politique. A une comptabilité qui fait la part belle aux plus puissants.

Selon l’astronaute suisse, les grands pays membres de l’ESA – autrement dit, les plus grands bailleurs de fonds – font pression pour faire voler leurs astronautes. La France, l’Italie et l’Allemagne se sont ainsi réservés les trois quarts des 16 places disponibles pour les astronautes européens.

«Il est vrai qu’il y a une politisation dans le choix des astronautes, constate Stéphane Berthet. Mais ce n’est pas le premier critère. Ce sont toujours les qualités et les compétences qui comptent. La preuve: un petit pays comme la Suisse a déjà vu son représentant s’envoler quatre fois.»

Peut-être une cinquième mission

De toute façon, tout n’est pas fini. Claude Nicollier a 57 ans. Mais, l’heure de la retraite n’a pas encore sonné pour lui. L’ESA ne lui a pas dit de façon claire qu’il devait renoncer aux étoiles. Le Bureau suisse des Affaires spatiales pense même que l’astronaute vaudois va participer à une cinquième mission.

«A l’ESA, les astronautes sont considérés comme l’ensemble du personnel, donc la retraite est fixée en principe à 62 ans, précise Stéphane Berthet. Seule la capacité physique compte. Il y a régulièrement des contrôles médicaux. Pour le reste, chacun gère sa carrière comme il l’entend. Claude Nicollier, lui, l’a focalisée sur les voyages dans l’espace.»

Mais, si elle n’a pas sonné, l’heure approche. D’ailleurs, l’astronaute songe déjà à sa reconversion. Dans Le Matin, il parle de son envie de partager son expérience et évoque l’enseignement – un poste à l’EPFL notamment.

La perte d’un ambassadeur

«Ce jour viendra et la Suisse perdra alors un ambassadeur très populaire, reconnaît Stéphane Berthet. Quand Claude Nicollier donne des conférences en Suisse, des centaines de personnes se déplacent.» Une popularité qui donne un poids politique.

De plus, on ne peut pas dire que la relève est assurée puisque l’appel à candidature se fait au niveau européen. Ce n’est donc pas forcément un Suisse qui succédera à Claude Nicollier. Et les besoins sont largement satisfaits actuellement. Il n’y aura pas de sélection avant 2005-2006.

Cela dit, même privée d’astronaute, la Suisse garderait sa place au sein de l’Agence spatiale européenne. «L’astronaute n’est que la partie visible de l’iceberg, conclut Stéphane Berthet. La partie la plus populaire de l’activité spatiale. Qui, elle, ne se limite pas aux astronautes.»

Alexandra Richard

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