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CM hommes 03/04: Le centenaire du ski suisse tourne au cauchemar

Le succès échappe aux skieurs suisses, à l'instar de Didier Cuche. Keystone Archive

Au moment où il célèbre son centième anniversaire, le ski suisse traverse l'une des plus graves crises de son histoire

Des coureurs à la dérive, des entraîneurs inefficaces et des dirigeants accusés d’amateurisme: les critiques pleuvent de tous côtés. Mais la vérité est peut-être ailleurs.

«Je pense que, par respect pour les pionniers du ski suisse, les athlètes devront tout faire pour fêter plusieurs victoires durant cette saison du centenaire», affirmait à swissinfo en novembre dernier Jean-Daniel Mudry lors de la traditionnelle conférence d’avant saison.

Force est de constater qu’à la moitié de la saison, les espoirs du directeur de Swiss ski sont déçus.

Pire, le ski suisse de compétition traverse une crise sans précédent puisque seule l’Appenzelloise Sonja Nef a réussi à se glisser sur un podium depuis le mois de novembre!

Le prix de douze ans de léthargie

«Nous payons aujourd’hui une léthargie de près de douze ans», explique Didier Bonvin, chef de la relève depuis 2000.

«De la fin des années quatre-vingt à la fin des années quatre-vingt dix, on a totalement oublié la relève. Les entraîneurs, les dirigeants et les sponsors se sont exclusivement concentrés sur l’élite victorieuse en se disant que les jeunes y arriveront d’une manière ou d’une autre.»

Mais l’époque dorée du milieu des années quatre-vingt – et spécialement les Mondiaux de Crans-Montana en 1987 – où les Suisses dominaient outrageusement la scène du Cirque Blanc est bel est bien révolue.

Un édifice vacillant

Vacillant ces dernières années, l’édifice ne devait qu’à quelques champions d’exception de tenir encore debout. Aujourd’hui, l’équipe de Suisse est faible, aussi bien qualitativement que quantitativement.

«Le nombre d’athlètes susceptibles de réaliser de bonnes performances à plusieurs reprises durant la saison est très limité», confirme l’ancien entraîneur national Louis Monney.

Certes, plusieurs athlètes présents dans les cadres nationaux cette saison ont réussi à s’imposer l’an dernier. Mais l’accumulation de contre-performances ne fait qu’accentuer la pression et les rendre plus vulnérable.

Fragilisation psychologique

«Il est évident que la spirale négative et les échecs à répétition que vivent les skieurs suisses à l’heure actuelle les fragilisent encore davantage, analyse Roland Seiler. D’un côté l’attente et la pression augmentent et de l’autre les chances de podium diminuent»,.

Pour ce psychologue du sport et chef de l’institut des sciences du sport de l’Ecole fédérale de sport de Macolin, le regard extérieur d’un spécialiste serait à l’heure actuelle la meilleure mesure possible pour tenter de sortir de l’ornière.

Mais une analyse de la dynamique de groupe et la mise en place solutions adaptées prend du temps.

Des podiums nécessaires

Pourtant, les podiums sont nécessaires pour éviter que la «maison» suisse n’explose et que des «têtes» ne tombent. Et rapidement, car dirigeants et sponsors sont sur les dents.

Ce week-end, la descente des hommes de Chamonix et celle des femmes à Veysonnaz pourraient déjà être déterminantes. Tout au plus, les décideurs devront prendre position à l’issue des épreuves de Wengen.

Principale «victime» désignée, l’entraîneur en chef des hommes – Karl Freshner -controversé pour ses méthodes drastiques et «coupable» d’avoir aboli les sélections par discipline (slalom, descente, géant et Super-G) pour ne former qu’un seul groupe.

Dans les colonnes du journal romand Le Temps de mardi, les anciens champions Pirmin Zurbriggen et Joël Gaspoz ont vertement critiqué les conceptions de l’Autrichien.

Ce dernier a d’ailleurs été convoqué la même journée par les dirigeants de Swiss ski à Berne (voir vidéo) pour une réunion qui n’a débouché sur aucune prise de position définitive. Pour l’instant, un seul mot d’ordre est de vigueur: «wait and see».

swissinfo, Mathias Froidevaux

Aucun représentant de l’équipe masculine suisse de ski n’est monté sur un podium depuis le début de la saison.
Chez les filles, seule Sonja Nef y est parvenue, mais à une seule reprise.
Le ski suisse de compétition traverse une crise sans précédent.

– La Fédération suisse de ski a été fondée le 20 novembre 1904 à Olten et fête donc son centenaire de manière catastrophique.

– A la mi-saison, le feu couve. Des décisions seront prises en fonction des résultats de la descente des hommes de Chamonix et de celle des dames de Veysonnaz.

– Mises en cause par les athlètes, les combinaisons de la saison 2003/2004 sont actuellement soumises à des tests et les coureurs disputent leurs courses avec le stock restant de la saison précédente.

– Swiss-ski a perdu 500 licenciés entre 1997 et 2003. La fédération n’en compte à l’heure actuelle plus que 5600.

– A titre de comparaison, elle occupe le quinzième rang (par ordre d’importance) des Fédérations sportives suisses.

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