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Comment élargir l’horizon professionnel des filles

La fille d'un gendarme rend visite à son père sur son lieu de travail lors de la journée des filles. swissinfo.ch

Aujourd’hui encore, leurs perspectives professionnelles se limitent à quelques métiers. Jeudi, la Journée nationale des filles vise à bousculer les habitudes.

Pour la troisième année consécutive, elles vont pouvoir accompagner leur père ou leur mère sur leurs lieux de travail.

«Le choix professionnel se fait durant une période difficile, à l’adolescence, un moment où les filles perdent un peu pied dans les branches dites masculines», explique Maria Roth-Bernasconi.

«Nous voulons leur faire comprendre que l’on s’intéresse à ce qu’elles veulent faire plus tard», ajoute la responsable pour la Suisse romande de la Journée nationale des filles, un des projets de 16+ pour des places d’apprentissage.

«On aimerait aussi que les parents se rendent compte du moment important que représente pour une fille le choix du métier.»

Un succès croissant

C’est la troisième année consécutive qu’une telle journée est organisée dans toute la Suisse.

Cette action suscite un intérêt croissant tant auprès des filles que de la part des entreprises. Ainsi, en 2001, quelque 1200 filles âgées de 10 à 15 ans ont accompagné leurs pères dans environ 800 entreprises.

L’année suivante, elles pouvaient aussi accompagner leurs mères. D’où une explosion du nombre de participantes: environ 12’000 filles et 7000 entreprises.

Les chiffres de 2003 sont encore provisoires. Pour l’heure, le nombre de filles est estimé entre 17’000 et 20’000 et celui des entreprises à 10’000.

Et cela va de la toute petite PME à l’administration fédérale, en passant par les services industriels, les départements des travaux publics, La Poste, etc.

Le succès est donc indéniable. Cela dit, il encore impossible de dire si les mentalités des filles ont évolué concrètement dans leur choix professionnel. Car il s’agit d’un projet pilote.

Une évaluation sérieuse aura lieu à l’issue de cette troisième Journée, indique Mme Roth-Bernasconi.

Associer les garçons

Face à cette réussite, certains constatent l’absence de garçons dans cette opération à forte teneur pédagogique. Dans le cadre notamment d’une journée des enfants.

La réponse de Maria Roth-Bernasconi est claire. Tant que le monde du travail restera à dominance masculine, avec une ségrégation entre les femmes et les hommes, il faudra faire un effort pour les filles.

«En effet, explique-t-elle, il y a encore énormément de métiers où il n’y a que des hommes. Et pas mal de métiers où il n’y a que des femmes.»

De plus, si on se penche sur la hiérarchie d’une entreprise, on constate que les hommes occupent à une écrasante majorité les postes à responsabilité.

Un cercle vicieux

Il faut donc sortir d’un cercle vicieux où les filles se restreignent beaucoup plus dans leurs choix que les garçons.

«Les filles portent leurs choix majoritairement dans trois branches: la vente-commerce-bureau; les soins; l’hôtellerie-restauration», indique la responsable pour la Suisse romande de la Journée.

«Les garçons, en revanche, se dirigent dans une dizaine de branches, notamment dans des métiers qui offrent des possibilités de faire de belles carrières. Comme l’industrie des machines, l’informatique etc.».

Absence de modèles

Et il n’y a eu aucun changement au cours des vingt dernières années, regrette Maria Roth-Bernasconi.

Pour elle, cet immobilisme s’explique entre autres parce que l’on croit que la mixité est atteinte. Or, pense-t-elle, le monde est encore fait pour les hommes.

Mme Roth-Bernasconi avance aussi une autre explication. «Les filles, affirme-t-elle, se réfèrent à des modèles. Et lors de l’adolescence, ce phénomène est encore plus important qu’à une autre période de la vie.»

Et c’est là que le bât blesse: elles n’ont justement pas pour modèles des femmes exerçant des métiers différents.

De plus, les filles croient que si elles choisissent un métier typiquement féminin, elles pourront mieux concilier, ensuite, vie familiale et vie professionnelle.

Or, ce ne sont que des préjugés et nous voulons les briser, souligne Maria Roth-Bernasconi.

«Et si les filles vont voir comment cela se passe dans les métiers de leurs pères – l’an dernier, trois filles sur quatre l’ont fait -, elles pourront constater que ce n’est pas forcément si difficile.»

«Peut-être que cela les incitera à ouvrir leurs choix professionnels. Mais il s’agit là d’un travail à long terme», admet-elle.

swissinfo, Chantal Nicolet

– La première Journée des filles a eu lieu en 2001. Environ 1200 filles et 800 entreprises y ont participé.

– Cette année, on attend 17’000 à 20’000 filles dans quelque 10’000 entreprises de tout le pays.

– Cette action est un des projets de 16+ pour des places d’apprentissage de la Conférence suisse des déléguées à l’égalité.

– Le canton de Vaud, cette année, se démarque en organisant un autre projet pilote, intitulé «Osez tous les métiers, une journée croisée». Les filles accompagnent leurs pères, tandis que les garçons vont avec leurs mères.

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