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Comment améliorer la gestion des migrations

Le nombre de migrants - ici au large de la Calabre - ne cesse de croître. Keystone

Le ministre suisse de la justice Christoph Blocher a ouvert jeudi à Berne une conférence internationale sur les migrations.

300 experts sont venus du monde entier pour plancher sur l’amélioration des politiques migratoires.

Cette réunion de deux jours fait suite au lancement en 2001 de l’Initiative de Berne par l’Office fédéral des réfugiés (ODR).

Gérée par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), cette initiative doit permettre «aux gouvernements de toutes les régions du monde de partager leurs priorités politiques et de recenser leurs intérêts à long terme dans le domaine migratoire », selon les termes de l’OIM.

Ce processus embrasse un large éventail de questions telles que l’intégration, l’immigration illégale, le trafic d’êtres humains ou le respect des droits de l’homme à l’égard des migrants.

Il tente donc de faire face à un phénomène en pleine croissance. Selon l’ONU, le nombre de migrants a doublé depuis 1965 pour atteindre aujourd’hui 175 millions de personnes.

«L’objectif de l’Initiative de Berne est d’améliorer le système de gestion des migrations aux niveaux régional et mondial», précise Eduard Gnesa qui préside la conférence.

«Ce but peut être atteint si les gouvernements réussissent à gérer d’une manière à la fois méthodique et humaine les mouvements de population», poursuit le directeur de l’Office fédéral de l’immigration, de l’intégration et de l’émigration.

Un débat global



Quelques 300 experts issus d’une centaine de gouvernements, ainsi que des représentants d’organisations régionales et internationales, vont donc confronter leurs points de vue.

Au cœur des discussions figure un projet d’Agenda international pour la gestion des migrations. Un programme présenté comme la première tentative sérieuse de s’attaquer à tous les aspects du phénomène migratoire.

«Cet agenda doit permettre aux gouvernements de mieux coopérer dans ce domaine, tout en respectant la souveraineté de chaque pays », souligne Eduard Gnesa.

Et d’ajouter : «Il ne s’agit pas de négocier un ambitieux traité, ni pour la Suisse, de proposer des mesures légalement contraignantes.»

Le gouvernement suisse qui soutient officiellement l’initiative depuis 2003, espère que ce programme permettra de définir un cadre commun et des lignes directrices pour réguler les migrations.

Pour l’heure, le seul traité international qui aborde les mouvements de population est la Convention des Nations Unies sur les réfugiés (1951).

Si les participants de la réunion bernoise se mettent d’accord, l’Agenda pour la gestion des migrations passera entre les mains de la Commission mondiale sur les migrations internationales (CMMI).

Cet organisme basé à Genève inclura ensuite ce document dans le rapport qu’il doit soumettre au Secrétaire général des Nations Unies d’ici la fin de l’année prochaine.

La Suisse se réorganise



Cette conférence intervient moins d’un mois après la nomination d’Eduard Gnesa à la tête du nouvel Office fédéral des migrations. Une agence qui prendra regroupera à partir du 1er janvier prochain l’Office fédéral de l’imigration de l’intégration et de l’émigration et l’Office fédéral des réfugiés.

La réunion se tient également une année après l’entrée en fonction de Christoph Blocher à la tête du Département fédéral de justice et police.

Depuis son entrée au sein du gouvernement, le leader de l’UDC (Union démocratique du centre – droite dure) n’a pas caché son intention de combattre l’immigration illégale et de durcir la politique helvétique en matière d’asile.

Le milliardaire zurichois a proposé par exemple d’établir des camps de réfugiés non loin des pays d’où proviennent les requérants d’asile.

Christoph Blocher a également commandé un rapport qui assure qu’un nombre croissant d’immigrés illégaux sont impliqués dans des affaires criminelles ou travaillent au noir.

Condamné par les organisations de soutien aux réfugiés, ce rapport préconise une série de mesures censée contenir le flot de l’immigration illégale.

Parmi ces propositions figure l’introduction d’une banque de données biométriques pour les requérants d’asile et des contrôles plus serrés aux frontières terrestres et aériennes.

swissinfo, Ramsey Zarifey
(traduction: Frédéric Burnand)

L’Initiative de Berne a été lancée en 2001 par la Suisse lors d’un symposium international sur les migrations.

Ce processus vise à définir un cadre concerté en matière de politique migratoire, sur le plan régional et mondial.

Selon l’ONU, le monde comptait plus de 175 millions de migrants en 2000.

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