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Comment la Suisse a pu «Imaginer la guerre»

La table des opérations est au cœur de l’exposition consacrée à l’état-major général. swissinfo.ch

Pendant 200 ans, l’Etat-major général de l’armée a pensé la défense de la Suisse. Les Archives fédérales nous remémorent cette histoire.

A l’aide de cartes, de documents et notices biographiques, l’exposition «Imaginer la guerre / L’Etat-major général suisse 1804-2004» revient sur une histoire parfois tourmentée.

Autant le dire tout de suite, les Archives fédérales ont très légèrement triché sur les dates. En effet, créé en 1804, l’Etat-major général de l’armée a cessé d’exister en tant qu’organe indépendant en décembre dernier.

Suite à la réforme de l’armée (Armée XXI), les tâches qu’il assurait jusqu’ici sont désormais assumées par l’Etat-major du chef de l’Armée.

Une histoire tourmentée

En collaboration avec le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS), les Archives fédérales ont pourtant voulu marquer ce quasi bicentenaire par une exposition.

«Nous avons évoqué quelques aspects d’une histoire extrêmement intéressante», note Guido Koller, délégué à l’information des Archives fédérales.

Il est ainsi passionnant de découvrir, au travers de cette histoire de l’Etat-major général, quelle furent les menaces – réelles ou supposées – qui ont plané sur la Suisse en 200 ans.

Face à ces menaces, l’Etat-major général était responsable de l’état de préparation de la défense du pays. C’était à lui de mettre en œuvre des directives, une tâche ardue vu les visions parfois différentes de l’armée, du monde politique et de l’administration. Cette histoire a par conséquent été quelques fois tourmentée.

«Il y a toujours eu des crises, note Guido Koller. C’était surtout des crises d’orientation. La question de savoir comment défendre la Suisse est une question très politique. L’Etat-major général a pour devoir de prendre les exigences de la politique et de les réaliser. Cela a toujours donné lieu à des discussions, des crises ou même des conflits.»

Mais le défi n’était pas seulement politique, mais aussi technique et logistique. Quel matériel fournir aux soldats pour affronter les menaces? Ce genre de question a pu déboucher sur des crises.

C’est d’ailleurs ce que montre l’exposition en revenant, notamment, sur la fameuse «Affaire des Mirages» qui avait défrayé la chronique dans les années 60 (voir lien).

Une exposition en trois parties

L’exposition se divise en trois parties bien distinctes. Le visiteur est tout d’abord confronté à une longue rangée d’uniformes. Les 200 tenues exposées montrent l’évolution de l’habit militaire en 200 ans.

Mais cette mise en scène va plus loin. Nombre d’uniformes sont en effet accompagnés d’une brève fiche biographique des différents membres de l’Etat-major général.

«Cela montre que derrière chaque uniforme, il y a une biographie, explique Guido Koller. Ce qui est aussi intéressant, c’est que l’on retrouve des informations concernant les interconnexions entre l’Etat-major général et la collectivité.»

Une «salle de simulation» constitue la deuxième partie de l’exposition. En transposant l’histoire de l’Etat-major général sur un décor fictif, elle donne un aperçu du monde virtuel des jeux stratégiques.

La «war room», le saint des saints

Le cœur de l’exposition se trouve dans la «war room» au centre de laquelle trône la «table stratégique». C’est autour de cette table que le public pourra découvrir le plus grand nombre de documents et d’informations.

Ces documents peuvent prendre plusieurs formes. Il y a des lettres ou encore des microfilms. Le son y a également sa place.

C’est ainsi que le visiteur pourra écouter un discours de Marcel Pilet-Golaz (ministre suisse durant la Seconde-Guerre mondiale) ou encore visionner une interview de Marlis Jacot-Guillarmod, la première femme membre de l’Etat-major général.

Quelques objets illustrent également ces 200 ans d’histoire. On y trouve par exemple la NEMA (Neue Maschine), développement suisse de la mythique machine de cryptage allemande Enigma.

Mais la «war room», ce sont avant tout les cartes. «Les cartes étaient vraiment l’instrument de travail le plus important pour l’Etat-major général, rappelle Guido Koller. On y fait des planifications pour des défenses ou des attaques.»

«Nous avons ici des planifications historiques qui vont jusqu’en 1944, poursuit-il. Les cartes les plus intéressantes et peut-être les plus fameuses, ce sont celles qui concernent la planification pour le réduit national pendant la Seconde Guerre mondiale.»

swissinfo, Olivier Pauchard

L’exposition «Imaginer la guerre» se tient jusqu’au 17 octobre aux Archives fédérales.
Adresse: Archivstrasse 24, Berne.
Elle est ouverte tous les jours de 10 à 17 heures.

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