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Comment mieux protéger les ouvriers agricoles

La plupart des employés agricoles travaillant en Suisse sont des immigrés. Keystone

Une quinzaine d'organisations montent au front pour réclamer une Convention collective de travail (CCT) en faveur des travailleurs agricoles.

Avec l’extension de la libre circulation des personnes, les ouvriers de ce secteur sont plus que jamais menacés, notamment de dumping salarial.

Des représentants des milieux syndicaux, agricoles, des consommateurs et des organisations de défense des immigrés font front commun.

Ils signent un manifeste revendiquant une réglementation des conditions de travail des ouvriers agricoles au niveau national. Ainsi que la régularisation des employés sans papier.

Leur but est d’assurer aux clients des denrées alimentaires produites dans des conditions sociales et environnementales acceptables en Suisse comme à l’étranger.

Cela, en assurant le principe de la souveraineté alimentaire, c’est-à-dire le droit de chaque pays à définir sa propre politique agricole.

Des immigrés, pour la plupart



«Nous voulons améliorer les conditions des travailleurs agricoles», résume Willy Streckeisen du Comité européen de défense des réfugiés et immigrés (Cedri).

Le manifeste demande principalement que les dispositions cantonales régissant actuellement les conditions de travail des employés agricoles doivent être remplacées soit par une CCT, un contrat-type national ou, du moins, par des contrats cantonaux fixant des salaires mimimum.

En Suisse, les travailleurs agricoles sont entre 40 000 et 45 000, pour la plupart des immigrés. Et le nombre de personnes travaillant an noir dans ce secteur est évalué entre 4000 et 5000.

A noter tout de même que près de 80% des entreprises agricoles en Suisse n’utilisent que la main d’oeuvre familiale.

Pour le syndicat UNIA, mieux réglementer ce secteur trouve tout son sens avec l’extension de la libre circulation des personnes.

Car ce secteur est particulièrement menacé par le dumping salarial, puisqu’il est mal protégé. Le syndicat promet en outre de procéder à des contrôles et de dénoncer les abus.

Une plate-forme sans l’USP



L’Union suisse des paysans (USP) n’a ni adhéré à la plate-forme, ni signé le manifeste. «Aujourd’hui nous avons déjà une situation bien légalisée et nous n’avons pas envie de devenir une organisation patronale», se justifie Fritz Schober

Pour le responsable du secteur des affaires sociales, de la formation et des services de l’USP, les contrats type de travail cantonaux règlent la situation et si ceux-ci ne sont pas suivis les employeurs peuvent être poursuivis en justice.

Actuellement, la réglementation varie en fonctions des cantons. La plupart d’entre eux appliquent un salaire minimum de 2850 francs par mois recommandés par l’Union suisse des paysans.

Et la durée hebdomadaire varie entre 48 heures en Valais et 66 heures dans le canton de Glaris. Travailler plus de 50 heures par semaine est très répandu dans ce secteur.

Distributeurs aussi visés

Outre le niveau politique, les distributeurs sont aussi visés par le manifeste. Car celui-ci réclame l’application de mêmes normes sociales et environnementales pour les produits importés que pour les produits suisses. Un des biais serait l’introduction de considérations sociales dans des labels existants.

Enfin, les organisations dénoncent les conditions des travailleurs agricoles à l’étranger. Ce sont d’ailleurs celles des employés agricoles marocains en Espagne, qui ont poussé les organisations à travailler en commun.

swissinfo et les agences

40 000 et 45 000 travailleurs agricoles (pour la plupart des immigrés) sont employés en Suisse.
4000 et 5000 travaillent au noir dans ce secteur.
80 % des entreprises agricoles en Suisse n’utilisent que la main d’oeuvre familiale.
La durée hebdomadaire des ouvriers agricoles varie entre 48 heures en Valais et 66 heures
USP recommande un salaire minimum de 2850 francs

– Les signataires de ce manifeste sont des représentants :

– Des milieux syndicaux (Unia)
– Du monde agricole (Bio Suisse, Bio-Forum, Uniterre, les petits paysans)
– Des consommateurs (Fédération romande des consommateurs/Fondation pour la protection des consommateurs)
– Des organisations de défense des immigrés (Forum civique européen et comité de défense pour la défense des réfugiés et des immigrés).

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