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Convalescent, CSG connaîtra une année difficile

En un an, le CSG a creusé un trou de l'ordre de cinq milliards. Keystone

Paradoxalement, les résultats de la deuxième banque suisse prouvent que les restructurations qu'elle a entamées fin 2001 commencent à porter leurs fruits.

En difficulté depuis deux ans, Credit Suisse Group peut espérer un retour à la normalité à partir de 2004.

Dans les grandes lignes, les résultats 2002 du CSG sont conformes aux attentes de la communauté financière.

Cela dit, par rapport au bénéfice de 3,5 milliards de francs de l’UBS, la perte de 3,3 milliards du CSG fait tache.

Elle découle pourtant de la stratégie beaucoup plus risquée du Credit Suisse Group. Qui continue de payer au prix fort son rapprochement avec l’assureur Winterthur et sa politique d’acquisition extrêmement agressive aux Etats-Unis.

Quels sont les points faibles des résultats publiés par CSG?

Il y en a plusieurs. On remarque que, malgré les réductions de coûts drastiques auxquels la banque procède, son ratio coûts/revenus reste supérieur à 80%.

«C’est ce qui explique l’ampleur des réductions de postes au sein de la division Credit Suisse Financial Services (CSFS)», estime Michel Wiederkehr, analyste de la Banque cantonale vaudoise (BCV).

De plus, les rentrées d’argent frais ont déçu. L’unité de gestion de fortune du groupe, Credit Suisse Private Banking (CSPB) comptabilise l’arrivée de 18,7 milliards de francs en 2002, contre 35,1 milliards de francs pour UBS.

Une différence qui s’explique, sans doute, par la dégradation de l’image de marque du CSG aux yeux de ses clients potentiels.

Outre la détérioration de ses résultats financiers, la banque d’affaires du groupe est en effet impliquée dans plusieurs scandales financiers outre-Atlantique.

Quels sont les éléments susceptibles de venir péjorer l’exercice en cours?

La banque suisse n’est pas à l’abri d’une détérioration de son portefeuille de crédits. Les provisions pour crédits douteux pourraient s’avérer insuffisantes. Ce qui n’est pas le cas pour UBS.

L’évolution des marchés est aussi une question cruciale pour CSG. Les résultats de CSFB (la banque d’investissement du groupe qui génère plus de la moitié de ses revenus) seraient fortement affectés par une détérioration accrue des marchés financiers.

De quoi la direction du CSG peut-elle se féliciter?

Du retour de la Winterthur dans les chiffres noirs. «Il s’agit maintenant de restaurer la profitabilité de l’assureur pour pouvoir le revendre lorsque les marchés seront mieux disposés», analyse Michel Widerkehr.

L’autre point de satisfaction concerne CSFB. Durant le dernier trimestre 2002, les coûts de la banque d’investissement du groupe ont en effet baissé dans une proportion plus importante que ses revenus. Démontrant l’efficacité de la gestion de John Mack, codirecteur exécutif du groupe.

Enfin, la marge dégagée dans les activités de gestion de fortune reste excellente. A 118 points de base, elle surpasse celle d’UBS qui oscille autour des 100 points.

Quel avenir pour CSG compte tenu des incertitudes qui entourent l’évolution de la conjoncture?

Même si la visibilité sur la marche des affaires de la deuxième banque suisse reste faible, CSG recèle cependant certains joyaux, tels que CSFB ou CSFS. Malgré les difficultés du groupe, ces deux entités conservent une grande qualité intrinsèque.

Cependant, Credit Suisse Group est convalescent. Et, pour lui, 2003 sera une année de transition. Qui devrait permettre aux mesures mises en œuvre depuis plus d’un an de déployer tous leurs effets.

Il n’empêche que CSG devra décider s’il reste, ou non, dans le secteur de l’assurance. L’analyste de la BCV Michel Wiederkehr estime en effet que «l’assurance vie est le seul segment qui soit compatible avec les activités d’une banque».

Mais, au-delà des signes avant-coureurs qui montrent que CSG est sur la bonne voie, l’évolution des marchés financiers restera l’élément déterminant de sa guérison.

Fortement exposé, le groupe subit en effet de plein fouet les soubresauts des marchés internationaux que la perspective d’une guerre en Irak ne fait qu’intensifier. En cas d’une baisse prolongée, CSG ne pourra pas faire l’économie des réductions de coûts supplémentaires.

swissinfo, Jean-Didier Revoin

CSG enregistre une perte de 3,3 milliards de francs en 2002 et supprime 1250 emplois supplémentaires.
Les résultats sont conformes aux attentes de la communauté financière.
La faiblesse persistante des marchés financiers est à l’origine du trou de 5 milliards creusé entre 2001 et 2002.

– Au quatrième trimestre, CSG a provisionné:

– 702 millions de francs pour les procès privés qui mettent en cause l’indépendance de ses analystes

– 234 millions de francs pour des accords passés avec le régulateur américain sur l’indépendance de ses analystes et des irrégularités commises lors de l’introduction en Bourse de certaines sociétés

– 390 millions de francs pour une perte en relation avec la vente de Pershing

– 204 millions de francs en rapport avec son plan de réduction des coûts d’une valeur totale de 500 millions de dollars

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