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Coup de frein à la hausse des primes maladie pour 2008

Un nouveau jeu de carte? Non, la nécesité de choisir au mieux de ses intérêts son assurance maladie... Keystone

Les primes maladie augmenteront l'an prochain de 0,5% en moyenne nationale. La plus faible hausse depuis l'introduction de la loi sur l'assurance maladie en 1996.

Cette bonne nouvelle pour les assurés devrait être de courte durée au vu de la hausse des coûts de la santé, qui pourrait atteindre entre 5 et 8% cette année.

Pour la plupart des milieux, si les primes n’augmenteront que modérément en 2008, elles prendront ensuite l’ascenseur en raison de la hausse des coûts de la santé et de la baisse des réserves. A l’annonce des chiffres jeudi, seuls le parti radical (PRD, droite) et son ministre de la Santé se montraient plus optimistes à ce propos.

Venu pour la première fois commenter l’évolution des primes, trois semaines avant les élections fédérales, Pascal Couchepin s’est félicité de cette faible hausse pour 2008. Les primes pour les enfants jusqu’à 18 ans baisseront en moyenne de 0,6% et celles pour les jeunes adultes entre 19 et 25 ans augmenteront de 0,7%.

Les cantons qui voient leurs primes baisser sont essentiellement romands: Genève, Vaud, Neuchâtel, Jura et Zurich. Mais en même temps, les assurés de ces cantons paient encore des primes supérieures à la moyenne suisse. Ainsi, Genève reste-t-il le canton le plus cher du pays avec une prime mensuelle moyenne de presque 419 francs pour un adulte âgé de plus de 25 ans.

Tout comme en 2007, Nidwald est par contre le canton où il fera le mieux vivre pour les assurés: 218 francs par mois.

Optimisme ministériel

Pour Pascal Couchepin, la faible hausse des primes n’est pas due à un pillage des réserves. «Arrêtez de répercuter cette idée», a-t- il déclaré aux médias. Le ministre a rappelé qu’avant son arrivée au Département fédéral de l’intérieur, «les réserves baissaient et les primes augmentaient massivement».

Le taux global des réserves des assureurs à la fin 2008 sera certes un peu inférieur à celui de la fin 2007. Mais il restera proche des 20 %, soit le double du minimum légal et en dessus de ceux enregistrés depuis 2000. «Cela permettra de voir les années à venir avec une certaine sérénité», selon le radical (PRD, droite).

Scepticisme de mise

Le ministre a beau répéter ce message, celui-ci ne semble pourtant pas convaincre. Pour Markus Dürr, président de la Conférence des directeurs cantonaux de la santé, tout comme pour le Parti démocrate-chrétien (centre-droit), cette hausse modérée est due avant tout à la diminution des réserves.

Et cette baisse des réserves inquiète. Le ministre de l’Intérieur a tenu sa promesse d’une faible augmentation des primes en 2008 mais qu’en sera-t-il en 2009, s’interroge Claudine Godat, porte-parole du Parti socialiste. Au vu de la hausse des coûts de la santé durant le premier semestre 2007, «nous sommes très inquiets».

Les propos de Santésuisse, l’association faîtière de la branche de l’assurance-maladie, ne vont pas rassurer qui que ce soit. Actuellement, les coûts de la santé sont plutôt à la hausse, note Nello Castelli, porte-parole de l’organisation. «Et la tendance n’est pas à une augmentation aussi faible des primes pour 2009».

Chiffres contestables

Pour le ministre vaudois de la Santé, Pierre-Yves Maillard, ces calculs des coûts de la santé avancés par les assureurs maladie sont contestables. Et de reprocher aux caisses de parler d’une vigoureuse hausse des coûts attendue dès 2008 pour ne pas diminuer davantage leurs excédents de réserves.

De son côté, l’Union démocratique du centre (UDC, droite nationaliste) voit là l’occasion de prêcher pour sa paroisse. Son secrétaire général, Gregor Rutz, est revenu sur l’initiative populaire de l’UDC visant à réduire les prestations remboursées par l’assurance maladie. Mardi, la Chambre du peuple s’était pourtant opposé à ce projet.

Savoir changer

Quoi qu’il en soit, cette annonce est l’occasion, pour l’Office fédéral de la Santé publique, de rappeler que dans chaque canton et chaque région, les primes peuvent varier énormément selon les caisses maladie…

Il recommande donc aux assurés de comparer les différentes primes en fonction de leur situation personnelle.

swissinfo et les agences

Augmentation des primes maladie 2008: 0,5%
Il s’agit de la plus faible progression depuis 1996
Augmentation annuelle moyenne des primes entre 1996 et 2008: +5,15%
Augmentation des primes totale entre 1996 et 2008: +82,10%

Depuis 1996, avec l’entrée en vigueur de la Loi fédérale sur l’assurance maladie (LAMal), chaque habitant de Suisse a l’obligation de souscrire individuellement à une assurance maladie de base couvrant un catalogue déterminé de prestations.

La gestion de cette assurance est confiée au secteur privé. L’assuré peut choisir librement son assureur qui a de son côté l’obligation de l’accepter indépendamment de son âge et de son état de santé.

Les primes de l’assurance varient en fonction des cantons et des assureurs.

L’un des principes qui régit l’assurance maladie est celui de la solidarité: une personne âgée malade paye la même prime qu’une personne jeune et en bonne santé.

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