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Credit Suisse n’est plus le premier de la classe

Après UBS, Credit Suisse chute brutalement. AFP

Deux jours après UBS, Credit Suisse a annoncé jeudi une chute de moitié de son bénéfice, un milliard d’économies et une réduction de 500 postes en Suisse. La presse nationale pointe du doigt les hauts salaires et se demande si le secteur bancaire suisse n’est pas surdimensionné.

Dans «l’éternel duel» opposant UBS et Credit Suisse, on ne se demande plus lequel est le meilleur mais «lequel est le moins mauvais»?, s’interroge le Blick. Réponse en 4 points: «UBS n’est pas plus brillante», qui doit à nouveau opérer des coupes sévères; «CS, qui a toujours fait tout juste (…) se retrouve plus mal en point que sa rivale»; contrairement à CS, «UBS a l’avantage d’avoir derrière elle le conflit fiscal avec les Etats-Unis». En un mot, conclut le quotidien alémanique de boulevard: «C’est le bordel».

Un secteur surdimensionné?

«Credit Suisse avait tout juste: il a géré la crise financière mieux que ses concurrents. Et voilà qu’au lieu de récolter les fruits de ses efforts, il doit réduire sa structure», se désole la Neue Zürcher Zeitung.

 

De son côté, La Liberté se demande si, «à trop se frotter au soleil, la banque zurichoise s’est brûlé les ailes?» Et de souligner que «plus rien n’est comme avant depuis que certains de ses gestionnaires ont été inculpés aux Etats-Unis pour complicité de fraude fiscale».

Mais le quotidien fribourgeois pose cette autre question: «Le secteur bancaire suisse serait-il surdimensionné?» Allusion au secret bancaire «moribond», car attaqué sur plusieurs fronts, une réalité qu’il «ne sert à rien de cacher». «Dans le fond, la crise monétaire actuelle, qui place le franc sur un piédestal et isole la Suisse, rend service aux dirigeants des banques qui n’ont pas le courage d’appeler un chat un chat.»

Couper sans licencier

Pour le Bund et le Tages-Anzeiger, «aucune autre grande banque n’offre un tel spectacle d’horreur». Credit Suisse est tombé de son piédestal et les deux journaux en imputent la responsabilité à l’«erreur de calcul du patron du groupe Brady Dougan», qui a voulu renforcer la banque d’affaires après la crise financière et «naviguer avec trop de lest à bord». Résultat: «Au lieu d’engranger les gains espérés, voilà que le capitaine Dougan doit dégraisser de quelque 2000 postes».

Pour les deux quotidiens alémaniques enfin, si les deux grandes banques doivent payer le prix fort aujourd’hui, c’est pour avoir «augmenté les salaires fixes, surtout au sommet de la hiérarchie, suite aux nouvelles régulations sur les boni. Résultat: les salaires se sont retrouvés vissés au plafond».

 

«Supprimer des emplois sans licencier personne»: Le Matin titre avec cette équation optimiste. Non sans rappeler que son directeur Brady Dougan a gagné 12,8 millions en 2010, le quotidien de boulevard relève qu’en Suisse le personnel ne sera pas licencié mais recasé. «Zéro licenciement, voilà une bonne nouvelle», qui tranche avec «le flou entretenu par UBS sur les emplois biffés».

La banque d’affaires en question

Même avis dans Le Temps: «Les deux grandes banques suisses sont aujourd’hui pénalisées par leur structure de coûts inflexibles. Au sortir de la crise, elles ont commis l’erreur de rehausser la part fixe des salaires des banquiers d’affaires (…), avec des effets désastreux quand les marchés se sont retournés».

Le quotidien romand s’inquiète enfin du «nouveau plongeon du billet vert face au franc en juillet» qui ne présage rien de bon pour la banque d’affaires de Credit Suisse, même si celui-ci «a réaffirmé les avantages de son modèle de banque intégré».

Le numéro deux bancaire helvétique a dégagé un bénéfice net de 768 millions de francs au 2e trimestre, soit moitié moins qu’à la même période de 2010.

Il veut économiser un milliard en réduisant ses effectifs mondiaux de 4%, soit environ 2000 emplois sur 50’700 à fin juin, dont 500 emplois en Suisse.

L’Association suisse des employés de banque (ASEB) déplore certes l’annonce de Credit Suisse mais elle salue le fait qu’aucun licenciement ne soit prévu dans le cadre de la restructuration.

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