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Crime au Stade de Genève!

Corinne Jaquet, de la chronique judiciaire au polar. swissinfo.ch

«Maudit Foot!», c'est le titre d'un nouveau polar de la Genevoise Corinne Jaquet, fan de foot elle-même. Une intrigue efficace qui baigne dans l'ambiance et l'histoire d'un quartier, celui de La Praille.

Cela se passe quelques semaines avant le début de l’Euro 08. Aujourd’hui, quoi. Lors de contrôles de sécurité, on découvre un cadavre dans un mur de béton du stade. Puis un assassinat va avoir lieu dans une buvette… Bref, c’est la panique à Genève, l’une des huit villes-hôtes du championnat d’Europe.

Au-delà de l’intrique, Corinne Jaquet nous fait découvrir le quartier de La Praille, où se dresse aujourd’hui le stade, autrefois vaste plateau maraîcher. Et des traditions étonnantes, ainsi ces rumeurs de sorcellerie qui traînent par là…

«Maudit Foot!», ce sont deux récits qui se côtoient – l’histoire d’une famille ancrée dans la région et l’intrigue policière en elle-même – deux récits qui finissent par se percuter et fusionner.

swissinfo: Vos polars sont systématiquement ancrés dans un quartier de Genève. Quelle adéquation entre un lieu et une intrigue?

Corinne Jaquet: Cela se fait curieusement tout seul. J’ai écrit un jour une histoire sur les «Degrés-de-poule», un petit escalier étroit du 16e siècle qui se trouve en face du Palais de Justice. Dans mon livre, on y trouve un cadavre, un personnage qui vient de sortir du Palais. L’endroit a donc induit l’histoire. Et cela arrive souvent.

Les huit premiers romans policiers que j’ai faits ont les mêmes personnages et dessinent la carte de Genève. Là, ce n’est pas le cas, je m’offre des vacances, je pars sur une autre collection avec d’autres personnages. La vraie histoire du Stade de Genève est faite de polémiques. Il y avait donc déjà un ’tissu polardesque’ dessiné. Moi, j’ai simplement été y mettre un cadavre de plus, mais il y en avait déjà d’autres… Des cadavres financiers, notamment!

swissinfo: Sortir ce livre un mois avant l’Euro, c’est de l’inspiration ou de l’opportunisme?

C.J.: C’est de l’opportunisme, je ne m’en cache pas. En fait, j’avais l’idée de ce récit depuis un moment. Et je me suis dit que si je voulais faire un roman sur le stade, c’était cette année ou pas! Je fais d’ailleurs de l’autodérision à ce propos dans le livre. Mais… j’aurais été bête de le sortir l’année prochaine, avouez-le!

swissinfo: Dans «Maudit foot!», il y a le stade, mais aussi le quartier qui l’entoure, celui de La Praille, le quartier de votre héroïne, Mireille Carrel. A laquelle on a d’ailleurs tendance à vous assimiler…

C.J.: Petite, j’ai habité dans les tours de Carouge. Et je suis née en 1959 comme Mireille. C’est donc un personnage pratique pour moi: ses souvenirs d’enfance, je n’avais pas besoin de les vérifier, ce sont aussi les miens.

Pour l’histoire de La Praille en elle-même, j’ai dû beaucoup travailler dessus. Mais ça, c’est un peu le bonheur que je m’offre pour chaque livre. Je suis une historienne frustrée! Cela me permet d’aller chercher dans des archives… et vous savez, souvent, on va chercher dans les archives en croyant simplement étoffer le livre d’un décor. En réalité, c’est en allant dans les archives qu’on trouve des idées qui deviennent des arguments du livre.

swissinfo: Vous partagez avec votre héroïne – et avec de nombreux Genevois – un véritable culte du passé du Servette!

C.J.: La famille de Mireille est effectivement un peu la mienne dans sa façon de fonctionner par rapport au foot. Le Servette, pour beaucoup de Genevois, c’est une religion. On allait au match comme on va à l’église, on ne ratait pas un match.

La faillite du club a été pour moi quelque chose à quoi je ne pouvais pas croire. Un peu comme pour Swissair. Des choses qui vont partie de votre vie, de votre iconographie personnelle, on vous dit que ça n’existe plus et vous répondez «non, je ne suis pas d’accord»!

En plus, avec Servette on a été les meilleurs, on a été les plus forts. Servette, c’était Genève et Genève, c’était Servette. Et je suis persuadée qu’un jour on va revenir au top.

swissinfo: Vous dites «on» comme tous les supporters!

C.J.: Oui, je suis une Servetienne convaincue, je vais dans les tribunes, je crie!

swissinfo: Comment allez-vous suivre l’Euro?

C.J.: J’ai un mari et un fils également passionnés de foot. L’Euro est chez nous la base de l’agenda du mois de juin, qu’on affiche contre le mur. Et on mange en fonction des matches, on invite des copains…

swissinfo: Ce livre réunit donc deux vraies passions, Genève et le foot…

C.J.: Oui, j’ai été contente de l’écrire, d’autant plus que je déteste les clichés et qu’un cliché majeur est que les femmes n’aiment pas le foot, qu’elles s’énervent contre leur mari qui regarde le foot. Chez nous, ce n’est pas du tout ça.

swissinfo: Aujourd’hui, vous pouvez nous garantir qu’il n’y a plus de cadavres au Stade de Genève?

C.J.: Tout va bien! Mon ami Christian Python, chef de la sécurité du stade, y veille. Je l’ai mis dans mon livre pour lui tirer un sacré coup de chapeau: assurer la sécurité d’un bâtiment pareil, à l’heure où le foot est malheureusement pris d’assaut par des gens qui ne sont pas des fans de foot mais des casseurs, c’est un sacré challenge.

Interview swissinfo, Bernard Léchot

Corinne Jaquet est née à Genève en 1959. Elle a obtenu une licence en sciences politiques en 1983.

Ensuite elle devient journaliste au journal «La Suisse». Dès février 1987, elle reprend la chronique judiciaire pour ce quotidien. Puis elle fréquente pendant 10 ans, le palais de Justice de Genève pour l’agence AP.

En 1996, elle crée le journal de sa commune, qu’elle gère au quotidien à côté de son activité de romancière.

Ses romans sont le fruit d’une longue expérience dans le milieu de la justice et de la police.

Parmi ceux-ci:
– «Bain fatal aux Pâquis», Editions Wilquin, 2005
– «Les larmes de Saint-Gervais», Editions Wilquin 2006
– «Genève la noire», Volume 1, Editions Wilquin 2007
– «Maudit Foot!», Editions Slatkine 2008
ou dans un autre registre
– «Dominique Poncet ou la noblessse de défendre», Editions Slatkine 2006

L’Euro 2008 se déroulera du 7 au 29 juin 2008.

Pays organisateurs, la Suisse et l’Autriche sont automatiquement qualifiés.

31 matches seront joués dans quatre villes suisses (Bâle, Berne, Genève et Zurich) et quatre villes autrichiennes (Innsbruck, Klagenfurt, Salzbourg et Vienne).

La finale aura lieu le 29 juin à Vienne. L’équipe suisse disputera ses matches de qualification à Bâle.

Le budget de la manifestation pour la Suisse sont estimés à 182,1 millions de francs. La Confédération prend en charge 82,78 millions de francs.

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