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Critiques contre les règles d’entrée aux USA

Selon les autorités américaines, ces nouvelles formalités ne prennent que quelques secondes. Keystone

Dès le 30 septembre, tous les étrangers qui veulent se rendre aux Etats-Unis devront se soumettre à la prise d’une photo d’identité et de leurs empreintes digitales.

La mesure concerne également la Suisse, où les premières critiques n’ont pas manqué de s’élever.

Depuis le 12 mars, tout citoyen suisse qui a besoin d’un visa pour se rendre aux Etats-Unis doit déjà se faire tirer le portrait et laisser ses empreintes digitales. Et dès le 30 septembre, la règle s’appliquera aussi aux voyageurs sans visa.

Seuls les enfants de moins de 14 ans et les adultes de plus de 79 ans sont exemptés de cette mesure de sécurité, à laquelle les Etats-Unis n’avaient plus recouru depuis des décennies.

Contrairement à ce qui se passait à l’époque de la guerre froide toutefois, le requérant n’a plus besoin de se salir les doigts en les trempant dans un tampon encreur. La prise d’empreintes se fait désormais au moyen d’un scanner électronique.

Et les Suisses ne sont pas les seuls à être concernés. D’ici au 30 septembre, cette mesure s’appliquera à tous les ressortissants étrangers qui veulent entrer aux Etats-Unis, avec toutefois des exceptions pour les Canadiens et pour les Mexicains, sous certaines conditions.

Servis les premiers



Les Américains vont utiliser ce délai pour munir leur réseau d’ambassades dans le monde des machines nécessaires à cette prise d’empreintes et de photos.

Parmi les premiers pays à avoir été servis, on trouve la Russie, la Géorgie, le Liban et le Bangladesh, mais également l’Allemagne, la Belgique et la Suisse.

Selon le porte parole de l’ambassade US à Berne, cité récemment par le quotidien La Liberté, le fait que la Suisse ait été retenue si vite n’a «aucune signification particulière».

La Suisse continue malgré tout à faire partie des 27 pays – pour la plupart européens – que Washington juge «à moindres risques».

Il est donc toujours possible de s’y rendre sans visa, pour autant que le séjour s’excède pas trois mois, que le voyageur dispose d’un billet de retour. Mais à partir du 30 septembre, même ces voyageurs sans visa devront se faire photographier et laisser leurs empreintes.

En attendant le passeport «high tech»

Cette mesure devrait rester en vigueur pour une période de deux ans.

Servira-t-elle d’alternative en attendant l’introduction des passeports «high-tech» contenant les données biométriques de leurs titulaires, que les Américains aimeraient voir adopter par le monde entier?

Il est encore trop tôt pour le dire. Ce qui est certain, c’est que l’échéance initiale du 26 octobre 2004 fixée pour l’introduction de ces nouveaux passeports – qui n’existent encore nulle part, pas même aux Etats-Unis -, a été repoussée.

Tous des criminels?

En attendant, des voix n’ont pas manqué de s’élever, en Suisse et ailleurs, contre la nouvelle exigence de la photo et des empreintes digitales.

Entendu sur la chaîne de radio alémanique DRS3, le député démocrate-chrétien Eugen David estime que les inconvénients de cette mesure pour les touristes et les hommes d’affaires se rendant aux Etats-Unis sont sans proportion avec son utilité.

«Jusqu’ici, on ne prenait de telles mesures que contre les criminels», ajoute le député, qui juge également que la Suisse devrait traiter les citoyens américains de la même manière que les Etats-Unis traitent ses ressortissants.

D’autres hommes politiques, de droite comme de gauche, ont également annoncé leur intention de saisir le ministre de la justice Christoph Blocher afin qu’il prépare une réponse coordonnée de la Suisse avec les autres pays européens.

Et la sécurité des données?

Du côté de la Commission fédérale pour la protection des données, on s’inquiète également. Les photos et les empreintes ainsi collectées seront stockées dans une base de données et rien ne permet d’en garantir totalement la sécurité.

De plus, fait remarquer Kosmas Tsiraktsopulos, porte-parole de la Commission, «traiter ainsi tous les gens qui arrivent aux Etats-Unis est un peu injuste, car l’immense majorité d’entre eux n’ont jamais rien fait de mal».

En Allemagne également, des voix se sont élevées au parlement pour critiquer cette mesure et le ministre de l’intérieur Otto Schily a promis d’aborder la question avec son homologue américain Tom Ridge en marge du prochain sommet du G8, les 9 et 10 mai à Washington.

A Londres par contre, le Foreign Office accueille favorablement la décision américaine. «Il s’agit de la meilleure façon de contrer le terrorisme», a déclaré samedi dernier un porte-parole du Ministère britannique des affaires étrangères.

swissinfo et les agences

– Dès le 30 septembre 2004, tout voyageur entrant aux Etats-Unis devra sera pris en photo et ses empreintes digitales seront relevées.

– La mesure sera appliqueé dans les 115 aéroports internationaux et les 14 ports maritimes du pays.

– Elle concernera quelque 13 millions de visiteurs par année, y compris les ressortissants des 27 pays – dont la Suisse – qui jusqu’ici povaient séjourner trois mois aux Etats-Unis sans visa.

– En 2001, les Suisses ont été 324’00 à se rendre aux Etats-Unis. L’année suivante, ce chiffre est tombé à 254’00.

– Au siège de la compagnie Swiss, on ne peut pas dire si les mesures de sécurité prises après les attentats du 11 septembre ont constitué un facteur de cette baisse.

– De même, le transporteur aérien ne s’attend pas à un effet significatif des nouvelles mesure sur la fréquentation de ses vols pour les Etats-Unis.

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