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A Neuchâtel, le cours du frisson est à la hausse!

Une image tirée de «Suffocation», du Chinois Bingjian Zhang, en compétition. SP

Zombies et autres frappadingues ont rendez-vous à Neuchâtel pour la 5ème édition du Festival international du film fantastique!

Un festival désormais soutenu par la Confédération et qui sera cette année la «capitale fantastique» de l’Europe. Avec des invités de la taille de Terry Gilliam ou de Kiyoshi Kurosawa.

Il était une fois un petit festival lancé par un groupe de copains apparemment pas raisonnables. Quoi? Faire de Neuchâtel, tranquille petite cité romande, un centre du cinéma fantastique, avec son cortège de monstres et ses hectolitres d’hémoglobine? Impossible.

Et pourtant. A l’occasion de sa 5ème édition, le «Neuchâtel international fantastic film festival’ (NIFFF) semble bien changer de catégorie et devenir «respectable», encore que ce mot soit étrange au vu du genre concerné, pour le moins provocateur.

Appui fédéral

Premier signe qui ne trompe pas: l’Office fédéral de la Culture (OFC) apporte désormais sa manne à la manifestation. Mais le combat a été long, comme en témoigne Olivier Müller, fondateur et président du festival: «On a dû convaincre l’OFC qu’on s’était débarrassé des scories du fantastique à l’ancienne, qu’on avait vraiment une vision moderne qui tenait le coup à long terme. Et que celle-ci impliquait une diversité artistique, culturelle, importante».

Et d’ajouter: «Il y a 5 ans, à l’OFC, ils croyaient que le fantastique c’était ‘Scream’ et ‘Star Wars’. Au fur et à mesure, on leur a montré que ce n’est pas ce qu’on présente. Et ils ont fini par nous croire. Et puis l’OFC a changé de politique, il y a eu la décision de remettre au concours tous les contrats de prestation des festivals de films pour trois ans, avec l’organisation d’un nouveau concours. Notre dossier était l’un des meilleurs.»

En apportant 40.000 francs cette année (50.000 francs en 2006 et en 2007) sur un budget global de 450.000 francs, la Confédération offre une sérieuse bouffée d’air aux organisateurs.

Reconnaissance internationale

Le NIFFF fait partie de la Fédération européenne des festivals de film fantastique, qui unit 10 manifestations (dont celles de Bruxelles, Luxembourg, Sitges etc.).

Chaque manifestation octroie chaque année un ‘Méliès d’argent’ à un film de son choix. Et les lauréats se retrouvent ensuite en finale pour un ‘Méliès d’or’, dont l’organisation de la cérémonie échoit cette année à Neuchâtel.

La fête aura lieu jeudi 30 juin au Théâtre du Passage, en présence notamment de l’ancienne présidente de la Confédération Ruth Dreifuss, et à travers un spectacle concocté par les bien allumés Plonk & Replonk.

Neuchâtel sous le feu des projecteurs européens? «On n’est pas convaincu, comme d’autres, que la région est morte. Mais il est vrai qu’elle a un peu de peine», constate Olivier Müller.

«Il y a rarement eu à Neuchâtel l’ambition de faire quelque chose qui dépasse le cadre régional. Si le NIFFF peut permettre de mettre le nom de Neuchâtel en valeur, de rappeler qu’ici il n’y a pas que des verts pâturages, mais une ville vivante, avec une université, des événements culturels, c’est aussi important.»

Changements en vue

Cette volonté de croissance a-t-elle toujours été là? Pour Olivier Müller, la question ne se pose même pas: «On visait cela dès le départ. C’est pour ça qu’on s’est appelé ‘Festival international du film fantastique’. On a d’ailleurs tout de suite voulu communiquer en français, en anglais et en allemand».

Et la stratégie a été bien réfléchie: «On a commencé par quelque chose qu’on voulait très pointu, parce qu’on avait la conviction que ce n’était pas en faisant du populaire qu’on s’attirerait de la crédibilité, de la légitimité. Il fallait d’abord séduire les gens qui s’y connaissent – journalistes, fans. Et c’est eux qui allaient ensuite donner de la crédibilité au NIFFF en répandant le message».

Néanmoins, pour cette édition, l’infrastructure reste modeste: les projections ont lieu dans les trois salles du Cinéma Apollo. Mais cela changera dès l’année prochaine: les organisateurs se rapprocheront alors du lac, pour y développer leur «open air lacustre», selon les mots du président…

Programme copieux

Au cœur du festival, les compétitions. La compétition internationale, qui réunit dix longs métrages en provenance de huit pays différents, et «balaient tout le panel du genre». Egalement le concours «Nouveaux cinémas d’Asie», qui souhaite «ouvrir une fenêtre sur tous les cinémas asiatiques de genre, en allant chercher dans le plus de pays possibles». Thaïlande, Japon, Philippines, Corée sont au rendez-vous.

Et le court-métrage n’est pas oublié, à travers une compétition européenne et une compétition helvétique. A propos, y a-t-il assez de matière en Suisse pour remplir une telle section, dans un genre spécifique, avec 10 films de qualité?

«Le genre fantastique en Suisse est peu répandu… Comme nous avons une vue assez large du fantastique, on peut élargir à des films qui s’en approchent sans être strictement gore ou science-fiction», répond Mélanie Cornu, responsable du secteur.

A noter encore des avant-premières («Godzilla Final Wars» du Japonais Ryuhei Kitamura en ouverture, «The Hitchhiker’s Guide to the Galaxy» de l’Américain Garth Jennings pour la clôture), et une rétrospective originale, baptisée avec humour «Invaders from Marx», 16 films en provenance des ex-républiques socialistes (URSS, RDA, Pologne, Tchécoslovaquie, Yougoslavie), réalisés entre 1936 et 1985… Un met rare!

Enfin, quelques invités prestigieux seront de la partie, dont Ryuhei Kitamura, son compatrriote Kiyoshi Kurosawa (à ne pas confondre néanmoins avec l’autre Kurosawa!), l’ex-Monthy Python Terry Gilliam, et Nicolas Roeg («Performance», avec Jagger, c’était lui), dans le rôle du président du jury de la compétition internationale.

swissinfo, Bernard Léchot

Le 5ème ‘Neuchâtel international fantastic film festival’ a lieu du 28 juin au 3 juillet.
Il se tient dans les trois salles du Cinéma Apollo, et au Théâtre du Passage pour la Cérémonie du 9ème Méliès d’or du meilleur film fantastique européen (30 juin).
Désormais soutenu par l’Office fédéral de la culture (OFC), son budget se monte à 450.000 francs.

L’affiche 2005 est signée par l’artiste neuchâtelois Léopold Rabus.

Les grandes lignes du programme (au total, plus de 70 films):

– Compétition internationale

– Compétition asiatique

– Compétition de courts métrages suisses

– Compétition de courts métrages européens

– Courts métrages «Future cinema» (animation et images de synthèse)

– Rétrospective «Invaders from Marx», cinéma fantastique et de science-fiction de l’ancien bloc soviétique.

– Diverses avant-premières

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