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C’est parti pour un nouvel été des festivals !

Premier concert en Suisse: Mika sera à St-Gall le 29 juin. Keystone

Avant même le solstice, Iggy Pop, Justice, De La Soul, Evanescence ou Genesis ont déjà brûlé les planches à Neuchâtel, Nyon et Berne. Et ce n'est qu'un début. Est-ce que nous mesurons vraiment notre chance?

Par exemple, celle d’assister à un des premiers concerts sur le continent de Mika, surdoué planétaire. Ce sera dans quelques jours à St-Gall.

«Il suffit de voyager un peu pour se rendre compte que la Suisse connaît en été une concentration de concerts probablement unique au monde», remarque Jean-Luc Lehmann, directeur de la station radio Couleur 3. «Je ne sais pas si le public en est conscient, mais je crois quand même que oui», ajoute-t-il.

Face à une telle profusion (plus de 160 rendez-vous dans tout le pays, principalement en été), le choix ici présenté ne peut être que subjectif. Et en aucun cas exhaustif. Il se limite d’ailleurs aux musiques de la grande famille rock-pop-jazz. Pour les détails, l’amateur se référera aux liens ci-contre et aux affiches colorées qui fleurissent sur les murs de nos cités.

Une étoile est née

Dans le petit guide des festivals qu’elle édite conjointement avec un journal gratuit lémanique, la chaîne ‘jeune’ de la Radio Suisse Romande a placé un cœur rouge à côté du nom de Mika, prévu sous le chapiteau de l’Open Air de St-Gall le vendredi 29 juin.

Mika? Né à Beyrouth de père américain et de mère libanaise, émigré à Paris, puis à Londres, ce jeune prodige a tout pour devenir une star mondiale. Un physique de statue grecque, des attitudes à la Mick Jagger, une voix qui saute allègrement les octaves et un style de composition déjà étonnamment mûr.

Si vous ne connaissez pas encore, restez branché sur n’importe quelle radio musicale pendant plus d’une demi-heure et vous comprendrez.

«On a commencé à le diffuser il y a six mois, avant tout le monde, rappelle fièrement Jean-Luc Lehmann. Et voilà que ce printemps, je vais coup sur coup en Sardaigne et à Montréal, et on l’entendait partout, sur les radios, dans les bars… Et c’est vrai que c’est super intéressant, c’est très bien produit, c’est un vrai musicien. Et ça plaît à tous les publics, parce que ça a des consonances des années 80, et même 70».

Alors, avant qu’il ne revienne remplir les stades, foncez à St-Gall, festival très ‘cool’, pendant alémanique du Paléo, et vous pourrez dire «j’y étais». Au fait, il y a aussi Placebo, les Klaxons et Stress, le-rappeur-qui-fucke-vous-savez-qui. Mais lui, il figure aussi sur une bonne demi-douzaine d’autres affiches.

Les mêmes partout

Profusion oblige: les artistes qui tournent cet été ont de bonnes chances de faire plusieurs festivals en Suisse. Ainsi, le toujours élégant Stephan Eicher sera dans les arènes d’Avenches et dans la cour du Musée national à Zurich, où les concerts ‘Live at Sunset’ proposent aussi Lauryn Hill, Joe Cocker ou Bryan Ferry.

Moins élégant, mais parfois plus drôle, Renaud fera cette année son retour à Paléo et sera également en septembre au Chant du Gros, le festival jurassien qui sent bon la terre. Avec Luke, des fils spirituels de Noir Désir et les babas bien déjantés de Matmatah. Entre autres.

Plus glamour, la blonde P!nk (avec le point d’exclamation, s’il vous plaît) trônera dans le cadre somptueux de la Piazza Grande de Locarno, entre Peter Gabriel, Avril Lavigne et Muse. Et P!nk sera aussi à Paléo. Mais pas les autres. Enfin, sauf Muse, assuré d’un nouveau triomphe sur ce terrain de l’Asse, qui décidément les aime très fort.

Et qui risque également d’aimer très fort Gad Elmaleh, la nouvelle star du one-man-show, second humoriste programmé ici après son pote Jamel.

Vers l’overdose

Lui, ne sera nulle part ailleurs. Mais plus généralement, l’été des festivals aurait-il tendance à se répéter ? A moins qu’il y ait simplement trop…

«Je pense qu’il y a déjà pas mal, admet Jean-Luc Lehmann. On est un peu au sommet de ce qu’on peut imaginer et certains disparaissent ou ont déjà disparu, comme le Bex Rock, qui est mort cette année. Et bien sûr, les petits ne pourront jamais s’offrir les grandes stars, que par ailleurs on finit par voir dans tous les grands festivals».

Logique. Qui dit grandes stars dit gros cachets. Et tout le monde n’a pas la chance de jouer à guichets (presque) fermés, comme le Paléo.

Cette année, Montreux a même dû renoncer à la scène – plutôt jazz – du Casino pour se recentrer sur ses deux salles de la Maison des Congrès. Ce qui n’empêche pas le doyen des festivals d’offrir à nouveau une affiche bien bigarrée, entre Chemical Brothers, Beastie Boys, Norah Jones, Pet Shop Boys et Faithless, parmi tant d’autres.

Montreux ne s’est pas pour autant débarrassé du jazz… enfin de la musique de jazz. Parce que le jazz en tant que monnaie du Festival, ces petites pièces jaunes, que l’on retrouvait au fond de ses poches lorsqu’elles n’avaient plus cours, lui, a vécu. Retour au franc.

Et encore…

Alors, on l’avait dit, on en oublie (des artistes, pas des pièces): IAM et les Scissor Sisters au Gurten, la ‘colline sublime’ des Bernois, les Queen Kings, un tribute band étonnant de la bande à Freddie Mercury à Gampel (Valais), voire Elton John sur la Place du Marché de Vevey, qui jusqu’ici ne se transformait en arène que tous les 25 ans, pour la Fête des Vignerons.

Et vous, Jean-Luc Lehmann, si vous aviez droit à un seul ticket pour cet été ? Manque de bol, le patron de Couleur 3 irait… en France voisine, où les Eurockéennes de Belfort programment Justice, «les nouveaux Daft Punk» et la création symphonique des Young Gods.

Bon, mais Belfort, pour les Suisses, c’est la porte à côté… comme Nyon, Montreux, St-Gall ou Berne le sont pour nos voisins français, allemands, italiens ou autrichiens, qui ne se privent pas d’y venir. La musique, c’est sans frontières.

swissinfo, Marc-André Miserez

… eh bien non. Le premier grand festival de musique en plein air a eu lieu à Monterey, Californie, en juin 1967, au début du ‘summer of love’. Quoi qu’il en soit, ces grands rendez-vous sont bien une invention de l’ère hippie.

La même année, Montreux organise son premier Jazz Festival, qui mérite alors strictement son nom. Mais la station de la Riviera a déjà connu ses ‘concerts pop’ au Casino… dont l’incendie – faut-il le rappeler ? – inspirera ‘Smoke on the Water’ à Deep Purple.

En 1976 et 77 naissent coup sur coup le Paléo (d’abord Festival folk de Nyon, en salle la première année), le Gurten et l’Open Air de St-Gall. Les Alémaniques font donc la fête au rock sous les étoiles depuis aussi longtemps que les Romands.

Dès lors, les pionniers ne feront que croître et embellir (malgré une éclipse pour le Gurten) et des dizaines d’autres viendront enrichir l’offre. Certains ont vécu et sont morts, mais dans l’ensemble, les Suisses restent des enfants super-gâtés côté festivals.

Pourquoi ? Aucun sociologue ne s’est à notre connaissance encore penché sur la question, mais on peut avancer l’hypothèse qu’un pays riche, densément peuplé et idéalement situé au cœur de l’Europe a tout pour devenir la Mecque des festivals.

S’y ajoute le fait qu’aujourd’hui, le public, qui perd petit à petit l’habitude d’acheter des disques (merci Internet), est prêt à débourser gros pour voir ses héros en ‘live’. C’est d’ailleurs sur les tournées que les artistes font désormais leur beurre.

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SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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