Coline Serreau, l’humour en bandoulière

«Le Théâtre de verdure» de Coline Serreau. Isabelle Meister

«Le Théâtre de verdure», pièce de l'auteur, metteur en scène et cinéaste française, est créée à l'Orangerie, à Genève.

Une occasion pour revenir sur le parcours d’une artiste engagée qui sait dire la vérité en riant.

Mis en scène à l’Orangerie de Genève par Valentina Sergo, «Le Théâtre de verdure» bruisse du bruit des rêves. Un peu comme cette chemise de soie qu’un homme s’achète dans un magasin pour l’enfiler et dormir dans un crépitement de froufrous.

Non, il n’est pas pour autant «pédé»; juste un peu fêlé. Disons que sa fêlure est poétique. Ce qui lui vaut l’admiration de la vendeuse du magasin qui n’est pas «pédette» non plus, mais qui lâche tout pour suivre le bonhomme et «révâtrer» avec lui dans la dentelle.

Légère comme le songe

Voilà pour l’histoire contée par Coline Serreau, légère comme le songe d’une nuit douce. Pour décoller de la réalité, l’auteur recourt ici à l’humour et au fantasmatique.

Deux armes avec lesquelles elle traverse obliquement son métier d’actrice, de dramaturge, de metteur en scène et de cinéaste.

Sa bataille? Déjouer les pièges tendus par notre époque. En témoignent ses films dont «Romuald et Juliette» qui met à mal l’intolérance raciale; ou «La Belle verte» qui dénonce les abus de la société de consommation; ou encore «La Crise» qui déplore les dégâts laissés par le chômage.

Bataille donc contre le désordre social, gagnée il y a déjà un bout de temps grâce à «Trois hommes et un couffin», succès mondial de Coline Serreau. Les hommes en prenaient alors pour leur grade. Leur égoïsme fâcheux y était rageusement raillé.

Artiste engagée et féministe

Et les femmes? Leur sort a toujours préoccupé Coline Serreau. «Mais qu’est-ce qu’elles veulent?» se demandait la cinéaste déjà en 1977 dans ce long métrage au titre inquiet. Avec ce documentaire présenté à Cannes, elle se taillait d’emblée une réputation d’artiste engagée et féministe.

Depuis, elle n’a pas failli à son engagement. Il y a eu entre autres «Chaos», dernier né de ses films où les femmes opprimées se redressent pour renaître de leurs cendres comme des phénix.

Mais il y a eu aussi et surtout Groucha, personnage de Bertolt Brecht que Coline Serreau incarnait dans «Le Cercle de craie caucasien» créé par Benno Besson.

C’était il y a deux ans à Vidy-Lausanne. C’était hier. On ne l’oublie pas Coline Serreau, dans son rôle de servante sauvant un petit prince abandonné par sa mère lors d’une révolution de palais.

swissinfo, Ghania Adamo

«Le Théâtre de verdure». A Genève, Théâtre de l’Orangerie; du 17 au 31 juillet. Tel: [phone]

En bref

FILMOGRAPHIE

– 1973: «On s’est trompé d’histoire d’amour», de Jean-Louis Bertucelli avec Coline Serreau

– 1977: «Pourquoi pas», réalisatrice et scénariste

– 1978: «Mais qu’est-ce qu’elles veulent», réalisatrice

– 1979: «Grand’Mères de l’Islam», réalisatrice

– 1982: «Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux», réalisatrice et scénariste

– 1985: «Trois hommes et un couffin», réalisatrice, Grand Prix de l’Académie nationale du cinéma, César du meilleur scénario ou adaptation 1985, César du meilleur film français 1985

– 1988: «Romuald et Juliette», réalisatrice

– 1991: «La crise», réalisatrice, scénariste et dialoguiste

– 1995: «La belle verte», réalisatrice et scénariste

– 2001: «Chaos», réalisatrice et scénariste


THEATRE

Coline Serreau est l’auteur des pièces «Lapin Lapin», «Théâtre de Verdure», «Quisaitout et Grobêta», «Moi un homme ancien marin», «Le Salon d’Eté».