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Dan Brown, monts et merveilles… helvétiques

Sur la couverture du livre, Michel-Ange apporte son soutien à Dan Brown! Ed. Lattès

Avant le «Da Vinci Code», l’auteur américain avait écrit «Anges et démons», ancré à Genève. L’écrivain Rolf Kesselring s’y est plongé.

L’occasion de parler du CERN, d’Internet, de la ‘Théorie Générale Unifiée’ et de certaines crispations catholiques.

La Suisse est un petit pays. C’est aussi une contrée discrète, pour ne pas dire secrète (surtout du côté de ses banques). Depuis des siècles, on sait un certain nombre de choses glorieuses sur cette incroyable confédération pétrie d’une farine faite de deux grosses poignées de cantons disparates, d’une pincée de ciel bleu (quelquefois) et d’un rien d’air (autrefois) pur.

La Suisse est toute petite, c’est un fait, mais nous avons eu quelquefois de bons moments. Souvenez-vous de ces batailles énormes qu’on nous contait à l’école, de ces héros (pas pompiers de New-York), mais, naguère, libérateurs du joug autrichien.

Ils se nommaient Tell, de Melchtal, Winkelried, Nicolas de Flüe. Plus tard nous pûmes compter sur le Major Davel, le Général Guisan, Roger Federer et Farinet aussi…

Et puis, mais peut-être suis-je doté d’une mémoire sélective, il me semble que depuis quelque temps nos héros suisses, ne sont plus guère évidents, j’allais dire inexistants. De même, nos fières montagnes, transformées en cités d’altitude, ne parviennent plus, me semble-t-il, à prendre de la hauteur comme par le passé, et à tutoyer les nues.

Que dire de nos rivières et de nos lacs? Pollués, colonisés, canalisés, domptés pour tout dire! Même nos monuments rapetissent, s’étiolent et rabougrinent… Alors, on se raccroche à tout ce qui donnerait un peu de présence, un peu de prix, un rien de lustre, à ce vieux pays

Censure: le retour!

Et c’est là que, ironie du hasard des choses, je découvre «Anges et démons» de Dan Brown dans les derniers arrivages des éditeurs. Dan Brown, tout le monde le connaît depuis son imposant «Da Vinci code».

Sur l’instant, je me suis dit que cela devait être la suite. Dans le même temps, j’apprends qu’un archevêque turinois, et néanmoins rétrograde, tentait de faire remettre ce bouquin à l’index (la censure vaticane), pourtant aboli, en y jetant ce pavé de papier dans une mare aux diables ressuscitée.

Il n’en fallait pas plus pour piquer ma curiosité. Le «Da Vinci code» ne m’avait pas vraiment captivé. Mais piqué au vif, je me mis derechef à lire cet «Anges et démons» qui excitait pareillement cet ecclésiastique cacochyme. Je voulais savoir ce qui motivait cette insolite tentative de censure.

Aventures au CERN

Dès les premières pages, j’eus une surprise qui gratouilla ma fibre patriotique. L’histoire me conduisait d’Amérique jusqu’à Genève en moins de temps qu’il ne fallait pour le lire. Plus précisément, l’auteur faisait entrer son héros, le fameux Robert Langdon, spécialiste des symboles religieux, dans la cité interdite du CERN. J’en avais les babines humides.

Le temps de m’étonner d’apprendre qu’Internet n’était pas une création américaine comme tout le monde le pense, mais avait vu le jour dans ce complexe étonnant, dans cette ville dans la ville (l’auteur en serait un certain Tim Berners Lee), que, déjà, j’étais aux prises avec les théories physiques les plus avancées.

La TGU, savez-vous ce que c’est? Je vous le donne en mille: il s’agit de la Théorie Générale Unifiée ou Théorie Globale. En gros (et en jubilant comme un môme), il s’agit de ces particules infimes qui nous composent, nous traversent, nous relient les uns aux autres, comme le pressentaient de vieux doctes du genre de Paracelse ou même d’Avicenne.

Pensez! La matière inerte et le vivant unis pour le pire et le meilleur! De quoi reprendre goût à la vie et au savoir! De quoi chercher à contacter les pâquerettes pour leur faire un brin de causette!

Anéantir le Vatican?

Mais revenons à notre roman… Le héros, guidé par le patron des lieux, est amené sur une scène de crime. Un corps torturé, mutilé, gît dans un des bâtiments du CERN. C’est celui d’un religieux-physicien qui serait en passe de prouver, par l’étude de l’infiniment petit, de la réalité du principe d’unicité, donc de la présence de cette énergie créatrice fondamentale qu’on pourrait admettre comme étant Dieu, tout simplement.

Le roman démarre. On y découvre aussi une secte d’illuminés (les Illuminati) qui a pour but d’anéantir la religion (les religions?). Et tout ça parce que la croyance, la foi, sont selon eux un frein et un obstacle à la science.

Cette guerre de l’ombre durerait, paraît-il, depuis des siècles. Le but de ces illuminés terriblement assassins serait, en définitive, d’anéantir la foi catholique au moyen d’une arme terrifiante: l’antimatière.

Ne comptez pas sur moi pour vous dévoiler les cheminements de ces fous de science qui veulent trucider Dieu, et ce qui va ressortir des travaux de ces cardinaux réunis en conclave, au Vatican (tiens, tiens!).

De même, je ne vais pas vous narrer les péripéties que va vivre notre spécialiste des symboles dans ce roman quasi apocalyptique. Cependant, je peux vous assurer que le vieil évêque de Turin, qui voulait faire interdire ce thriller, s’est fait une belle peur, bien bleue, en lisant cet «Anges et démons» surprenant.

Mais, ne dit-on pas que les vieillards, comme les enfants, jouent à se faire peur?

swissinfo, Rolf Kesselring

«Anges & démons» par Dan Brown, Éditions Jean-Claude Lattès, Paris
«Da Vinci code» par Dan Brown, Éditions Jean-Claude Lattès, Paris

– Dan Brown fut professeur d’anglais, historien de l’art avant de devenir auteur à succès et vedette mondiale. Il collabora au prestigieux Newsweek et au fameux The New-Yorker.

– Actuellement, il vit en Nouvelle-Angleterre.

– À l’instar de Rober Langdon, son héros des deux livres traduits en français «Da Vinci code» et «Anges & démons», il est passionné par l’étude des codes secrets, des signes, des marques et des symboles.

– «Da Vinci code» et «Anges & démons» sont (dans l’ordre inverse) le quatrième et le cinquième roman commis par Dan Brown.

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