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Et si les voitures avaient des ailes?

De la route aux nuages.. la SAC Aerocar. Maison d'Ailleurs

Un ouvrage et une exposition signés Patrick Gyger, directeur de la Maison d'Ailleurs à Yverdon-les-Bains, posent la question... et y répondent.

L’écrivain Rolf Kesselring s’est plongé dans ce dossier qui navigue entre fiction et réalité.

L’utopie, le rêve d’extraordinaires voyages, voilà qui est roboratif en cette période confite de triste matérialisme, n’est-ce pas? Si vous aimez l’ingéniosité, l’imagination, et leurs échappées belles, j’ai ce qu’il vous faut.

Un ouvrage qui vient de paraître et dont l’auteur n’est autre que le chef d’une base d’extraterrestres en plein Yverdon-les-Bains: Patrick Gyger, directeur de la fameuse Maison d’Ailleurs ou Musée de la science-fiction, de l’utopie et des voyages extraordinaires.

Vous ne connaissez pas?! Comme c’est bizarre… Il faut absolument que vous alliez y faire un petit tour. Cela vaut le voyage, si je peux dire. En ce qui me concerne, je connais bien cet incroyable amas de bouquins, de fascicules, affiches, timbres-poste, jouets et maquettes, et d’objets divers.

Vous y trouverez tout sur les délires spéculatifs, des auteurs de l’Antiquité (le poème de Gigalmesh, Lucien de Samosate et ses créatures incroyables) à la plus grande modernité de nos écrivains contemporains, en passant par Voltaire (Candide – la Maison d’Ailleurs en possède un exemplaire rarissime).

Cette collection, je l’ai mise en cartons, transbahutée, transportée, puis déballée, lorsque l’ami Pierre Versins (l’extraterrestre qui avait accumulé tout ce bazar) décida d’en faire don à la Ville d’Yverdon.

C’était le temps où Pierre Duvoisin était syndic et moi encore éditeur. C’était l’époque où l’utopie hantait le Nord Vaudois.

Une liberté montée sur roues

Mais venons-en à cet extraordinaire ouvrage de Patrick J. Gyger, l’actuel directeur de la Maison d’Ailleurs. Tout le monde en convient, la voiture automobile fut, sans conteste possible, un engin qui donna une grande liberté individuelle aux hommes de cette planète. Plus elle se démocratisa, plus elle permit aux hommes, même les plus humbles, d’avoir la sensation d’être libres et, surtout, mobiles.

Bien sûr, personne n’avait vu venir les effets pervers de cette permissivité. Durant presque un siècle, on profita de cette ivresse du déplacement à tout va. Jamais la société n’avait existé dans une utopie aussi douce, aussi confortable.

Aujourd’hui, même si l’aventure n’est pas terminée, nous commençons à vivre dans notre chair les inconvénients majeurs de cette libération par le mouvement. Monoxyde de carbone étouffant la planète, particules lourdes induisant des maladies, accidents meurtriers, la voiture, tellement indispensable, perd de plus en plus son lustre.

Le ciel en plus!

Durant tout ce XXe siècle tellement insouciant, la voiture automobile fit fantasmer les femmes et les hommes. Cependant, rouler au ras des pâquerettes, collé à de longs sillons de bitumes, ne suffisait pas.

Certains ingénieux imaginèrent de compromettre cette machine en la mariant avec une autre invention: l’aéroplane. Rouler et voler avec le même véhicule, voilà le rêve absolu qui les tourmentait.

Dès le début du XXe siècle, déjà, des mécaniciens fous tentèrent l’hybridation voiture et avion. En 1940, le fabricant de voitures Henri Ford disait déjà : «Une combinaison de voiture et d’avion va apparaître». En 1946, Robert Fulton fit décoller son Airphibian. En 1956, M. Taylor crée la première voiture volante de série. Il la nomme L’Aerocar.

Ensuite une pléiade de projets similaires, plus ou moins aboutis, plus ou moins viables, ont été mis au point. Jamais aucun d’eux ne connut le succès.

Un rêve récurrent

Tous ces essais, ces échecs, n’ont cependant pas tué cette folie. On ne compte plus les œuvres littéraires, picturales ou cinématographiques dans lesquelles les voitures volètent entre les buildings, s’entrecroisent en altitude, font du vol plané pour aller se garer sur les toits ou dans les sous-sols de fantastiques cités imaginaires. De Robida à Luc Besson.

Il paraît qu’aujourd’hui encore des sociétés privées s’y intéressent. La NASA, elle-même, serait impliquée par le projet d’un engin voiture-avion (Skycar) à décollage vertical conçu par un dénommé Paul Moller.

En ces temps de morosité extrême, procurez-vous l’ouvrage de Patrick J. Gyger. Lisez-le. Vous aller décoller de l’ordinaire, c’est certain.

Et lorsque vous planerez dans les nues de l’imaginaire, faites escale à la Maison d’Ailleurs, à Yverdon, pour continuer à arpenter les rêves humains les plus fous. Peut-être y rencontrerez-vous l’auteur… déguisé en maître de maison.

swissinfo, Rolf Kesselring

«Les voitures volantes – Souvenirs d’un futur rêvé» de Patrick J. Gyger, aux Editions Favre.
Exposition du même nom à voir à La Maison d’Ailleurs, Yverdon-les-Bains, du 2 octobre 2005 au 23 avril 2006.

– Agé de 34 ans, Patrick Gyger est directeur de la Maison d’Ailleurs depuis 1999. Il est le 4ème responsable du musée après Pierrre Versins (le fondateur), Pascal Ducommun, et Roger Gaillard.

– Depuis cinq ans, il dirige également les «Utopiales», Festival international de science fiction à Nantes, en France.

– Après l’échec de l’Espace d’Ailleurs – qui devait accueillir une antenne de l’Agence spatiale européenne sur la structure du nuage artificiel Blur créé pour Expo.02 – Patrick Gyger est aujourd’hui engagé dans un projet d’Espace Jules Verne.

– Il est le co-fondateur de la société spaceOp.

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