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Le déluge, une image de l’humanité souffrante

Johann Heinrich Füssli, «La Vision du déluge», vers 1800 (Winterthour, Kunstmuseum)

Le Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne réunit une centaine de visions du chaos, de la Renaissance à nos jours.

Fruit d’une collaboration avec le Musée Magnin de Dijon, l’exposition explore le thème du cataclysme naturel. Climat de fin du monde…

Au Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne, des citations bibliques accueillent le visiteur. Le déluge est en effet un épisode fondamental de notre culture et de l’histoire de l’humanité. Les artistes ne s’y sont pas trompés, qui, et particulièrement à partir du XVIe siècle, l’ont abondamment traité, s’attardant selon les cas sur différents moments du drame.

Soit «L’humanité avant le déluge», selon le titre d’un tableau de Cornelis van Haarlem, où les mœurs dépravées des antédiluviens apparaissent comme un avant-goût des débauches des contemporains. Ou le paroxysme de la tempête, et l’image désolante des derniers survivants qui s’accrochent à tout ce qui semble résister à la force des flots.

Goût pour l’épouvante

C’est d’ailleurs ce déchaînement de la nature et cette épouvante qui se voient le plus souvent mis en scène, d’Antonio Carracci, au début du XVIIe siècle, ou de Jean-François-Pierre Peyron, d’après Poussin, à William Turner ou Francis Danby, au XIXe. Prétexte à dépeindre des effets atmosphériques et des images de violence, tourbillons, éclairs, arbres arrachés, et l’anatomie tourmentée des corps noyés.

Et puis, les peintres, comme un indice d’apaisement, décrivent l’environnement après le déluge, paysage désolé, où les couleurs, néanmoins, reviennent, apportées par l’arc-en-ciel.

Noé? Trop sage

Noé n’est bien sûr pas absent de cette iconographie, même s’il ne figure pas au premier plan, lui et son arche, et ses animaux. Il reste une pièce essentielle du puzzle, mais pas la mieux mise en évidence, figure trop sage, peut-être, trop exemplaire.

Chez Brueghel le Vieux, l’arche est reléguée au second plan, tandis que les animaux, et les hommes fuyant en vain, apparaissent au premier plan.

Deux œuvres actuelles complètent la présentation. Soit «Morning after the Deluge» de Paul Pfeiffer, où lever et coucher de soleil se rejoignent, manière peut-être de ne pas choisir entre l’espoir et le désespoir, et «The Raft» de Bill Viola, magnifique vidéo datée de 2004, qui suit les réactions d’un groupe de personnes, sur lesquelles s’abat une soudaine trombe d’eau.

swissinfo, Laurence Chauvy

«Visions du déluge», à voir jusqu’au 29 avril au Musée cantonal des beaux-arts (Lausanne).

Ouvert les mardi et mercredi de 11h à 18h, le jeudi de 11h à 20h et du vendredi au dimanche de 11h à 17h.

Cette exposition, augmentée à Lausanne par une préface en art contemporain, est organisée par la Réunion des Musées nationaux, Paris, le Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne, et le Musée Magnin, Dijon.

Catalogue «Visions du déluge, de la Renaissance au XIXe siècle»: textes de Rémi Cariel, Jean-Claude Lebensztejn, Maria Susana Seguin et Sylvie Wuhrmann, 128 pages, Paris, Editions de la RMN.

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