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Quatre auteurs et leur «obsession d’être joué»

Muséum de Pascal Nordmann. Carole Parodi

La Comédie de Genève invite quatre auteurs vivants à présenter leurs pièces sur sa scène. Trois d'entre eux déçoivent.

«C’est agaçant cette obsession qu’ont les auteurs encore vivants à être joués». Ce titre est à lui seul tout un programme. Il peut être entendu comme un défi lancé aux dramaturges (avides de reconnaissance) pour les faire réagir.

Humour et intelligence

Les réactions arriveront différentes à travers quatre pièces de circonstance, commandées par La Comédie de Genève (sur l’initiative de sa directrice Anne Bisang) à quatre auteurs, dont trois Suisses et un Français: Pascal Nordmann, Gilles Laubert, Isabelle Dacccord et Mathieu Bertholet.

Les quatre ont écrit respectivement «Muséum», «Départ(s)», «L’Arracheur de têtes» et «geneva.lounging». Et ce, entre 1999 et 2001, période durant laquelle ils étaient en résidence à La Comédie.

Réunies donc sous le titre susmentionné, les quatre courtes pièces sont mises en scène par Geneviève Pasquier, Maya Boesch et Bernard Bloch, dans un décor de Thibault Vancraenenbroeck.

La meilleure réponse au défi lancé est celle qu’apporte Pascal Nordmann dans son «Muséum». Sa pièce, conçue avec beaucoup d’humour et d’intelligence, et rédigée dans une langue très travaillée, envoie un clin d’œil affectueux et narquois à Luigi Pirandello et à sa fameuse mise en abyme théâtrale.

En portant à la scène les figures de l’auteur, de l’acteur, de l’accessoiriste, du public… Nordmann, dans un double mouvement, rend hommage au théâtre tout en mettant en cause sa nécessité, celle de ses artisans et la sienne propre.

Gloutonnerie et élégance

A ceux qui pourraient lui reprocher son «agaçante obsession d’être joué», il aura répondu par un pied de nez largement partagé par sa metteuse en scène Geneviève Pasquier. Laquelle signe un spectacle où le théâtre se nourrit de lui-même d’une manière à la fois gloutonne et élégante.

Elle est servie en cela par une poignée d’acteurs dont se détachent Jean-Charles Fontana et Nicolas Rossier, très justes dans les rôles respectifs d’un metteur en scène angoissé et d’un acteur en quête d’affection.

Quant aux trois autres pièces, on préfère ne pas s’y attarder tant elles manquent de consistance. Passons donc sur «L’Arracheur de têtes» où les comédiens se dépensent inutilement en minauderies pour rendre gloire au monde du cirque.

Passons aussi sur «geneva.lounging», pitoyable parodie de la tragédie grecque et du téléfilm à succès. Et venons-en à «Départ(s)» où notre déception se fait plus douloureuse. Pourquoi? Parce qu’on s’attendait à un meilleur résultat de la part de Gilles Laubert qui s’est montré excellent dans d’autres pièces comme «L’Abus» ou «Sur les bords».

Une fois de plus, l’auteur chasse sur son terrain préféré, celui de la solitude, de la délinquance, du racisme, du travestissement sexuel… Avec toutefois nettement moins de réussite ici, sa pièce n’étant qu’une esquisse.

A ses personnages mal cernés et donc mal joués, il manque l’ivresse du vide existentiel en face duquel Laubert a toujours su placer son spectateur.

swissinfo/Ghania Adamo

«C’est agaçant cette obsession qu’ont les auteurs encore vivants à être joués». Comédie de Genève, jusqu’au 28 avril. Tel: 022/320 50 01.

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