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Rock-pop, ragga et chants sacrés

Franz Ferdinand, juste pour le fun. Keystone

Petit voyage musical des pubs écossais aux cérémonies soufies du Pakistan, en passant par le groove d’une Africaine de Zurich.

Pour cette troisième soirée, la grande scène s’affichait résolument pop-rock. Avec élégance et énergie, mais sans excès.

Luke tout d’abord. Ce groupe français – comme son nom ne l’indique pas – est venu confirmer la bonne impression faite au Paléo 2002. Pas vu, pas entendu (on ne peut pas tout voir, c’est bien connu…) Mais le public a aimé, ça, on l’a entendu.

Autres «revenants» (ils étaient là l’an dernier), les Anglais de Starsailor remplacent dont les Canadiens de Sum 41, initialement prévus. Dommage pour les amateurs de punk-revival et tant mieux pour celles et ceux qui goûtent au charme mélancolique d’une british pop élégante et distinguée.

Fin mélodiste, le chanteur-guitariste-compositeur James Walsh a diversifié ses sources d’inspiration, passant des joies de l’amour et de la paternité à l’état du monde, du Proche-Orient à l’Irlande du Nord. Musicalement, cela sonne un peu comme Oasis s’ils étaient plus gentils. Avec quand même moins de guitares et plus de piano. La foule, elle, est davantage séduite que déchaînée.

Pogo écossais

Rangé le drapeau anglais (blanc à croix rouge), c’est maintenant la croix blanche sur fond bleu de l’Ecosse qui flotte sur les premiers rangs. Avec Franz Ferdinand (mais où sont-ils allés chercher ce nom?) on reste en Grande-Bretagne, mais on monte d’un cran dans l’énergie.

Plutôt jolis garçons dans leur look d’étudiants sages, ces quatre très jeunes gens balancent un rock qui sonnerait un peu comme celui des Clash, s’ils avaient été… plus gentils.

Précise et carrée, la rythmique s’appuie sur une batterie réduite à son strict minimum et une basse au son énorme. Les guitares jouent le plus souvent en double rythmique: des accords, des riffs, peu de solos. Les chansons sont courtes, bref, la recette est efficace.

Tandis que son compère Nick McCarthy joue les romantiques de service en s’installant périodiquement au piano électrique, Alex Kapranos s’adresse beaucoup au public, dans un français fort sympathiquement écorché.

«Vous dansez très bien», lance-t-il aux premiers rangs, qui pogotent à faire trembler les copeaux. Il est vrai qu’avec une musique si clairement vouée au fun, on aurait tort de bouder son plaisir.

Let’s groove

Sous le club tent, on n’a pas non plus boudé son plaisir lors du passage de Namusoké. Grandie à Zurich, cette étonnante Tanzanienne est la première artiste étiquetée «suisse» de la 30e édition du Paléo.

Fille d’une chanteuse de gospel, elle a débuté sur scène à l’âge de 13 ans, après avoir reçu le choc de sa tendre jeunesse en écoutant Prince. Elle en a aujourd’hui 27 et n’a pas renié ses premières amours pour le ragga, forme urbaine du reggae.

Sur scène, elle partage les vocaux avec une seconde chanteuse tandis qu’un DJ-sampleur-bidouilleur de sons et percussionniste à l’occasion assure les parties instrumentales. Le résultat est bondissant, joyeux, euphorisant même.

Namusoké l’a dit à la radio: elle se moque des étiquettes. Ce qui compte pour elle, c’est la voix et le groove. «D’you like my music?», lance la belle au public, qui n’a pas à se forcer le moins du monde pour répondre par un grand «yeeeaaah !».

Les voix de la transe

Ambiance nettement plus recueillie sous le dôme du village du monde pour assister à la performance vocale proprement hallucinante des Pakistanais Rizwan et Muzzam.

Agés de 26 ans, les deux frères sont les neveux et les héritiers spirituels de Nusrat Fateh Ali Kahn, qui a beaucoup fait pour exporter le chant Qawwal hors de ses contrées d’origine, au grand dam d’ailleurs du clergé musulman local.

Dérivé du terme arabe qaul (parole, credo), le Qawwal est un chant religieux qui véhicule le message de la poésie soufie. Les textes sont soit sacrés, quand ils célèbrent Allah, le Prophète ou les saints, soit profanes, quand ils parlent simplement d’amour.

Sous un déluge de tavlas, de claquements de mains et d’harmonium, les voix s’élèvent à des hauteurs et atteignent des intensités qu’il est difficile de croire humainement possibles.

Les deux frères dialoguent dans une sorte de récitatif extrêmement rapide avant de reprendre en chœur un refrain envoûtant et répétitif qui semble les mener jusqu’à la transe. Puis la tempête se calme, avant de repartir de plus belle.

Indescriptible. Le public en reste baba. Et nous sans voix.

swissinfo, Marc-André Miserez au Paléo

Aujourd’hui vendredi au Paléo:
Mickey 3D, Rammstein, TTC, Goldie Looking Chain, Kool Shen, les Suisses de Tafta, Chakal et Stress, et pas mal d’autres… de toute façon, on ne peut pas tout voir…
Les concerts sont sold out depuis longtemps, mais pour tenter de couper court au marché noir, Paléo met chaque jour les 500 dernières places en vente dès 9 heures du matin. On peut les obtenir en ligne sur paleo.ch et dans tous les points de vente Ticketcorner.
Par contre, aucun billet n’est vendu aux caisses d’entrée.

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