Des perspectives suisses en 10 langues

Soleure n’est pas (encore) Hollywood

Les Oscars, version suisse... Ou quand Pascal Couchepin remplace Angelina Jolie Keystone

Vers un cinéma plus populaire? Le débat autour de la nouvelle politique fédérale s'est poursuivi mercredi soir lors de la cérémonie du Prix du cinéma suisse.

Et c’est précisément un succès populaire, «Mein Name ist Eugen», qui a remporté le prix du meilleur film de fiction 2006.

Tapis rouge, projecteurs et statuettes (en fait, des coffrets argentés, «parce que c’est plus utile», explique l’animatrice)… Le cinéma suisse a, lui aussi, sa cérémonie annuelle.

Mais, ici, pas de robes signées par les grands couturiers, pas d’actrices glamour. Lorsqu’il s’agit de remettre un prix, c’est le ministre de l’intérieur Pascal Couchepin, le chef de l’Office de la culture Jean-Frédéric Jauslin ou encore Nicolas Bideau, Monsieur cinéma suisse, qu’on appelle.

«Populaire par définition»

Ici, pas de show, mais des discours. Non, lorsque le cinéma suisse se fête… il débat et s’interroge sur lui-même. «Le marché est une courroie de transmission entre la production de belles idées et le public, explique ainsi Nicolas Bideau. Le cinéma est populaire par définition.»

Populaire. Le mot était sur toutes les bouches, ou presque, mercredi soir. Chacun a donné son point de vue sur la polémique qui anime le milieu du cinéma helvétique ces derniers jours: la nouvelle politique fédérale d’encouragement aux films suisses.

A l’avenir, la Confédération sera plus sévère dans sa sélection. Les projets devront présenter un plan marketing cohérent, concilier popularité et qualité.

Cette nouvelle stratégie, qui a pour objectif d’augmenter les parts de marché du cinéma suisse, n’a pas convenu à tout le monde. Le directeur des Journées de Soleure, Ivo Kummer, a par exemple dénoncé une «politique opportuniste, à courte vue».

Ouvrant la cérémonie, Pascal Couchepin s’est réjoui de ce débat enrichissant. «Soleure est aussi là pour cela, créer des divergences et avancer de manière positive. Si l’on arrive à s’approcher davantage des besoins du public, tout en gardant la qualité, c’est une bonne chose.»

La voie à suivre…

Pour le directeur de la Cinémathèque suisse, Hervé Dumont, membre du jury, plusieurs réalisateurs ont démontré par le passé qu’il était possible qu’un film d’auteur attire le public. Parmi eux, Alain Tanner, qui dans le débat actuel s’est pourtant situé dans l’autre ‘clan’.

Mêmes propos, autres termes, pour Carlos Leal, qui a reçu le Prix du meilleur rôle principal pour son interprétation de Paco dans Snow White: «J’habite depuis six ans à l’étranger. Personne ne connaît Soleure. Personne ne connaît le Prix du cinéma suisse. Il faut faire du film qui déménage!»

«Sans cinéma populaire pas de cinéma!», résume Michael Steiner, réalisateur de Mein Name ist Eugen, lauréat du Prix du meilleur film de fiction. Et il sait de quoi il parle. Son film compte déjà plus de 530’000 entrées en Suisse alémanique (la sortie romande est prévue au printemps). Ce qui en fait l’un des films suisses les plus populaires de l’histoire.

Populaire. On ne quitte décidément pas le débat. Entre-temps, loin de Soleure, à Hollywood, là où on s’y connaît en succès – pas toujours en qualité, on ne se pose pas autant de questions.

«Après des années de travail à Los Angeles, je constate que l’important n’est pas ce qu’on fait, mais c’est de faire des choses, conclut le président du jury Pietro Scalia, deux fois lauréat aux Oscars (notamment pour JFK). Produire, essayer, s’exercer. Cela donne une dynamique à toute la société».

swissinfo, Alexandra Richard à Soleure

Les lauréats 2006 du Prix du cinéma suisse:

– Meilleur film de fiction: Mein Name ist Eugen, de Michael Steiner

– Meilleur documentaire: Exit, le droit de mourir, de Fernand Melgar

– Meilleur court-métrage: Terra incognita, de Peter Volkart

– Meilleur rôle principal: Carlos Leal, dans Snow White de Samir

– Meilleur rôle secondaire: Marthe Keller, dans Fragile de Laurent Nègre

– Prix du Jury: Filmkollektiv de Zürich pour le concept et le montage de Klingenhof

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision