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Trois lieux lausannois revalorisés par la danse

Un bassin d'eau, un terminal de bus et un terrain de boules servent de cadre aux «Cartographies» de Philippe Saire.

Au fil de trois pièces, le chorégraphe vaudois invite le passant et le spectateur à poser un regard neuf sur l’espace urbain.

Avec l’arrivée de l’été, le spectacle vivant se déplace maintenant de plus en plus dans la rue. Non pas le spectacle façon cirque avec un bateleur enfariné posant sur une place publique, mais un spectacle professionnel bien encadré et bien pensé.

En attendant donc le mois d’août où l’on verra la metteuse en scène Maya Bösch monter à Genève ses «Stations urbaines» à partir d’une pièce de l’auteure autrichienne Elfriede Jelinek, voici une autre confrontation avec l’espace urbain, menée, celle-là, via la danse par Philippe Saire.

Sortir des salles

Le chorégraphe lausannois monte donc trois pièces qu’il répartit sur deux mois (juillet et août) et qu’il présente, en plein air et à Lausanne bien sûr, dans trois lieux différents aussi inattendus que méconnus.

En la matière, Philippe Saire n’est pas un novice. En 2002, il sortait déjà la danse des salles obscures pour l’exposer soigneusement au regard du passant. Sa démarche ayant rencontré beaucoup de succès, et lui même étant convaincu de son bien-fondé, il l’a donc poursuivie en 2004 et la remet en route pour cet été 2007.

Cela donne neuf chorégraphies distinctes (trois par été), données sous le titre «Cartographies» et méticuleusement numérotées.

C’est le Palais de Rumine, et plus précisément son bassin, qui servira de cadre à «Cartographie 7». Les numéros 8 et 9 auront pour toile de fond, respectivement le terminus de bus de La Maladière et un terrain de boules qui jouxte le Pont Chauderon.

«Trois espaces à revaloriser par le regard», lâche Philippe Saire convaincu que les gens passent cent fois devant un lieu unique sans même le voir.

Redécouvrir

«Quand j’ai dit que je ferai danser mes interprètes autour du bassin de Rumine, raconte Saire, on m’a répondu: mais quel bassin? Tous les Lausannois connaissent ce Palais bien sûr, mais peu de personnes ont remarqué son décor aquatique».

Des monuments ou des espaces privilégiés à (re)découvrir donc: la démarche relève à la fois de l’acte artistique, social et ludique. Le terminal de bus de «Cartographie 8» tient du manège pour enfants. Il en a en tout cas l’ossature circulaire.

«Les bus y tournent en rond et les clients attendent comme des voyageurs en stand-by», commente le chorégraphe. Avant d’ajouter: «La mise en perspective de ce lieu est historique. Je l’ai voulue, parce que ce terminus a été conçu pour l’Exposition nationale suisse de 1964. Depuis, il a vieilli et il recèle du coup une atmosphère de bout du monde. Quelque chose de suranné qui m’intéresse dans mon travail d’artiste».

Autre exploitation des lieux, mais celle-là sociale: le terrain de boules qui décore «Cartographie 9». «C’est là que viennent jouer les membres d’un club de pétanque, précise Saire. Ce sont des retraités et ils seront mes interprètes, les seuls non professionnels de cette série chorégraphique. Ils m’ont aidé à apprivoiser ce lieu. Et moi, je mets en valeur leurs loisirs».

Mais il y a bien plus que cela chez Philippe Saire. Il y a la volonté – non avouée – d’opposer, par la danse, une résistance à l’assaut des images télévisuelles. Ses «Cartographies» éduquent en quelque sorte le regard et apprennent aux spectateurs toujours pressés à prendre leur temps.

swissinfo, Ghania Adamo

A voir à Lausanne:

«Cartographie 7» – Le bassin, aile Nord du Palais de Rumine: le 6 juillet à 19h, 20h, 21h (ce spectacle est donné dans le cadre du Festival de la Cité)

«Cartographie 8» – La Maladière, terminus- arrêt du bus TL, le 4 août à 17h, 18h, 19h

«Cartographie 9» – La Boule d’Or, terrain de boules, Pont Chauderon , le 31 août, 18h, 19h

La Compagnie Philippe Saire a été fondée en 1986 par le danseur et chorégraphe lausannois Philippe Saire.

Depuis 1995, c’est la seule compagnie indépendante à posséder son propre théâtre, le Théâtre Sévelin 36 à Lausanne.

Philippe Saire décline son travail sur plusieurs registres: danseur, chorégraphe, pédagogue, organisateur…

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